Je dois m’arranger pour faire garder mes enfants…

vacances

Sarah, mère de deux enfants dans l’académie de Versailles :

« Je pense que les grandes vacances d’été sont trop longues. Au bout d’un moment, mes enfants tournent en rond et s’ennuient… Deux mois de vacances, c’est énorme ! D’autant que je dois m’arranger pour les faire garder lorsque je ne suis pas moi-même en congés. Ça leur arrive d’aller au centre aéré toute la journée ou chez de la famille. La solution serait peut-être de raccourcir les vacances d’été : une coupure de deux à trois semaines serait idéale pour qu’ils puissent se reposer et changer d’air. A l’inverse, pour compenser cette diminution des vacances, il faudrait peut-être envisager des semaines moins chargées durant l’année scolaire… »

Il est difficile de retrouver le bon rythme en septembre

Renaud, enseignant de mathématiques en collège dans l’académie de Clermont-Ferrand :

« Avec désormais 8 semaines de vacances d’été, qui sont souvent près de 10 à 12 semaines selon qu’un élève soit collégien ou lycéen hors classes examens, il est difficile de reprendre et de retrouver le bon rythme en septembre. Souvent, lors de la rentrée, les élèves mettent au moins 10 à 15 jours, pour se remettre dans le bain de l’école. Ainsi, les notions acquises lors de l’année précédente sont redevenues floues pour les élèves, car ils n’ont pas eu la possibilité de réviser pendant les vacances. Beaucoup d’élèves n’ont pas la chance d’avoir un entourage familial qui puisse leur permettre de travailler à la maison. Pendant l’année, beaucoup de collégiens de REP/REP+ préfèrent d’ailleurs rester dans l’établissement pour faire leurs devoirs. Les vacances estivales sont donc très longues pour les élèves de quartiers urbains et défavorisés, qui partent rarement en vacances et n’ont pas la chance d’être aidés à la maison. En revanche, pour des enfants de catégories sociales privilégiées, les vacances d’été n’ont pas de réel impact. D’ailleurs, ces élèves ont souvent des cours particuliers ou leurs parents les suivent régulièrement pour les révisions. »

Puisque la coupure est trop longue, on la savoure moins !

Mélanie, élève en 5e dans l’académie de Créteil :

« J’aime les vacances d’été mais j’apprécie aussi beaucoup l’école ! Même si certains cours ne me plaisent pas ou que l’on a régulièrement des devoirs à faire, c’est l’endroit où je retrouve mes amis et je m’y sens bien ! J’ai toujours hâte d’être à la rentrée pour découvrir mon emploi du temps, ma nouvelle classe et mes nouveaux profs. Du coup, une semaine avant la reprise des cours, je commence à m’impatienter…  C’est sûr les élèves ont besoin de vacances et de se détendre mais si cette pause est trop longue, on la savoure un peu moins et on prend moins de plaisir. La raccourcir d’une à deux semaines serait parfait ! »

Nous sommes l’un des rares pays à avoir autant de vacances !

Aurélie, mère de trois enfants dans l’académie de Créteil :

« Qui dit temps de vacances pour eux, dit temps de fatigue pour nous ! Mes enfants n’aiment pas rester à ne rien faire. Je dois constamment trouver des activités pour les occuper. Ça demande beaucoup d’énergie et d’imagination. Néanmoins, j’ai la chance de pouvoir me consacrer pleinement à eux. Huit semaines de vacances, c’est donc huit semaines à leurs côtés mais au bout d’un moment je commence à être à court d’idées. Du coup, ils s’ennuient, regardent la télé ou tournent en rond dans la maison… Je ne pense pas que ce soit très positif pour eux.
Pour ma part, je suis favorable à des vacances scolaires d’été moins longues. Nous sommes l’un des rares pays à avoir autant de vacances durant l’été. Cinq semaines serait un bon compromis. Les enfants auraient le temps de se reposer, de faire des activités, de partir en vacances sans jamais s’ennuyer. »

Si les vacances d’été sont raccourcies, on pourrait alléger les journées de classe

Isabelle, professeure des écoles en REP + dans l’académie de Nantes :

« La question revient chaque année. Le ministre Peillon avait déclaré en 2015 : « six semaines de vacances, c’est suffisant. »  Et … ce n’était pas une idée nouvelle. De quel point de vue se placer pour modifier les vacances ? Les réponses seront différentes pour un élève, un parent, un professeur, un politique, un professionnel du tourisme, etc. En tant que professeure des écoles, voici plusieurs avantages si on envisage de raccourcir les vacances d’été :
– On pourrait imaginer des journées de classe vraiment allégées. Les enfants seraient plus réceptifs en classe, moins fatigués en fin de période.
– Cela permettrait de rallonger les vacances de Noël. Les animaux hibernent l’hiver. Cette saison est difficile pour les enfants (maladie). Après deux réveillons, ils retournent fatigués à l’école.
– Le mois de mai avec les ponts perturbe le rythme de l’enfant. On pourrait imaginer une semaine de vacances à ce moment-là.»

Certains n’ont pas les moyens de financer les vacances de leurs enfants

Audrey, enseignante de français en collège dans l’académie de Nantes :

« Je suis tout à fait d’accord pour que les vacances d’été soient plus courtes. Personne ne part bronzer 8 semaines en bord de mer !  Durant cette coupure, il y a trop d’enfants laissés livrés à eux- mêmes, beaucoup de parents, seuls, ou démunis, qui ne peuvent pas tout assumer. Certains n’ont que 5 semaines de vacances par an et n’ont pas les moyens de financer des vacances à leurs enfants… Donc ils tournent en rond et finissent par regretter l’école. »

Les enfants finissent par s’ennuyer

Maxime, enseignant de mathématiques en collège dans l’académie de Rouen :

« Deux mois, c’est beaucoup trop long !  Les vacances devraient être mieux réparties durant l’année scolaire. Notamment durant la période hivernale. Néanmoins, je pense qu’il va être difficile de réformer les vacances d’été : les lobbies touristiques s’y opposeraient vivement ! De plus, durant cette longue coupure, les enfants finissent par s’ennuyer… Et quand les parents ne sont pas disponibles ou travaillent, cela devient encore plus compliqué ! Une solution doit être trouvée. »

Article publié le 6 juillet 2018, mis à jour le 26 juillet 2019.