Le 22 janvier, après trois mois de concertations, les dix ateliers du Grenelle de l’éducation – composés de représentants de la communauté éducative (enseignants, parents, élus, syndicats…) ont rendu leurs conclusions. Tour d’horizon.
Un établissement autonome
Pour ce Grenelle, il s’agissait entre autres de « favoriser l’entraide et l’intelligence collective »
et d’alléger « les carcans administratifs » en donnant plus d’autonomie aux établissements scolaires.
« L’établissement est un lieu où l’on applique des règles mais il doit être aussi un lieu qui produit ses propres règles – étymologie du mot Autonomie » peut-on lire dans la présentation de l’atelier « autonomie et déconcentration. »
Cette autonomie passe notamment par un rôle plus important accordé aux chefs d’établissement. Les directeurs d’école pourraient se voir dotés d’un « véritable statut leur conférant autorité décisionnelle et fonctionnelle. »
Plusieurs propositions visent à renforcer l’esprit d’équipe et le collectif dans les écoles : création de collectifs pédagogiques, de collectifs professionnels permanents et/ou ponctuels, coopération, tutorat par les pairs, « compagnonnage »… Une gestion des ressources humaines « de proximité » a également été jugée nécessaire.
Le projet d’établissement pourrait être remplacé dans le second degré par un « projet d’autonomie et de réussite d’établissement » valable sur cinq ans.
L’alphabet du management
Les évolutions des personnels d’éducation devraient par ailleurs se faire de manière plus souples, et en fonction des compétences.
Le dispositif des « fonctions mixtes » a par exemple été évoqué pour « combiner une part d’enseignement et une fonction autre (direction, inspection, etc.) » La formation des professeurs et des « pilotes » aux fonctions de la gouvernance a été discutée. Pour les interlocuteurs du Grenelle, une « culture de l’encadrement » est souhaitable :
« Il convient d’apprendre le plus tôt possible « l’alphabet du management » et de permettre aux enseignants de penser leurs qualités autrement qu’au travers du prisme des savoirs disciplinaire et pédagogique. »
Les ateliers ont mis en avant la nécessité de renforcer la formation des personnels en organisant une « remontée » des besoins – individuels et collectifs – en terme de formation. La priorité étant de savoir quelles compétences veulent développer les personnels pour leur apporter une réponse personnalisée.
Rémunération et mérite
La grande question pour les personnels de l’Education nationale était la revalorisation salariale.
C’était l’objet de l’atelier « Revalorisation », avec l’idée d’une revalorisation salariale générale qui puisse garantir le « maintien du niveau de vie » – le montant de cette hausse restant à déterminer. En parallèle, des primes récompenseraient l’investissement de chacun, « au mérite ». Mais cette notion est difficilement calculable, comme le souligne le comte-rendu :
« Le point le plus délicat est le lien entre rémunération complémentaire et mérite, car il n’y a pas consensus sur ce point, les positions pouvant même être très tranchées. Certains estiment que le mérite n’est pas objectivable et qu’il ne peut être lié aux progrès des élèves, ce progrès dépendant en partie de facteurs extérieurs à l’enseignant. »
Un avis partagé par le secrétaire général de la FSU, Bruno Teste :
« Qui évaluera ce mérite ? Celui qui en fait le plus, celui qui en dit le plus n’est pas forcément le plus méritant. Est-ce qu’il faudra faire de l’esbroufe pour être enfin bien payés? »
Pour renforcer l’attractivité des métiers de l’enseignement, le Grenelle propose de revaloriser les prestations sociales et culturelles dont ils bénéficient, notamment en termes de logement, de transports ou de santé. Sur la qualité de vie au travail, un Observatoire national de la qualité de vie au travail pour les personnels de l’éducation pourrait être créé.
Une série TV
L’image des métiers devrait enfin être redorée grâce à des campagnes de communication sur la réalité de l’enseignement, ou encore par la création de contenus culturels – une série TV notamment – « dont les enseignants seraient les personnages principaux. »
« La société doit clairement percevoir le temps de travail visible (le service devant élèves) et le temps de travail moins visible (tout le reste…) des professeurs »
Valeurs de la République
L’atelier sur les valeurs de la République prévoit entre autres une charte des parents d’élèves
, les informant sur les « garanties apportées par l’École » – dont la neutralité et l’inclusion – et sur le « respect du travail des personnels » dont ils doivent faire preuve.
Un travail d’information et de formation des enseignants doit également être fait, selon les conclusions de l’atelier, pour les aider à transmettre en classe les valeurs de la République, dont quelques-unes sont citées : « respect de l’égale dignité des êtres humains, de la liberté de conscience et de la laïcité. »
Sur le même sujet, le besoin d’écoute et de protection des personnels a donné lieu à des propositions telles que des « diagnostics de sûreté de l’école » par les chefs d’établissement, directeurs d’école, inspecteurs ou services de sécurité.
Invité sur LCI le 25 janvier, le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a parlé de « perspectives extrêmement intéressantes » tandis que certains syndicats – le Snes et la FSU avaient quitté le Grenelle en cours de route – dénoncent des mesures libérales.
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