Article publié le 3 juillet 2023, mis à jour le 4 juillet
Suite au décès tragique de Nahel, 17 ans, le 27 juin 2023 après un refus d’obtempérer, des violences urbaines ont éclaté un peu partout en France, causant des dégradations des biens publics. Maintenant que la situation semble se calmer, quel bilan pour les écoles ?
D’après les informations communiquées par l’Éducation nationale pour Vousnousils, la situation au 03 juillet fait état d’une atteinte à une école dans la nuit de dimanche à lundi et de la fermeture temporaire d’une dizaine d’établissements.
Une tension autour des établissements scolaires qui s’est quelque peu apaisée par rapport aux jours précédents. Le 30 juin, pas moins de 18 académies ont été confrontées à des problèmes similaires, avec environ 60 autres incidents affectant des établissements scolaires. La veille, le 29 juin, la situation était tout aussi inquiétante, avec une quinzaine d’académies concernées et pas moins de 50 incidents signalés dans tout le pays.
« Au total, 243 établissements ont été dégradés, une dizaine devront être reconstruits »
Le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, a fait un bilan au micro de RTL mardi 4 juillet. Au total, 243 écoles ou établissements scolaires ont été dégradés, dont une dizaine qui devront être partiellement ou complètement reconstruits. Pour le ministre, la dégradation avancée de certains établissements compromet l’accueil des élèves pour la fin de l’année scolaire, et pose des questions pour la rentrée. Pour lui, ces actes sont « profondément déplorables et profondément condamnables. »
Il ajoute : « Lorsque l’on s’attaque aux écoles, on s’attaque au symbole le plus vivant de la République. L’École, c’est le trésor de ceux qui n’en ont pas. »
Pour les syndicats de l’enseignement, ce drame et les violentes réactions qui ont éclaté par la suite témoignent d’une jeunesse qui se sent « abandonnée » par les institutions.
« Nous devons apporter des réponses à cette jeunesse »
Pour l’UNSA Éducation, qui regroupe plusieurs syndicats en son sein (SEP-UNSA syndicat de l’éducation populaire, SE-UNSA syndicat des enseignants, etc…), ce drame nécessite une prise de conscience forte et des réponses. « Il faut aussi appeler au calme. S’en prendre aux écoles, aux collèges, aux lycées, aux mairies et aux commissariats ne résoudra rien. En découdre avec les forces de police ou avec les pompiers, qui garantissent notre sécurité, n’a pas de sens. Mais nous devons apporter des réponses à cette jeunesse qui fait face, quotidiennement, à des situations économiques, sociales, scolaires difficiles; à des actes racistes. »
Dans un communiqué publié le 30 juin 2023, le syndicat Sud Éducation, qui rassemble les personnels de l’éducation de la maternelle au lycée, dénonce « sans relâche le traitement réservé par les pouvoirs publics aux quartiers populaires, où sont largement concentrées les personnes racisées, y compris en matière d’éducation. » Dans un nouveau communiqué daté cette fois du 02 juillet, il constate « les carences de l’Éducation nationale quant à la mise en œuvre de compensation du handicap ou d’accompagnement et d’adaptations pour les élèves en situation de handicap ou en difficultés scolaires ou sociales. »
Pour le syndicat, « Le manque de personnels AESH, de formation des personnels, le trop grand nombre d’élèves par classe et la casse des Rased engendrent une grande souffrance chez les élèves exclus des apprentissages, et chez les personnels incapables de les aider. Parfois, cet abandon des élèves par l’institution conduit à des situations de violences qui mettent en danger la santé et la sécurité des autres élèves. »
De son côté, le FSU SNUIPP, syndicat National Unitaire des Instituteurs, professeurs des Écoles et PEGC, réclame de réelles perspectives d’avenir pour les jeunes et les personnes qui les accompagnent. « Il faut des personnels soignants, éducateurs, enseignants, des bibliothécaires. Des moyens massifs pour l’école, la culture, le sport et les vacances. Il faut des logements décents pour toutes et tous, du travail et des transports gratuits. Il faut donner les moyens aux associations de quartiers. C’est de tout cela dont nous avons besoin pour offrir à l’ensemble de la population de réelles perspectives d’avenir. »
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