Dans une interview publiée par Les Echos mercredi 17 mai 2023, Pap Ndiaye ministre de l’Education nationale revient sur le pacte enseignant. Il indique que plus d’enseignants que prévu se disent prêts à l’accepter, et à remplir de nouvelles missions. Pour rappel, le pacte enseignant est un dispositif qui sera mis en place dès septembre prochain et qui proposera aux enseignants volontaires du premier et du second degrés ainsi qu’aux enseignants en lycée professionnel, d’effectuer de nouvelles missions rémunérées par des primes. Ces tâches étant réparties en trois unités ou « briques » pour reprendre les termes de Pap Ndiaye, payées chacune 1250 euros bruts pour 24H, dont la première, prioritaire, est le remplacement de courte durée. Les trois briques cumulées permettent donc d’augmenter son revenu de base de 3750 euros bruts annuels, pour 72h annuelles de missions supplémentaires.
En lycée professionnel, le pacte peut donner lieu à des augmentations jusqu’à 7 500 euros brut annuels – mais il doit être accepté en entier et n’est pas modulable.
Un réel besoin financier
Globalement, le pacte enseignant a été mal reçu par la communauté éducative lors de sa présentation, et même qualifié d’arnaque. Un professeur agrégé de mathématiques a ainsi fait le calcul : au niveau financier, accepter ce pacte est moins intéressant que faire des heures supplémentaires, aussi bien pour les agrégés, que pour les certifiés. De plus, les primes perçues dans le cadre du pacte sont imposables mais non prises en compte pour la retraite.
Par ailleurs, la Société des Agrégés s’est également montrée très défavorable à ce pacte, qui risque selon elle de « provoquer des dissensions ou une concurrence malsaine entre professeurs engagés et non engagés dans ces missions supplémentaires, voire encourager des pratiques de courtisanerie. »
Mais plusieurs enseignants ont fait part de leurs craintes quant à l’attrait financier que ce pacte pourrait tout de même représenter pour certains collègues, qui pourraient être contraints de l’accepter. Le problème financier ainsi que celui des IMP (indemnités mission particulière) et HSE (heures supplémentaires effectives) sont sources d’inquiétudes :
Comme je sens que toutes les HSE et IMP actuelles seront conditionnées à la signature du pacte, les gens vont signer, et c’est comprehensible.
— Alceste (@MonsieurAlceste) April 18, 2023
Mais des enseignants toujours hostiles au pacte
L’annonce de Pap Ndiaye laisse tout de même les enseignants sceptiques, et ils le disent clairement :
Peut-on avoir accès à l’étude « en interne » @education_gouv ?
— Denis Roth (@DenisBRoth) May 17, 2023
J’ai du mal à croire cela.
Pap Ndiaye : « Les enseignants se disent massivement prêts à remplir de nouvelles missions » https://t.co/ACaNU4pJ24
Dans une dimension parallèle sans doute.
— Corinne Guitteaud (@GuitteaudSF) May 17, 2023
Selon une étude perso très fiable, c’est loin d’être le cas… surtout si les « briques » sont imposables.
— Cathy déesse sans le savoir 🍓☕🗑 (@Cathydj2) May 17, 2023
Quel enseignant peut libérer des heures au debotté pour faire un remplacement ? Faut il imaginer qu’on ne fait rien en dehors des cours et qu’on attend qu’on nous appelle? Techniquement je crains fort que les collègues soient aussi occupés que moi. 170 élèves dont 140 dans des classes à examen du bac dans ma discipline. Autant de copies à corriger chaque mois minimum. 6 classes, 4 programmes (philo générale, philo TSTMG, HLP 1ere et terminale) et 3h sup. Comme beaucoup je fais largement mes 35h. Alors le pacte, j’aurais bien du mal à l’honorer !