La moitié des enseignants travaillent au moins 43 heures par semaine, d’après une étude de la DEPP du ministère de l’Education nationale. Et ce pour tous les enseignants, du premier comme du second degré, de l’enseignement professionnel, et certifiés ou agrégés, développe Le Monde, jeudi 20 avril 2023.
Ce temps de travail important semble de plus s’alourdir au fil des ans. Plusieurs enseignants expérimentés en témoignent en effet, dénonçant la multiplication des tâches qui leur incombent :
Je confirme (sur une petite trentaine d’années). Tout le temps que j’ai pu gagner en organisation, anticipation, efficacité, a été absorbé par de nouvelles exigences et attentes : PPRE PAI, PPMS, PAP, Gevasco, Affelnet, projet d’école, équipe éducative, LSU..
— Sylvain GRANDSERRE (@GrandserreSylv1) April 19, 2023
Pareil… Avec des enfants en bas âge, on pouvait les emmener voir leurs grand-parents un week-end sur 2. Aujourd’hui ce sont des ados autonomes et bah papys-mamies c’est uniquement pdt les vacances scolaires et jamais un week-end entier.
— 🍓What_KATE_did_Ouvrez les fenêtres de la classe ✌ (@missvidaow) April 19, 2023
Le métier a beaucoup changé en un demi-siècle (en dehors des copies). Je pense, sauf à être démenti par des enquêtes antérieure, que la distribution du temps de travail s’est effectivement bien déplacée à la hausse. Ce que nos dirigeants semblent ne pas comprendre.
— JP Gerbal 🇪🇺🇫🇷 (@mathazay) April 11, 2023
D’autres enseignants reviennent sur ce nombre d’heures, 43 heures hebdomadaires : ils les dépassent largement :
Et la schtroumpfette est très en-dessous du temps de travail d’un PE, plutôt au-delà des 45h. Personnellement, PE enseignant-directeur en classe unique, je travaille entre 50h et 55h par semaine… les semaines calmes.
— Vindicien MAGNARD (@Vindicien) April 19, 2023
Perso, en tant qu'enseignant c'est plus 70 heures semaine que 35 h. Mais comme on travaille (en plus du lycée ) bcp chez soi,car il faut bien un espace calme pour préparer ses cours et corriger, on ne compte pas ses heures.
— dom.🐭 (@Sola_Lolotte) April 12, 2023
Image d’acccueil : Getty
Enseignante en lycée en SVT, le nombre hebdomadaire d’heures a baissé de façon drastique au courw des réformes. De 2003 a 2023 : De 3h30 en seconde à 3h. De 6h à 4h en 1ere S à 1ere Spe, idem en terminale. 1h30 en série L et 2h en série ES à 1h en tronc commun…
Résultats : le nombre de classes augmente. Donc le nombre de copies (à 35 par classe environ)… et de conseils.
Au delà de cet aspect, c’est la matière elle-même qui est méprisée , tandis que les progrès scientifiques avancent et qu’on nous demande d’avancer avec en les mentionnant… avec du saupoudrage. Donc des notions mal comprises, mal acquises, mal restituées, mal utilisées.
Il ne faut pas exagérer, on ne disposait pas autrefois d’ordinateurs ni de photocopieuses, beaucoup d’enseignants stockent cours et ds pour les donner l’année suivante en corrigeant à la marge avec un bon traitement de texte, notez aussi que l’année scolaire au lycée est quasiment terminée en avril ( nouveau bac) et je connais peu d’enseignants qui donnent des ds après cette date (avec des élèves en plus absents) n’oubliez pas non plus les 16 semaines de vacances et le mois de juin presque sans élèves, je n’ai jamais connu des semaines de 70h ! C’est généralement ce que nous disions pour contrer ceux qui nous accusaient d’avoir des conditions de travail bien plus généreuses que toutes les autres profession, il n’y a pas de honte à le reconnaître, le seul problème auquel on se heurte c’est la demotivation des élèves. La perte de valeur des diplômes que l’on donne généreusement à presque tous ce qui conduit à une baisse de niveau générale, tout étant lié !
Fils d’ouvrier très modeste, j’ai été maçon, plaquiste, aide soignant et je suis professeur en lycée général aujourd’hui. Mon père est fier mais il se demande pourquoi je fais encore ça. Je confirme, en toute honnêteté, que les 45 heures je les dépasse largement. Mes vacances, pardon, l’interruption pédagogique ( pour nos élèves) selon les textes, je travaille au moins une semaine pleine sur deux et l’été aussi, je ne reste pas sans rien faire pour la simple et bonne raison que l’avance que je peux prendre sera utile dans l’année quand on me donnera des tâches comme des réunions inutiles. Je ne compte pas mes heures. Mes week-end sont toujours travaillés. Et non je ne reprends pas les mêmes cours d’une année car le public change très vite et la pédagogie aussi. 12 ans de métier et je n’envisage pas toute ma carrière au service d’une institution sourde qui méprise ses personnels. Parlons aussi de la mobilité et des évolutions de carrière…. Pourtant l’enseignement a toujours été une vocation pour moi. Et je suis désolé mais le numérique a certainement facilité certaines choses,mais il a clairement ajouté une charge de travail supplémentaire. Nous ne sommes pas des privilégiés. Les études sont longues et les concours difficiles pour devenir enseignant. Nous avons travaillé pour être là où nous sommes. Je crois encore en l’école publique car c’est elle qui m’a permis de m’en sortir mais elle est aujourd’hui malade.
Après 40 ans de bons et loyaux services je suis partie à la retraite à 62 ans sans tous mes trimestres. Et ce parce que le métier m’a dévorée. Pour toutes les raisons que vous citez, je suis partie la mort dans l’âme parce que ce métier je l’adorais et il me manque mais je n’ai plus la force
J’ai lâché le lycée, professeur de lettres modernes, parce que j’étais usée ! Tous les soirs, tous les week-ends, une grande partie des vacances……..des copies, encore et toujours. Là je suis au collège pour souffler un peu. Je m’ennuie des cours de lycée. Pas des copies !! Et donc je retourne au lycée……folle ? Non, ce sera trois copies par trimestre, et basta ! Les élèves seront moins bien préparés au bac français et cela me fend le cœur….mais je ne veux pas revivre l’enfer pour un salaire beaucoup trop modeste. Et hors de question de signer le pacte ! Je vois les dégâts au collège. Rien de préparé, juste des heures accumulées par mes collègues pour gagner un peu mieux leur vie. Bénéfices pour les élèves ? Zéro !!