Après le concours, les futurs enseignants devront suivre une formation professionnalisante de deux ans, rémunérée. Image : Getty

Un décret encadrant la réforme des concours enseignants a été publié au Journal officiel le 19 avril 2025. Dès le printemps 2026, les concours de recrutement, dans le premier comme dans le second degré, seront ouverts aux étudiants titulaires d’une licence (bac+3). L’objectif : faire face à la crise de recrutement que traverse l’Éducation nationale. Jusqu’à présent, il fallait justifier d’un master (bac+5) pour pouvoir se présenter aux épreuves du CRPE ou du CAPES.

Dans un premier temps, les deux concours cohabiteront : en 2026 et 2027, ils pourront être passés à la fin de la licence comme à la fin du master. Mais dès 2028, seul le concours à bac+3 sera maintenu. Ce décret concerne les professeurs des écoles, les enseignants du second degré (certifiés, d’EPS, de lycée professionnel), les CPE, ainsi que les maîtres de l’enseignement privé sous contrat.

Une formation professionnalisante sur deux ans

Le concours ne marquera plus l’entrée immédiate dans le métier. Une fois admis, les futurs enseignants devront suivre une formation professionnalisante de deux ans, rémunérée. Ils toucheront 1.400 euros nets la première année, et 1.800 euros nets la seconde. Par ailleurs, pour préparer le concours du premier degré, une licence spécifique professorat des écoles (LPE) sera mise en place à partir de la rentrée 2026. Pour les épreuves du premier degré, les candidats qui auront validé l’ensemble de cette licence seront dispensés des épreuves d’admissibilité à partir de 2028.

Il y a un an, Emmanuel Macron avait déclaré à ce sujet vouloir faire des « écoles normales du XXIe siècle » afin de répondre à la crise du recrutement des enseignants, réforme finalement repoussée à la suite de l’instabilité politique du pays.

« Une allure de 49.3 »

Si le gouvernement présente cette réforme comme une réponse au manque d’attractivité du métier, les associations et les syndicats enseignants, eux, s’inquiètent. « Ça a quand même, sur la forme, une furieuse allure de 49-3 éducatif » alerte Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, sur Franceinfo. Elle dénonce un passage en force : « Le décret est publié aujourd’hui alors même que les discussions avec les organisations syndicales ne sont pas terminées, ajoute la secrétaire générale du syndicat enseignant. Nous avons encore un certain nombre de réunions dans les prochaines semaines et la ministre fait comme si ces réunions n’existaient pas. ». De plus, des inquiétudes émergent également quant au niveau de formation des candidats. « En recrutant des étudiants à Bac +2,5, on craint qu’il n’y ait pas cette maîtrise de la discipline qu’on va enseigner et donc un recrutement qui soit au rabais » déclare t-elle.

D’autres syndicats, comme le SNUEP-FSU (syndicat de l’enseignement professionnel), expriment également leur opposition. Dans un communiqué, le SNUEP demande « l’arrêt immédiat de cette réforme et l’ouverture d’une concertation sérieuse, en toute transparence ». Il déplore des décisions « précipitées », prises selon lui dans une « logique strictement budgétaire », au détriment des élèves des lycées professionnels et des futurs enseignants.