Ulrike Zahn (présidente de l’ADEAF depuis 2019), Thérèse Clerc (présidente de l’ADEAF de 2013 à 2019 et membre du bureau) et Fabienne Fédou (professeure d’allemand, professeure formateur académique et présidente de la Régionale ADEAF de Bordeaux) sont toutes trois engagées au sein de l’Association pour le Développement de l’Enseignement de l’Allemand en France. Elles nous parlent de leurs actions.
Depuis quand existe l’ADEAF ? Quels sont ses objectifs ? (Ulrike Zahn)
L’ADEAF existe depuis 43 ans et a pour but de promouvoir l’enseignement et l’apprentissage de l’allemand en France. Elle informe ses membres sur le sujet, permet la mutualisation des travaux pédagogiques, intervient auprès des instances responsables, et sensibilise les acteurs du monde politique, économique, diplomatique et culturel à l’avenir de la langue allemande en France. L’ADEAF agit en coopération avec les autres associations de linguistes pour encourager le pluralisme linguistique au sein de l’Europe.
Pourquoi développer l’apprentissage de l’allemand en France ? (Ulrike Zahn)
Nos deux pays sont liés par les traités de l’Elysée et d‘Aix la Chapelle. De plus, l’Allemagne est le premier partenaire économique de la France. Il s’agit pour l’ADEAF de donner une image positive et chaleureuse de l’Allemagne.
Quelle est la situation de l’allemand dans le système scolaire actuellement ? (Thérèse Clerc)
La situation de l’allemand est alarmante. La proportion d’élèves apprenant l’allemand ne cesse de diminuer : 3,7% en primaire, 15,9% en classe de 5ème et un chiffre global de 15,1% dans le second degré à la rentrée 2020. Cette tendance a été accentuée par la pandémie car les actions de promotion de l’allemand en primaire n’ont pas pu avoir lieu, tout comme les échanges scolaires vers l’Allemagne qui constituent un atout important pour la discipline. On peut bien sûr espérer que ces difficultés ne soient que temporaires, mais le manque de professeurs d’allemand s’accentue continuellement. Ces dix dernières années, 1000 postes n’ont pas été pourvus au CAPES d’allemand. Il est urgent de rendre le métier d’enseignant plus attractif (notamment par une revalorisation salariale) et d’améliorer les conditions de travail des professeurs d’allemand, notamment en collège où leur service est très souvent partagé entre plusieurs établissements.
Quels dispositifs existent en France pour apprendre l’allemand ? (Fabienne Fédou)
Les dispositifs existants au sein de l’école publique s’appliquent à toutes les langues enseignées en France, mais celles-ci ne sont pas toutes proposées partout.
A l’école élémentaire, depuis 2013, l’enseignement d’une langue vivante est obligatoire dès le CP à raison de 54 heures par année scolaire (en moyenne 1h30 par semaine).
Au collège, les élèves apprennent deux langues vivantes étrangères à partir de la 5ème. Ils peuvent le faire dès la 6ème avec la classe bilangue anglais/allemand (généralement 4h d’anglais et 2h d’allemand par semaine).
Au lycée, les élèves ont deux langues obligatoires (une seule en lycée professionnel, sauf secteur des services). En lycée général, l’enseignement de spécialité en langue vivante (LLCE : Langues, littératures et cultures étrangères) peut être proposé : il est de 4 h en Première et de 6 h en Terminale.
L’Education Nationale compte aussi certains dispositifs particuliers, comme le cursus franco-allemand (les sections Abibac permettent la délivrance simultanée du baccalauréat français et de l’Abitur, le baccalauréat allemand) ou la Section européenne, qui prévoit un enseignement de langue renforcé avec au moins 1h hebdomadaire en langue étrangère dans une discipline non linguistique (histoire-géographie, mathématiques, physique, chimie EPS…)
Votre congrès des germanistes 2021 vient de se tenir. Pouvez-vous nous parler de cet évènement et de ses objectifs ? (Ulrike Zahn)
L’objectif de notre congrès annuel est de rassembler les professeurs d’allemand et les amis de l’ADEAF autour de thématiques variées, de présenter les actions de notre association, les nouveautés pédagogiques ainsi que les nouveaux outils pour la promotion de l’allemand. Nous accueillons également nos partenaires, comme l’Association des Germanistes du Supérieur, l’OFAJ, des représentants du commerce et de l’industrie ou des éditeurs. Cette année, le recul du nombre d’élèves et le manque de professeurs d’allemand a été au centre des débats. La demande d’une politique réellement volontariste, à travers l’attribution de moyens spécifiques à l’allemand dans les établissements scolaires, a été très clairement formulée par tous les intervenants. 230 personnes ont suivi ce congrès sur deux jours.
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