Lors du dernier Conseil supérieur de l’éducation le 31 janvier 2024, la ministre de l’Education nationale Amélie Oudéa-Castéra avait annoncé la suspension des fermetures de 4 classes prépa parisiennes, programmées par le rectorat pour la rentrée 2024. Cet échec a conduit le recteur de Paris, Christophe Kerrero, à démissionner.
La « goutte d’eau »
Le recteur de Paris avait prévu, depuis mi-novembre, de fermer quatre CPGE parisiennes afin de financer l’ouverture de prépa destinées aux bacheliers professionnels et de parcours préparatoires au professorat des écoles. Dans une lettre adressée aux personnels éducatifs de l’académie de Paris ce 2 février, Christophe Kerrero annonce sa démission et souligne que « la reproduction sociale caractérise encore beaucoup trop notre système éducatif », et que « Paris en est un exemple, certains diront un miroir grossissant. Toute mon action aura été de vouloir inverser cette tendance, même modestement ».
La décision de suspendre les fermetures prévues à la rentrée 2024 a été la « goutte d’eau qui a fait déborder le vase » pour le recteur de Paris, selon un proche interrogé par le Parisien. Il « ne pouvait pas continuer à porter la carte scolaire après que la ministre Oudéa-Castéra l’a désavoué sans l’en prévenir dans une instance qui est le conseil supérieur de l’éducation » confirme une autre source dans le Monde.
Le ministère de l’Education nationale a réagi à cette démission du recteur par un message indiquant que « la ministre prend acte de sa décision et remercie Christophe Kerrero pour son action et son engagement reconnus en faveur de l’Education nationale ». Il précise que « toutes les mesures de soutien des élèves en termes de promotion et de mixité sociale prises par le recteur de Paris sont soutenues et financées ».
Les enseignants de prépa vent debout contre les fermetures
Depuis mi-novembre, les enseignants de classes préparatoires étaient mobilisés contre le projet du recteur de Paris de fermer quatre CPGE à la rentrée 2024 : les classes de khâgne et hypokhâgne des lycées Chaptal et Lamartine, la classe ATS bio du lycée Pierre-Gilles de Gennes et la classe d’ECG du lycée Jacques Decour. Christophe Kerrero estimait en effet que les prépa parisiennes ne comportaient pas suffisamment de mixité sociale et souhaitait ainsi financer l’ouverture de nouvelles prépa accueillant des bacheliers professionnels et des classes préparatoires au professorat des écoles.
Cependant, pour les enseignants concernés, les classes menacées de fermeture ne correspondaient pas du tout à l’image élitiste que s’en faisait le recteur. « La première année d’ECG au lycée Jacques Decour accueille 40% de boursiers et compte 47 élèves », soulignait ainsi Arnaud Jobin, enseignant de mathématiques en classe préparatoire. Et à Lamartine, « aucun élève de l’hypokhâgne n’a eu mention très bien au bac. En réalité, les classes préparatoires accueillent une diversité d’élèves assez importante, j’ai l’habitude de dire que les classes prépa sont des filières sélectives mais qui s’adressent à tout le monde ».
Plusieurs rassemblements d’enseignants et d’élèves avaient eu lieu en décembre et janvier, qui avaient finalement conduit la ministre, le 31 janvier dernier, à suspendre les fermetures. Une « reconnaissance par le gouvernement que les fermetures programmées n’étaient pas légitimes », selon le syndicat FNECFP-FO.
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