La nouvelle mouture du baccalauréat sera testée pour la première fois en 2021. Avec la réforme du lycée et du bac, les programmes scolaires, épreuves et modalités d’examen ont connu des modifications, notamment en mathématiques. Ainsi, à compter de la 1ère, les élèves n’ont plus un cours de mathématiques à proprement parler dans le tronc commun des disciplines mais 2 heures d’enseignement scientifique chaque semaine. « C’est un cours qui rassemble les mathématiques, la physique-chimie et la SVT. On y aborde des thèmes en lien avec les sciences contemporaines, des sujets de société comme le climat, l’évolution des populations etc. à travers le point de vue de ces diverses disciplines. Quand on étudie l’évolution des populations, par exemple, on aborde les suites numériques et on voit le modèle de Malthus (un modèle exponentiel servant à quantifier l’accroissement démographique, Ndlr)), explique Luca Agostino, professeur de mathématiques au lycée international de Saint-Germain-en-Laye.
Les spécialités orientées « sciences »
Au cours de l’année de 2nde, les élèves doivent choisir les trois spécialités qu’ils étudieront à partir de la 1ère, à raison de 4h par semaine pour chacune. Ils en conservent deux en Terminale avec 6h d’enseignement hebdomadaire pour chacune.
Pour les matheux, le choix se porte prioritairement sur la spécialité « mathématiques » et est complété par des spécialités comme physique-chimie ; sciences et vie de la terre ; numérique et sciences informatiques (NSI) ; sciences de l’ingénieur. D’après les chiffres du ministère de l’Education nationale, la spécialité mathématiques est la plus sollicitée avec 64% des demandes. La combinaison de spécialités la plus courante (26,1%) est mathématiques/physiques-chimie/sciences vie & terre. « La spécialité NSI a fait le bonheur d’un certain nombre d’élèves. C’est un bon complément de l’algorithmique que l’on fait en maths. La spécialité sciences de l’ingénieur attire aussi mais n’est pas proposée partout, c’est une spécialité de niche », ajoute le professeur.
Des maths en options
Diverses options, couvrant trois heures d’enseignement par semaine, sont également proposées. Aucune ne concerne les sciences en classe de 1ère mais à partir de la Terminale, il est possible de prendre l’option « mathématiques expertes » ou « mathématiques complémentaires ». Les points au-dessus de la moyenne dans cette discipline compteront pour l’obtention du diplôme lors du contrôle terminal. « Un élève qui abandonne la spécialité mathématiques en Terminale peut choisir l’option mathématiques complémentaires. Les exigences y sont moindres qu’en spécialité mais cela permet tout de même à la fin du lycée de poursuivre sur certaines études scientifiques », précise Luca Agostino. Si un lycéen poursuit la spécialité maths en Terminale, il peut approfondir ses connaissances en choisissant l’option « mathématiques expertes ». « C’est un peu l’équivalent de ce qu’on avait avant avec l’option maths quand on faisait une Terminale S. On voit les matrices, l’arithmétique à un niveau très élevé. L’élève qui prend la spécialité maths en 1ère et en Terminale, a un programme de maths plus ambitieux et plus riche que ce qui existait avant la réforme. On ne peut pas le nier. Il y a de fortes attentes en termes de démonstration et des chapitres fondamentaux de la discipline ont été rajoutés », reconnaît l’enseignant.
Un nouveau bac à l’essai
Le bac 2021 comprend un contrôle continu qui compte pour 40% de la note finale principalement sur les matières du tronc commun (épreuves anonymes en 1ère et Terminale) et un contrôle terminal qui compte, lui, pour 60% de la note finale.
Ce contrôle terminal porte sur les spécialités et quelques épreuves : le français (oral et écrit) en fin de 1ère, puis en Terminale un écrit sur les deux enseignements de spécialité à la mi-mars, un écrit de philo et un grand oral en juin. Ce dernier porte sur deux questions que l’élève a préparées en 1ère et Terminale et qui sont en lien avec ses spécialités. Le jour J, un jury de deux personnes sélectionne l’une de ces deux questions. Le candidat a 20 mn pour se préparer et rédiger une feuille A4 qu’il remet au jury. Il dispose de 5 mn, sans note, pour en parler librement. Puis, il y a 10 mn de questions-réponses pendant lesquelles l’élève peut récupérer sa feuille et utiliser le matériel présent dans la salle. Enfin, les 5 dernières minutes concernent son souhait d’orientation post-bac.
Des difficultés liées à la crise sanitaire
Mais les programmes ambitieux en mathématiques risquent d’être impactés par la crise sanitaire. « L’APMEP (association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public) a constaté qu’il y avait des différences dans la manière de gérer les protocoles suivant les établissements. Certaines classes auront du mal à être prêtes pour les épreuves du 15 mars. C’est pourquoi l’association a demandé leur report en juin même si cela pourrait supposer alors d’évaluer sur tout le programme de l’année et non pas celui prévu jusqu’au 15 mars », glisse Luca Agostino, également membre de l’APMEP et formateur pour le grand oral dans l’Académie de Versailles. Celui-ci reste malgré tout confiant sur le déroulé du bac. « Comme pour toute nouveauté, il y a un côté un peu stressant. Mais le sujet zéro pour les épreuves écrites de mars nous donne une idée plus claire de ce qui pourra être demandé. Quant au grand oral, son déroulé se précise de plus en plus et les élèves ont déjà fait des oraux, même si malheureusement ils ont été privés de celui du bac de français l’an dernier ». D’ailleurs, le travail des compétences orales est selon lui un vrai plus pour sa discipline. « Ça permet de développer davantage son raisonnement, d’avoir une réflexion plus libre en se détachant de la rigueur de la rédaction », déclare le professeur de mathématiques. Reste à savoir comment les élèves aborderont la chose.
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