Quel bilan tirez-vous de cette première saison du podcast Carnets d’alerte ?
Le bilan est positif, cette première saison a bien marché. Le podcast a permis de faire découvrir notre travail à des personnes qui ne lisent pas forcément nos ouvrages, notamment les jeunes. Même les thématiques plus complexes que nous avons abordées, sur les marchés financiers par exemple, ont bien marché. Les gens apprécient que ce soit des sujets approfondis, subtils et à la fois compréhensibles par le plus grand nombre. Il y a une offre importante de podcasts, il faut que l’on continue de faire connaître Carnets d’alerte.
Vous lancez une deuxième saison à partir du 17 mai. Quels seront les points communs avec la première?
Nous restons sur le même format où je raconte des enquêtes journalistiques et leurs coulisses. Pour les livres, j’ai interrogé entre 60 et 80 personnes (chercheurs, acteurs de la société civile…) et consulté une centaine d’études. Là j’en reprends quelques-unes et je réactualise les données. Je fais parler, par le biais de ma voix, les personnes que nous avons interrogées. L’intérêt de Carnets d’alerte c’est d’avoir dans ces 10 mn d’épisodes des points de vues différents pour être intellectuellement le plus honnête possible. Un épisode de podcast de 10 mn c’est énormément de travail derrière. Les thématiques restent axées autour de l’environnement et de l’économie, des modèles économiques viables pour l’humain et la Terre. Il y a aussi des sujets en lien avec la technologie et la démocratie. Ce podcast est toujours produit avec Wave audio, les spécialistes de l’audio.
Et quelles seront les différences dans cette deuxième saison ?
On a déjà fait un tour d’horizon sur les thématiques qui nous apparaissaient cruciales lors de la saison 1. Sur la saison 2, nous avons décidé d’être un peu moins denses sur le fond car ce n’est pas évident pour le public d’écouter et comprendre des sujets complexes comme les limites de l’intelligence artificielle par exemple. Il y a davantage de sujets transversaux qui recoupent plusieurs enquêtes. C’est le cas notamment pour le premier épisode sur la sobriété ou bien encore celui sur la fuite en avant technologique. Dans la saison 1, chaque épisode avait une partie état des lieux et une partie solutions, là ce n’est pas systématique.
Vous abordez aussi la question des innovations technologiques à travers plusieurs épisodes…
On parle effectivement de notre rapport aux innovations technologiques et de l’évolution rapide de la numérisation. On pense souvent que la société va réussir à trouver une solution miracle pour éviter d’avoir à changer profondément de modèle et d’avoir à réduire notre consommation d’énergie, de biens etc. C’est ce que l’on aborde dans l’épisode de la fuite en avant technologique mais les innovations technologiques permettent rarement de moins polluer. On a pu gagner en efficacité mais la consommation a augmenté d’autant plus, c’est ce que l’on appelle l’effet rebond. Cette fuite en avant technologique est assez peu questionnée. On a l’impression que l’on doit forcément continuer dans cette direction sans s’interroger sur les conséquences. Nous terminons notre deuxième saison de podcast avec les innovations sociales car il n’y a pas qu’une façon d’innover.
Le 1er podcast traite de la sobriété, un phénomène dans l’ère du temps depuis la pandémie… Que va-t-on y apprendre ?
La sobriété est indispensable. Il faut moins consommer. Ces sujets sont abordés depuis longtemps par les scientifiques. On ne pourra pas consommer infiniment dans une planète finie. Bon nombre d’études le prouvent. On pollue beaucoup avec les énergies fossiles mais si on passait complètement aux énergies renouvelables, on consommerait énormément de métaux. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas les utiliser mais ça ne sera pas la solution miracle. Il faut réduire notre consommation d’énergie. Et comme on ne sait pas accroître notre PIB sans consommer de l’énergie, on voit bien que ça change profondément notre modèle économique. Le problème se pose aussi avec l’eau. On cherche des solutions pour toujours consommer plus d’eau. Au cours du XXème siècle, on a augmenté notre consommation d’eau 1,7 fois plus vite que la population mondiale. Ce qu’il faudrait surtout c’est réduire notre consommation d’eau, notamment au niveau de l’agriculture industrielle qui en est la principale cause. Il faudrait revoir les modèles agricoles. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, notre mode de vie a beaucoup changé. On consomme trois fois plus qu’il y a soixante ans. Dans cet épisode, j’analyse pourquoi c’est essentiel et pourquoi nous avons du mal à accepter cette réduction de la consommation.
Face à ces faits souvent terribles, on peut éprouver de l’écoanxiété et se sentir impuissants…
C’est vrai que nous sommes dans une période un peu lourde. Quand je fais mes enquêtes, ces chiffres dramatiques peuvent aussi me peser. Mais j’éprouve une grande satisfaction à comprendre la thématique, à rester dans la subtilité et à ne pas alimenter la colère. Mon métier c’est d’être journaliste et d’informer le grand public, de lui faire comprendre ces grands enjeux et de ne pas se laisser berner par le greenwashing ou de fausses solutions. Dans ces podcasts, on voit bien qu’il y a des acteurs civils qui agissent pour faire changer les choses et ça fonctionne. Chacun a des moyens d’agir au quotidien en changeant moins souvent de téléphone, en achetant certains aliments dont la culture est moins gourmande en eau… Plus les gens seront informés, plus ils agiront, c’est ce que disait Pierre Rabhi avec les colibris : chacun doit faire sa part. Il me semble qu’il ne faut pas opposer actions collectives et plus individuelles. Chacun doit évoluer mais il faut également des réformes plus globales afin de modifier les structures profondes de nos sociétés.
Vous continuez de sensibiliser la jeunesse avec des conférences dans les lycées ?
Oui je continue de faire des ateliers sur ces thématiques dans les lycées. Pendant ces interventions, les lycéens deviennent les journalistes, préparent des questions… J’aime beaucoup ces échanges interactifs.
Le programme de cette 2ème saison du podcast Carnets d’alerte :
17/05 : La sobriété, la solution à de nombreux problèmes écologiques
24/05 : La finance verte, la fausse bonne solution
31/05 : La publicité a envahi notre quotidien
07/06 : Tous les problèmes environnementaux ne viennent pas du changement climatique
14/06 : Les nouveaux OGM, vers une accélération de la privatisation du vivant
21/06 : La ville, symbole de notre société hors-sol
28/06 : La fuite en avant technologique
05/07 : La démocratie au risque de l’intelligence artificielle et la numérisation
12/07 : Pour un monde moins numérique et plus libre
19/07 : Les innovations sociales, des solutions ancrées sur les territoires
Podcast disponible sur https://carnetsdalerte.fr/podcast et toutes les plateformes de diffusion : Deezer, Spotify, applepod, Podcast-Addict, CastBox, PocketCasts.
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