Article publié le 8/02, mis à jour le 21/02.
Dans un communiqué publié lundi 7 février, l’ensemble des sociétés savantes et associations de mathématiques : ADIREM, APMEP, ARDM, CFEM, Femmes et Mathématiques, SFdS, SMAI, SMF, UPS, SIF tirent la sonnette d’alarme. Depuis la mise en place de la réforme du lycée de Jean-Michel Blanquer en 2021, la situation des mathématiques au lycée est catastrophique.
Une heure de maths par mois
Les sociétés et associations de mathématiques indiquent ainsi qu’avant la réforme en 2019 en terminale générale, 13,1% des élèves ne faisaient pas de maths et 51,5% des élèves faisaient 6h de maths ou plus, et qu’après la réforme, en 2021, 45,3% des élèves ne font plus de maths et 37,5% font 6h de maths ou plus,
Sébastien Planchenault, président de l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public (APMEP), précise à BFMTV qu’aujourd’hui « les mathématiques ne représentent qu’à peine 10% du programme d’enseignement scientifique dans le tronc commun [à partir de la première générale], soit à peu près une heure de maths par mois. »
« Vous êtes véritablement sourd »
Jean-Michel Blanquer, interpellé sur le sujet avait réagi en affirmant qu’actuellement, on est « en train de renforcer les mathématiques » et que le programme de spécialité maths d’aujourd’hui « est beaucoup plus exigeant » que celui de l’ancienne Terminale S. Il avait cependant reconnu sur Cnews qu’il faudrait en effet donner plus de place aux mathématiques dans le tronc commun en première et en terminale.
Interrogé sur BFMTV à propos de cette dernière annonce, Jean-Michel Blanquer avait affirmé qu’il ne s’agissait nullement d’un virage à 180 degrés de sa politique. Sa proposition restait par ailleurs assez floue et n’avait pas satisfait les enseignants de mathématiques :
C’est une catastrophe à tous points de vus cette réforme. Et une fois pour toute : NON Blanquer ne compte pas remettre les maths dans le tronc commun. Collègues, lisez les articles en entier ne vous arrêtez pas au titre.
— Flarutirr 🥲 (@FEiphel) February 8, 2022
Il faut abroger cette réforme et revenir à des parcours cohérents, pas à des triplettes n’ayant aucun sens, et qui mettent en péril grave l’orientation et l’avenir des moins bien renseignés.
— Hervé Le Roux (@rvleroux) February 7, 2022
Jean-Michel Blanquer sur les maths aux lycées: « Ce n’est pas du tout un virage à 180 degrés » pic.twitter.com/QhgvTbu7lm
— BFMTV (@BFMTV) February 8, 2022
Création d’un « comité d’experts »
Selon les informations du Monde, le ministre a annoncé ce 17 février la création d’un « comité d’experts » chargé de rendre aux mathématiques leur juste place au sein des enseignements des lycéens. Enseignants, chefs d’établissements et inspecteurs auraient reçu l’information dans un courriel qui indiquait que les premières discussions se tiendraient dès cette semaine, impliquant notamment des associations de professeurs et des représentants d’élèves et de parents d’élèves.
Une nouvelle annonce qui ne va pas sans réactions :
Le comité qui va expertiser les problèmes de la #réforme du lycée pour les #Maths est piloté par ceux qui ont initié la réforme et la défendent très explicitement contre l'avis des enseignants depuis 4 ans. Comment croire à un avis objectif possible ?
— APMEP Nationale (@Apmep_Nat) February 18, 2022
Jean-Michel Blanquer, lui, assure son engagement pour un meilleur enseignement de la matière :
Relever le niveau en mathématique de la maternelle à la terminale.
— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) February 18, 2022
C’est la stratégie suivie depuis 2017 avec la mise en œuvre du plan Villani-Torossian.
Avec de premiers résultats quant au niveau des élèves et quant à la poursuite d’études scientifiques: https://t.co/jgydRCK9bs
Image d’accueil : Fotolia
Un comité qui va recevoir des experts mais qui ne va pas les écouter comme il le fait si bien depuis 5 ans !
Je pense qu’on fait fausse route en tenant absolument à mettre des maths et des sciences dans le tronc commun. Nous sommes dans l’enseignement général où les élèves ont été sélectionnés par le français donc les seules matières factorisables sont les matières littéraires. Les écarts sont beaucoup trop importants en maths et en sciences pour qu’un prof puisse facilement ne délivrer qu’un seul type de cours dans ces domaines. En revanche que tous les élèves fassent au moins un peu de maths et de sciences est quelque chose qui s’entend très bien mais ce n’est pas du tout la même chose.
Je pense qu’il faut supprimer l’enseignement scientifique actuel et redéployer ces 2 + 2 heures pour résoudre les trois problèmes suivants qui sont
différents :
– D’abord donner à tous les élèves dont la doublette finale ne contient aucune spécialité scientifique un enseignement minimal avec ces 2 + 2 heures : par exemple « maths de base (hors géométrie et trigo) » (2h), « écologiie » (1h), « mécanique et géométrie » (1h)
– Ensuite pour tous les élèves voulant faire SES ou être médecin sans se prendre trop la tête, mettre fin à la logique du « tout ou rien » en première en créant une deuxième spécialité maths plus courte de 6h-an (hors géométrie et trigo) baptisée « mathématiques appliquées ». On se contenterait alors des deux modules d’écologie et de « mécanique et géométrie » , ce qui dégagerait par rapport à la situation actuelle 3h soit pour faire faire du droit si l’élève ne veut que SES soit pour construire une nouvelle spécialité de 13h-an nécessaire strictement pour faire médecine en extrayant ce qu’il faut des spécialités physique chimie et SVT (chimie, thermodynamique/fluides/ondes, génôme, santé).
– Enfin pour les forts en maths (ceux qui vont dans les prépas scientifiques par exemple), ne garder que le module d’écologie d’1h-an pour ceux qui ne font pas SVT et redéployer les trois autres heures pour permettre de suivre trois spécialités en terminale en traitant l’option « mathématiques expertes » au détriment d’une option générale en Terminale ce qui ferait que tous auraient maths et physique chimie + une troisième spécialité.
Blanquer met à la tête de ce comité le directeur de sciences po Lille:
– qui a participé à la réforme donc ne voudra pas se contredire
– qui n est pas un scientifique (le mot « sciences » dans sciences po le me doucement rire) quand on voit les works de sciences po Lyon.
Que les gens soient contents ou non, notre société est envahie de statistiques, d algorithmes etc donc de mathématiques. Et malheureusement beaucoup d élèves actuellement en terminale sont à peine capables de calculer un % ou faire une règle de trois, donc un peu de maths leur ferait le plus grand bien pour éviter de devenir des singes consommateurs et manipulés par Facebook, Google, Apple, Amazon, etc.