
Sujet à polémique depuis sa création en 2013, le Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) est aujourd’hui menacé de disparition. Le 10 avril 2025, l’Assemblée nationale a en effet voté sa suppression, dans le cadre de l’examen du projet de loi relatif à la simplification de la vie économique. Cette autorité indépendante, chargée de l’évaluation des laboratoires de recherche et des formations des établissements d’enseignement supérieur en France, était régulièrement critiquée par une partie de la communauté universitaire, qui lui reprochait notamment d’alourdir la charge administrative des établissements du supérieur et d’uniformiser leurs critères d’évaluation.
« Une attaque frontale contre les libertés académiques »
La possibilité de sa suppression a soulevé une vague de réactions indignées, à commencer par le gouvernement lui-même. Le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Philippe Baptiste dénonce ainsi « une attaque frontale contre les libertés académiques », qui « ferait de la France une exception inquiétante parmi les démocraties avancées ». De même, France Universités affirme que l’indépendance du Hcéres « à l’égard des pouvoirs et des idéologies, actuelles et futures, est un rempart pour les libertés académiques. Quand les libertés académiques sont ainsi attaquées, c’est notre démocratie qui est ébranlée », affirme l’organisation.
De son côté, la Conférence des grandes écoles souligne que la suppression du Hcéres conduirait à « la conduite d’une évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche tributaire des aléas et du pouvoir politiques, dont les Grandes écoles, ainsi que tous les opérateurs de l’ESR évalués par le Hcéres (Universités et organismes de recherche principalement), ne pourraient que grandement souffrir ».
« Une logique managériale, une culture du chiffre et de la performance qui dénature le travail universitaire »
Dans un communiqué, la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques estime quant à elle qu’ « une telle suppression, sans solution de repli ni études d’impact, aurait de graves conséquences pour le système d’enseignement supérieur et de recherche français ». Si elle reconnaît que « le HCERES fait l’objet de critiques nombreuses et, souvent, justifiées », elle « défend l’existence d’une instance d’évaluation indépendante de la tutelle » et « propose d’engager en urgence le travail de réforme du HCERES ».
Sud éducation en revanche, se réjouit de l’issue du vote, estimant que le Hcéres, « sous couvert d’’évaluation indépendante’, impose une logique managériale, une culture du chiffre et de la performance qui dénature le travail universitaire et renforce la mise en concurrence des établissements ». Même son de cloche du côté de la CGT FERC sup, qui rappelle que « ces dernière semaines, l’agence s’était illustrée par une salve d’avis massivement défavorables lors de son évaluation des établissements d’enseignement supérieur et de recherche notamment de la banlieue parisienne et des Hauts-de-France, participant ainsi à la dévalorisation d’établissements parmi les plus mal financés, malgré le travail sans relâche de nos collègues de ces établissements ».
Le texte doit désormais être examiné par la Commission mixte paritaire.
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