Article publié le 13 août 2024, mis à jour le 14 août 2024

Pour les économistes de l’OCDE, le système éducatif français est confronté à de nombreux défis « malgré une détermination à proposer une éducation de qualité » . Image : Getty

L’organisation intergouvernementale d’études économiques (OCDE) a dévoilé en juillet 2023 un rapport qui s’intitule : « Études économiques de l’OCDE : France 2024 ». Pour rappel, ces rapports ont pour but d’examiner la situation économique d’un pays. Et pour cette édition 2024, l’école française fait l’objet d’une attention particulière.

Les économistes de l’OCDE considèrent que le système éducatif français est aujourd’hui confronté « à de nombreux défis malgré une détermination à proposer une éducation de qualité. » Ils avancent par exemple que par élève, la France dépense plus pour l’enseignement que la moyenne des pays membres de l’OCDE. Ils estiment également que la France a entrepris de nombreuses réformes visant à améliorer les résultats scolaires des élèves. Néanmoins, ces réformes semblent pour le moment sans effet, les résultats des élèves français demeurant proches de la moyenne de l’OCDE, et en forte baisse dans certaines matières.

Un lien « particulièrement fort » entre milieu socioéconomique et résultats scolaires

Dans le rapport, l’OCDE insiste sur l’importance d’améliorer la mixité sociale au sein des établissements. L’organisation considère que « le milieu socioéconomique de ses pairs influe davantage sur les scores d’un élève que son propre milieu ».

Parmi ses recommandations pour l’école française, l’organisation propose d’allouer davantage de ressources en faveur des élèves défavorisés et de continuer à travailler avec les réseaux d’établissements privés sous contrat pour les inciter à modifier leurs pratiques de sélection.

Moins de profs pour mieux les payer ?

La mixité sociale des établissements scolaires ne constitue cependant pas la seule préconisation de l’OCDE pour l’école française. L’organisation recommande également une meilleure formation, de meilleures perspectives de carrière et de meilleures conditions de travail pour les enseignants. Ainsi, l’OCDE propose de relever les salaires (qui sont par ailleurs inférieurs à la moyenne de l’OCDE) et de diminuer le nombre d’enseignants. « Même si la rémunération des enseignants constitue le principal poste de dépenses de l’enseignement formel, et même si l’assainissement budgétaire reste une priorité, le nombre d’élèves est en baisse. Cette baisse du nombre d’élèves se traduira mécaniquement par un ajustement du nombre de postes d’enseignants, et elle pourrait permettre de faire évoluer la structure de la dépense et constituer un levier de transformation » justifie le rapport.

Par ailleurs, l’OCDE semble dubitative vis-à-vis des enseignants agrégés. Si elle reconnait que la différence de salaire avec les autres enseignants est justifiée du fait d’une meilleure qualification, « le fait que les enseignants titulaires du diplôme d’agrégation enseignent moins d’heures apparaît plus discutable. »

Davantage d’autonomie pour les établissements scolaires

Parmi ses recommandations, l’OCDE plaide également en faveur de davantage d’autonomie pour les établissements scolaires qui seraient alors dotés d’un manager responsable de la paye et de l’embauche des enseignants. « Une responsabilité accrue des établissements dans la sélection des enseignants a été corrélée à l’obtention de meilleurs résultats aux tests et une plus grande autonomie des écoles dans la nomination ou l’embauche des enseignants est associée à une répartition plus équitable des enseignants expérimentés dans les école », affirme l’organisation.

Cette recommandation rejoint le projet d’Emmanuel Macron pour l’école. En 2022, le chef de l’État avait annoncé à l’occasion d’un déplacement à Marseille vouloir généraliser ses « écoles du futur ». Ces écoles, ont un fonctionnement assez proche de la recommandation de l’OCDE puisqu’elles consistent entre autres, à donner plus d’autonomie aux établissements, en permettant le recrutement des enseignants par les directeurs d’école eux-mêmes ou la réalisation de projets « innovants ». Pour justifier cette autonomie, Emmanuel Macron expliquait à l’époque qu’on ne pouvait pas « fonctionner de la même manière à Amiens Centre, à Marseille quartiers nord et à Clichy-sous-Bois. »