La ville de Rennes est engagée dans un vaste chantier : le vivre ensemble, autour des principes de laïcité, de citoyenneté, de lutte contre les discriminations et pour l’égalité filles/garçons. Depuis 2014, la capitale bretonne réfléchit à la question des femmes dans l’espace public. C’est pour répondre à cette réflexion que les cours de récréation de deux futurs groupes scolaires (maternelle et primaire) rennais, attendus en 2023, devront disposer « d’espaces de jeux diversifiés, appropriables par tous et participant au bon climat scolaire », d’après la délibération du conseil municipal datant d’octobre 2018.
À Rennes comme ailleurs, la cour d’école est considérée comme un « lieu d’apprentissage de l’espace commun, un espace de liberté et d’autonomie » explique Geneviève Letourneux, conseillère municipale déléguée aux Droits des femmes et à l’égalité à la ville de Rennes. Mais, « elle est aussi le lieu où commence, dès le plus jeune âge, à s’installer les stéréotypes » reconnaît l’élue. Et la cause est vite trouvée, puisque la disposition de la cour est souvent pointée du doigt : « c’est un espace difficile à partager où les jeux des garçons ou les jeux de ballon, sont le plus souvent priorisés. Les garçons jouent au centre, quand les filles injustement sont reléguées sur les côtés » témoigne Geneviève Letourneux. Ce même constat d’injustice, l’Unicef le faisait déjà dans une enquête sur les inégalités entre les filles et les garçons datant de novembre 2018, et c’est le documentaire « Espace » d’Eléonor Gilbert qui l’illustre le mieux.
Alors, en s’inspirant de ce qui est déjà fait à l’école maternelle Michel de Montaigne de Trappes, la ville de Rennes souhaite faire disparaître les inégalités dès l’école, « afin d’intégrer dès le plus jeune âge cette préoccupation et s’affranchir de la question des stéréotypes dans la cour de récréation ».
Une réflexion qui porte aussi bien sur l’aménagement que sur les activités
À Rennes, l’idée est donc d’éviter un schéma où les garçons et les filles se retrouvent dans la même cour mais dans des espaces différenciés, et où l’activité détermine la place des garçons et des filles. Et la question de l’aménagement non genré des cours d’école est l’opportunité d’avoir un objet de travail concret pour former à l’égalité. Pour cela, « il faut une approche qui permette le déploiement d’activités diverses, davantage de fluidité et de la mixité. Pour cela, nous souhaitons intégrer des espaces d’observation, intégrer du végétal, réfléchir à l’accessibilité, réfléchir au choix du revêtement, à la diminution du bruit….
Si on ne questionne pas l’aménagement, la société, y compris les enfants, intègrent très tôt des stéréotypes genrés.
« Travailler sur les couleurs est aussi très significatif, l’enjeu d’une cour non genrée ce n’est pas d’aller vers l’uniformité, avec du violet par exemple, mais de proposer un éventail de couleur » ajoute Geneviève Letourneux. Pour l’élue, il faut aller plus loin en proposant « une diversité d’utilisations de cette cour », en proposant entre autres, « des espaces où activités de ballon, de rêveries, de repos, d’imaginaires, de parcours se mêlent et s’approprient par tous ».
« Même si nous n’en sommes qu’aux prémices, nous souhaitons choisir les activités les moins genrées », explique Geneviève Letourneux. La ville, qui travaille en étroite collaboration avec la DEE (Direction éducation et enfance), le service urbanisme et la direction des jardins et de la biodiversité de la ville de Rennes, va également être très attentive aux attentes et aux souhaits des enfants car les écouter c’est aller plus loin, et bâtir avec eux une société où « chacun trouve sa place dans l’espace commun sans pour autant être réduit à son genre ».
Je travaille ds un REP+ et contrairement aux idées reçues, la cour de récréation n’est pas la propriété des seuls garçons et du foot car les filles jouent également au foot avec les garçons. Elles sont parfaitement intégrées, ne sont pas remisées sur les côtés. Certains élus devraient sortir davantage de leur mairie, se rendre dans les écoles voire la vraie vie, les vrais besoins pour y consacrer l’argent non pas à des fins électoralistes et clinquantes (des municipales en 2020…) mais à des fins certainement moins « vitrines » mais plus utiles aux élèves.