George Fotinos, docteur en géographie, ancien chargé de mission d’inspection générale et José Mario Horenstein, médecin psychiatre, ont mené une étude sur une catégorie professionnelle peu reconnue par le système éducatif : les personnels d’administration de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur. Assistant de direction, responsable des ressources humaines, responsable des concours, secrétaire d’académie… Rouage essentiel dans le système éducatif, ils représentent 53000 postes (en 2020). Pourtant, jusqu’à ce jour, aucune étude ni enquête ne leur ont été consacrées. C’est une erreur réparée, avec la première étude d’envergure publiée aujourd’hui et faisant l’objet d’un colloque à Paris, introduit par le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye.
L’étude, menée à l’initiative du syndicat A&I-UNSA (Administration et Intendance) soutenu par l’Accord-cadre signé entre le MENJS et la CASDEN Banque Populaire (banque coopérative de la Fonction publique), porte sur trois axes : la qualité de vie au travail, la qualité de santé, les projets et avenirs professionnels. Elle porte sur les trois catégories (A, B et C) de la profession. Au total, 8404 réponses ont été retenues.
Un manque cruel de reconnaissance et un surmenage
L’étude montre que 3 personnes sur 4 se sentent méconnues par leur propre hiérarchie et une personne sur deux parmi les interrogés indique ne recevoir aucune forme de remerciement pour son travail. Autre chiffre très alarmant : 58 % des personnes interrogées affirment avoir déjà été victime de harcèlement moral.
L’éude montre également que ces personnels sont épuisés. En effet, 44% s’estiment épuisés professionnellement (28 % ont subi un burn-out clinique). A titre de comparaison, d’après les études précédentes des auteurs, l’épuisement professionnel concerne 23 % des directeurs d’école, 15 % des chefs d’établissement et 10 % des inspecteurs de l’Education nationale. Enfin, 74 % des personnels de catégorie A affirment ne pas arriver à concilier vie professionnelle et vie privée.
Certains chiffres sont tout de même encourageants : 9 personnes sur 10 parmi les interrogés se sentent d’une part écoutées et respectées par leurs collègues et 9 sur 10 satisfaites de leurs relations avec les usagers.
Une prise de conscience du ministère
L’objectif de cette étude est de servir de base à une véritable réflexion sur cette catégorie professionnelle. En introduction du colloque, le ministre de l’Education nationale l’affirme : le bien-être des élèves est pour lui essentiel, mais également celui des personnels. Alors que la question de la Qualité de Vie au Travail est cruciale et que le baromètre du bien être de l’Education nationale 2022 devrait bientôt être publié rappelle le ministre, cette étude est un point de départ important pour démarrer un travail sur « les invisibles », « les petites mains de l’EN ». Qui apparaissent peu justement dans ce baromètre souligne Georges Fotinos.
Et sont les oubliés des discours ministériels rappelle Jean-Marc Boeuf, secrétaire général du syndicat A&I-UNSA, citant par exemple la dernière lettre du président de la République, qui ne s’adresse qu’aux enseignants.
Le bien être des élèves, des personnels, de l’organisation de l’établissement sont les leviers de la réussite scolaire rappelle Georges Fotinos. « Il faut désormais passer à l’acte », conclut-il.
Les actions du ministère
Le DGRH de l’EN et de l’Enseignement supérieur, Vincent Soetemont présente les mesures mises en oeuvre par le gouvernement. Il indique lors de ce colloque que Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, est également sensible à la filière administrative. Il rappelle par ailleurs qu’il est lui-même un personnel administratif. Et que l’Education nationale et l’Enseignement supérieur, ce ne sont pas que des enseignants. Il y a une action déterminée des deux ministères à rendre les « invisibles » visibles, qui se traduit concrètement par les mesures suivantes :
-Revalorisation de la rémunération, avec Jean-Michel Blanquer déjà : en 2021 plus de 40 millions de revalorisation des 3 catégories. Entre 2021 et 2022 ce sont en tout 108 millions qui ont été dédiés à cette revalorisation
-Des actions de formation, de tutorat pour les nouveaux arrivants et de formation continue dans les écoles académiques de formation
-Une requalifiation des emplois, avec un plan pluriannuel de requalification de la filière administrative jusqu’en 2026
-Enfin, la QVT est un chantier crucial : Vincent Soetemont rappelle le rôle des GRH de proximité. 400 sont en place actuellement pour aider les personnels dans leurs difficultés au quotidien.
L’impulsion semble être donnée, il faut désormais qu’elle s’amplifie et s’inscrive dans la durée.
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Bonjour, je ne trouve pas cette étude que j’aimerais lire dans son intégralité. Merci pour votre aide !
Sophie
Bonjour,
L’étude est en lien dans l’article, cordialement, la rédaction