
Article publié le 3 février, mis à jour le 3 mars 2025
Le budget collectif du Pass Culture, destiné à financer les activités culturelles et artistiques des élèves de la 6e à la terminale, ne dépassera pas 50 millions d’euros en 2025. Une information confirmée jeudi 30 janvier par la direction du Pass Culture, relayée par France Inter.
À ce jour, 40 millions d’euros sur les 50 millions ont déjà été engagés, obligeant les établissements scolaires à suspendre leurs nouvelles réservations jusqu’en septembre. Cette mesure affecte directement les sorties culturelles, un outil largement utilisé : 93 % des collèges et lycées éligibles ont recours à ce dispositif. « Le budget prévu ne pourra pas être dépassé cette année », a précisé la direction du pass Culture.
Des conséquences catastrophiques
Dans un communiqué publié dimanche 2 février, l’APHG, association des professeurs d’histoire-géographie, dénonce « les conséquences catastrophiques » de cette mesure, « pour tous les élèves désormais privés des activités et sorties pédagogiques préparées par leurs professeurs depuis plusieurs mois. » Pour l’association, ce sont les élèves des milieux populaires, « pour lesquels l’école et ses projets sont le seul accès à la culture » qui seront le plus touchés par ce gel.
De son côté, le ministère de l’Éducation nationale a déclaré « c’est dans ce cadre qu’il a été demandé aux chefs d’établissement de valider dans le logiciel dédié les activités d’ores et déjà programmées, permettant d’en confirmer l’opportunité ; afin qu’elles soient réalisées de manière normale avant la fin de cette année scolaire ».
La part individuelle, qui permet aux élèves de 15 à 18 ans d’accéder aux offres artistiques et culturelles, reste a priori inchangée. À partir de septembre prochain, les réservations devraient reprendre normalement. A cette date, 22 millions d’euros seront disponibles.
Les précisions du ministère
Suite à la publication de notre article le 3 février, le ministère de l’Education nationale a tenu à apporter ce mardi 4 février les précisions suivantes :
« Pour l’année 2025, le budget en discussion concernant la part collective du pass Culture est de 72 millions €, soit 10 millions € de plus qu’en 2024.
Il a ainsi été demandé aux services académiques et aux chefs d’établissement d’inciter les établissements n’ayant pas encore réservé d’action pour l’année en cours à le faire pour bloquer les crédits : 50 millions € jusqu’en juin et 22 millions € entre septembre et décembre.
Du fait d’un certain emballement en quelques heures sur la plateforme dédiée aux réservations, 50 millions € ont été consommés au 31 janvier.
Afin de conserver des crédits pour la rentrée scolaire, la réservation d’activités culturelles est suspendue.
Depuis le début de l’année scolaire 2024-2025, 63% des élèves ont déjà bénéficié d’une action financée par la part collective du pass Culture dans 94% des collèges et des lycées. Au total, ce sont plus de 160 000 actions qui seront conduites sur l’année scolaire 2024-2025. »
« Un succès incontestable » du Pass Culture
Le 4 février dernier, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, la ministre de l’Education nationale Elisabeth Borne a également tenu à rassurer les établissements scolaires concernant le gel soudain du dispositif : « Je veux vous rassurer : les établissements qui auraient engagé des activités sans avoir pu concrétiser leur financement pourront mener à bien leur projet. La plateforme va rouvrir dans les prochains jours. Les projets validés et ceux qui ont été pré-réservés seront financés », a-t-elle déclaré.
Le ministère de l’Éducation nationale, a par ailleurs, souligné qu’avec 72 millions d’euros, le budget 2025 du Pass Culture est supérieur de 10 millions d’euros à ce qui était inscrit l’an dernier dans la loi de finances initiale (62 millions d’euros). Mais, « l’année passée, l’engouement pour ce dispositif a conduit à un dépassement de l’enveloppe initiale de 35 millions d’euros », a précisé le ministère. Le coût réel a ainsi atteint « 97 millions d’euros l’an passé », a souligné Elisabeth Borne, qui juge incontestable le succès du Pass Culture ». Mais, pour la ministre, « il est nécessaire d’évaluer ce dispositif pour en garantir l’équité et l’efficacité ». Une mission d’inspection a ainsi été lancée par Elisabeth Borne. Elle permet d’effectuer un recensement des établissements qui devront être accompagnés en priorité, afin de mener à bien certains projets et vérifier qu’aucun établissement ne soit privé d’activité culturelle d’ici à la fin de l’année scolaire.
Le succès du Pass Culture est incontestable !
— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) February 4, 2025
En 2024, son coût réel a atteint 97 millions d’€ contre 62 millions d’€ prévus initialement.
Depuis janvier, nous avons constaté une flambée des réservations :
NON, la plateforme n'est pas gelée, elle rouvrira dans les… pic.twitter.com/wt9LAwSpos
Suppression du Pass Culture pour les moins de 17 ans
Dernière information en date : un décret publié au Journal Officiel ce 28 février annonce la suppression du crédit pour l’achat de biens culturels pour les moins de 17 ans. La part individuelle destinée aux 15-16 ans disparaît donc.
Et l’enveloppe destinée aux jeunes de 18 ans a également été revue à la baisse. En effet, depuis le 1ᵉʳ mars, les bénéficiaires reçoivent désormais 50 euros à 17 ans, puis 150 euros dès leur majorité. Depuis janvier 2022, le Pass Culture permettait aux jeunes de bénéficier de 20 € la première année, puis 30 € à 16 et 17 ans, et enfin, d’un crédit de 300 € à 18 ans. À titre informatif, lors de son lancement en 2019, le Pass Culture attribuait 500 euros aux jeunes de 18 ans.
Selon le ministère de la Culture, cité par l’AFP, « à 15 et 16 ans, les jeunes accèdent à un ensemble de propositions gratuites et d’événements culturels exclusifs valorisés sur l’application « Pass culture »». Point de vue indéfendable pour le Syndicat national de l’édition . Dans un communiqué publié ce lundi 3 mars, il déplore en effet que « les jeunes de 15 et 16 ans [soient désormais exclus du Pass Culture], alors que cette classe d’âge est spécifiquement identifiée par la récente étude du Centre national du livre comme présentant les risques les plus alarmants de décrochage dans les pratiques de lecture ».
Sauf qu’en plus, des opérateurs culturels dont les projets, validés avant le gel de la part collective du pass culture et faits dans des établissements scolaires dans ce cadre (part collective du pass culture) ne sont pas payés pour le travail accompli. Réponse de SAS pass culture : Nous ne savons pas quand vous serez payés car nous n’avons pas de visibilité budgétaire pour l’heure. Donc des opérateurs culturels se retrouvent en difficulté voir en défaut de paiement à cause de ça .