Qualifié de « honte » , de « choquant » par le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal, et la cheffe du gouvernement Élisabeth Borne, le contenu d’une lettre envoyée par le rectorat de Versailles à la famille d’un lycéen de Poissy (Yvelines) qui s’est tragiquement suicidé à la rentrée a provoqué une vive réaction.
Les faits de harcèlement avaient pourtant été signalés au cours de l’année scolaire 2022/2023 et avaient été portés à l’attention du proviseur de l’établissement, puis du rectorat. En réponse, un suivi de l’élève avait été mis en place, et une plainte avait été déposée au commissariat.
Mais le 4 mai 2023, le rectorat de l’Académie de Versailles avait adressé une lettre aux parents, adoptant un ton menaçant en évoquant « un supposé harcèlement subi » par l’élève. Dans la lettre, les parents étaient exhortés à adopter « une attitude constructive« , et l’article du Code pénal qui punit les dénonciations calomnieuses avait été mentionné.
« On ne peut pas parler à des parents d’élèves de cette façon »
Invité au micro de Sud radio, Grégoire Ensel, président de la FCPE (Fédération nationale des conseils de parents d’élèves des écoles), s’est exprimé sur le contenu du courrier : « Oui, c’est une honte ! On ne peut pas parler à des parents en souffrance, qui cherchent de l’aide et du soutien de cette façon. Je suis en colère, indigné. »
Pour lui, cette réaction du rectorat est complètement symptomatique d’ « à quel point le système éducatif est complètement grippé et tétanisé » devant les situations de harcèlement scolaire. Il estime qu’aujourd’hui, « dans les établissements, les équipes sont totalement démunies face au harcèlement. » Il rappelle par ailleurs que le harcèlement touche 10% des élèves, et que tous les établissements scolaires en France sont concernés.
Face à ces situations, Grégoire Ensel regrette notamment le manque de réactions. Pour lui, les établissements scolaires cherchent, « à chaque fois » , à en parler le moins possible. Et ce « pour éviter d’écorner la réputation de l’établissement. »
« Il faut comprendre que le harcèlement scolaire est le résultat d’années de suppressions d’enseignants »
Il estime qu’aujourd’hui une prise de conscience est nécessaire. « Il faut comprendre que le harcèlement scolaire est le résultat d’années de suppressions d’enseignants, de la disparition de beaucoup de médecins scolaires, d’infirmières, de psychologues scolaires, d’assistants d’éducation. » Il considère qu’il n’y a aujourd’hui plus assez d’adultes pour repérer les situations de harcèlement et les désamorcer. « Il faut qu’aujourd’hui, un enfant harcelé sache qu’il va être écouté, accompagné et entendu. »
Par ailleurs, Gabriel Attal a reçu en urgence dans l’après-midi du 18 septembre, tous les recteurs d’académie. Le ministre de l’Éducation nationale souhaite étudier l’ensemble des faits de harcèlement signalés l’année passée aux rectorats. Il a réclamé à tous les recteurs « un électrochoc » , et a insisté sur l’importance de protéger avant tout les élèves. Pour rappel, la lutte contre le harcèlement à l’école fait partie des « trois grandes priorités » identifiées par Gabriel Attal pour l’école.
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