Des résultats d’admission au CRPE et CAPES 2022 alarmants, un nouveau master MEEF très critiqué par les étudiants et enseignants : face à la crise d’attractivité du métier de professeur, le Conseil supérieur des programmes vient de publier une série de propositions pour améliorer la formation et le recrutement. Elles concernent à la fois le premier et le second degré.
Dans un avis publié le 3 mars 2023 (PDF), le CSP indique que « les besoins de recrutement d’enseignants d’ici à 2030 […] représentent un renouvellement de 31 % de l’effectif du corps enseignant sur la base de 2019, soit 328 000 postes à pourvoir sur cette période ». Il souligne que « ces importants besoins de recrutement s’accompagnent d’une faible attractivité du métier d’enseignant qui se manifeste par une baisse tendancielle des inscriptions aux concours ». Cette situation « ne permet plus de garantir la qualité de tous les lauréats des concours », alerte le CSP.
15 scénarios pour faire évoluer le recrutement des enseignants
Le Conseil soumet donc dans cet avis 15 propositions de scénarios pour améliorer la formation et le recrutement des professeurs : huit pour le premier degré et sept pour le second degré.
Il relève certains points communs entre ces différents scénarios, entre autres « l’accompagnement financier des étudiants se destinant au métier d’enseignant, au moins à partir du master », ou « la subordination de la titularisation […] à l’obtention d’un master et à la validation d’une année de stage ».
En revanche, les variations entre les différentes propositions portent notamment sur la place du concours (en cas de maintien de celui-ci), les modalités de recrutement ou la mise en place d’un pré-recrutement.
Premier degré
Pour les enseignants du premier degré, le CSP propose par exemple un scénario instaurant une formation spécifique au métier de professeur des écoles et un pré-recrutement précoce. Il se caractérise en particulier par la « création, dans les INSPÉ, d’une filière ‘Professorat des écoles’, accessible à la fin de la L1 et se poursuivant jusqu’en M2 », par des « épreuves de pré-recrutement […] en fin de première année de licence », et par la validation du recrutement en tant que stagiaire en fin de M2 grâce à deux épreuves orales ». Le pré-recrutement permet d’accéder « au statut rémunéré d’élève professeur des écoles avec un engagement de servir l’État pendant dix ans ».
Ainsi, ce scénario présenterait l’avantage d’offrir une « orientation et sélection au plus tôt du cursus », ainsi qu’un accompagnement financier des étudiants dès la L2. En revanche, il aurait un certain coût financier pour l’Etat qui devrait assumer quatre années de formation d’ « élèves-professeurs fonctionnaires », et les deux paliers successifs dans le recrutement risqueraient « d’être perçus comme la succession de deux concours ».
Second degré
L’un des scénarios proposés par le CSP pour le second degré instaure un « recrutement local sur liste d’aptitude ». Dans ce scénario, « les titulaires d’un master MEEF mention second degré sont automatiquement inscrits, pour une durée maximale de cinq ans après l’obtention du master, sur une liste d’aptitude (nationale ou académique) à l’exercice du métier de professeur du secondaire dans une discipline donnée ». De même pour les titulaires d’un master disciplinaire, qui pourront « prétendre à l’inscription sur la liste d’aptitude, pour une durée maximale de cinq ans, sur présentation d’un dossier justificatif ». Ensuite, « à l’ouverture d’un poste dans un établissement (collège ou lycée), chaque inscrit sur la liste peut postuler ». Il est ensuite évalué par une commission de recrutement, chargée de retenir le candidat jugé le le plus approprié « après examen de son dossier et entretien de motivation et d’évaluation de ses compétences disciplinaires et professionnelles ».
Ce scénario permettrait ainsi de supprimer « un concours qui ne permet plus aujourd’hui de pourvoir tous les postes en raison du défaut d’attractivité du métier et de la baisse avérée du niveau disciplinaire des candidats », de renforcer la « responsabilisation des INSPÉ dans la délivrance du master MEEF dans la mesure où il ouvre automatiquement l’accès à la liste d’aptitude », ainsi que celle des établissements dans le recrutement des enseignants. En revanche, il comporterait également un « risque d’aggravation des inégalités territoriales et sociologiques ».
J’ai été contractuelle en italien pendant plusieurs années. Lorsque je me suis préparée au Capes interne, je n’ai pas eu de poste et qui dit pas de poste…pas de possibilité de passer en interne. J’ai exprimé mon mécontentement…..et depuis silence radio de la part du Rectorat dont je dépends. J’ai changé de crèmerie. Je travaille désormais en CFA. C’est désolant qu’on ne fasse pas le nécessaire pour intégrer des adultes comme moi qui ont une belle expérience en Commerce International. Nous n’avons pas de formation comme les titulaires. On nous appelle la veille pour le lendemain. J’ai aussi travaillé pour un IUT de ma région……j’ai été payée 18 mois plus tard !!! Quant au salaire et bien c’est peu encourageant. Un professeur sérieux préparé ses cours, fais des évaluations, participe aux multiples réunions et Conseils de classe….j’estime à environ 55 heures de travail…..Faites le calcul, les professeurs sont des en fait smicards.
c’est quand même génial de lire:
» un concours qui ne permet plus aujourd’hui de pourvoir tous les postes en raison du défaut d’attractivité du métier et de la baisse avérée du niveau disciplinaire des candidats »
j’imagine René en réunion « les gars le métier manque d’attractivité, plus personne ne veut s’embêter à passer un concours pour bosser en banlieue parisienne pour 1500€, si on supprime le concours, on règle le problème! »
» si on supprime le concours, on règle le problème! »
Vu le nombre de contractuels t’inquiètes pas René ils y ont pensé ! Mais ça pose d’autres problèmes:
Les contractuels sont encore plus mal payés que les titulaires, avec aucune perspectives d’évolution en la matière. Coté attractivité c’est pas top…
Les fonctionnaires peuvent être déplacés au bon vouloir de leur administration, y compris et surtout dans la banlieue parisienne. Un salarié lui refusera les postes dans les zones dites sensibles… C’est d’ailleurs ce que font les contractuels aujourd’hui !
Donc non, je ne crois pas que cela va régler le problème…
Le Master MEEF est depuis sa création une coquille vide. SI on a le master et pas le concours le Master ne sert à rien. C'(est dire la valeur de son contenu… Les « formateurs » Inspé ont-ils tous été des professeurs du terrain hors pair ? NON. Les didacticiens ont-ils tous été d’excellents professeurs du terrain ? NON. Un master MEEF est une perte de temps. Une bonne licence qui serait obtenue sans compensation serait un garant d’un niveau académique convenable. Un concours pourrait suivre pour départager les candidats. Mais la pseudo formation mise en place – qu’elle s’appelle CPR – jusqu’en 1992 – IUFM, ESPE ou INSPE est une perte de temps. Les étudiants l’ont toujours dit. Mais l’idéologie dominante en a décidé autrement. Les salaires indécents – 5 ans d’étude, 1500 euros mensuels en premier salaire ? La réponse est là. Ajoutons le fait que l’enfant roi est à l’école et qu’il ne faut pas le brusquer. A l’université, dire à un étudiant qu’il est en retard au cours est un crime. Chacun doit mener sa vie comme il l’entend. On donne le bac avec mention pour avoir la paix sociale. Et les contractuels, étudiants qui n’oint pas eu le concours et dont le niveau est plus bas que bas, sont de plus en plus nombreux. Tout va bien, non ?
Une des questions éclairantes pour comprendre le problème du recrutement de ses profs et l’état actuel de notre système scolaire est :
Veut-on vraiment qu’une majorité des élèves réussissent ?
La réponse est non, si l’on en croit les résultats des évaluations scolaires souvent presentés en forme de courbe de Gauss.
C est un constat a été mis en évidence par un chercheur Mr Antibi et qui est nommé « la constante macabre d’Antibi ».
Quoi de moins surprenant ? Notre Ecole a tout autant une fonction de formation que de sélection ! Et pourquoi cela ? Malgré l’éducabilité de tous si leurs conditions de developpement sont réunies, il serait préferable, selon notre modèle socio-économique dominant, que seule une minorité des jeunes accèdent à des fonctions nobles, créatives et responsables. Aux autres, pour le dire de façon simpliste, les emplois pénibles, répétitifs et peu rétribués.
Les objectifs, programmes et moyens de l’Ecole française seraient conçus en ce sens. La preuve : sous couvert d’une illusoire égalité des chances, les fortes disparités organisationnelles et sociologiques entre les territoires et entre les écoles ou les établissements.
Cette réalité n’est pas neutre et sans effets. L’échec programmé d’une partie des élèves a des répercutions multiples.
1- Dans un contexte de globalisation et de mutations technologiques, un pays qui sacrifie une partie de sa jeunesse court au désastre. Nous le voyons avec notre dégringolade aux tests internationnaux PISA, PIRL, TIMSS, que l on pourrait mettre en parallèle ou correlation avec la fragilisation de notre économie, de notre industrialisation ou de nos services publics.
2- L’institution et l’enseignement n’attirent plus, autant par la médiocrité des rénumérations que par les conditions dégradées de travail et par la déconsidération des métiers du scolaire.
Pour le dire autrement, les facteurs de fragilisation de l’institution scolaire et de ses personnels sont aussi :
– Une évolution du rapport au savoir avec l’emprise des réseaux sociaux et du numérique sur les consciences. Autrefois, l’Ecole était le principal lieu de transmission des connaissances et du progrès. Le professeur n’est plus placé sur un piedestal.
– La desacralisation de l’institution scolaire par sa vive déconsideration par une partie des citoyens et des hommes politiques. . Un ancien président n’a-t-il pas dit que le curé est mieux placé que l’instituteur pour faire de l’éducation ? Mais, à notre époque, peut-on faire de l’enseignement sans faire de l’éducation et vice versa ?
– La place inquiétante donnée à l’enfant au sein de notre société. Enfant roi, investi par ses parents comme faire valoir d’eux-mêmes, mais aussi enfant esclave de ses pulsions, car le marketing et la publicité en jouent comme prescripteurs de consommation⁶ au sein des familles. Des parents contestent de plus en plus l’autorité de l’enseignant.
Ce tableau noir de l’état actuel de notre Ecole ne doit pas nous faire oublier les réussites, ici ou là, d’équipes pédagogiques soudées et courageuses, ni le position des meilleurs elèves français à égalité de leurs camarades étrangers.
Une nation ne peut toutefois s’en satisfaire. C’est l’ensemble de sa population qui doit relever les défis du moment pour avoir une chance de progresser.
@Lescaudron. Vous dites : « Veut-on vraiment qu’une majorité des élèves réussissent ?
La réponse est non. » Cette prémisse est fausse et entache de nullité le reste de votre discours. À la session 2020, 723 000 candidats ont obtenu le baccalauréat, ce qui porte à 87,0 % la part des bacheliers dans une génération. C’est donc la très grande majorité des élèves qui réussissent.
Ils « réussissent » parce qu’ils ont été surnotés! Mais demandez-leur d’écrire une phrase de syntaxe et orthographe correctes! Demandez-leur de rédiger un texte cohérent et, là, on pleure!