Le CNESCO, Conseil national d’évaluation du système scolaire, publie aujourd’hui une étude sur l’apprentissage des langues étrangères dans le premier et le second degrés (portant sur l’anglais, l’allemand et l’espagnol). Pour ce qui est de l’anglais, un chiffre très positif pour commencer : « les élèves de 3e ne sont que 18 % à déclarer ne pas du tout ou ne pas beaucoup aimer l’anglais, et 59 % considèrent qu’il est très important de connaitre l’anglais. »
Le contact des élèves de 3ème avec la langue anglaise est très fréquent au quotidien, au travers de l’écoute de la musique et des chansons, mais également grâce à internet (50 %) et aux jeux vidéo (49 %).
Autre chiffre encourageant : 34 % des élèves de 3e déclarent regarder, au moins une fois par semaine, des émissions, des films, des vidéos ou des séries en anglais avec des sous-titres en français.
Malgré ces bons chiffres, au collège, 73 % des élèves déclarent passer moins d’une demi-heure par semaine à faire leurs devoirs d’anglais.
Les résultats des évaluations des compétences des élèves menées dans le cadre de cette étude ne sont pas non plus très positifs : en fin de primaire, seul un élève sur deux en anglais atteint le niveau requis et moins d’un sur trois en allemand.
« Se faire comprendre »
La compétence « Se faire comprendre » en fin de collège est également problématique, lit-on dans l’étude : « un nombre très important d’élèves rencontrent des difficultés à se faire comprendre. En anglais, 75 % des élèves ne sont pas capables de produire une langue globalement correcte. Ils sont 73 % en espagnol et 62 % en allemand. »
Concrètement, cela se traduit par « un vocabulaire limité », « des difficultés grammaticales » et « une prononciation hasardeuse. »
Le rapport insiste par ailleurs sur le peu d’occasions qu’ont les élèves de s’exprimer à l’oral en classe, ce qui est directement lié au trop grand nombre d’élèves par classe. « Il n’est pas rare d’avoir 30 élèves au collège et la même chose en lycée. Ils n’ont pas la possibilité de s’exprimer dans des cours avec des effectifs adaptés » juge ainsi Elsa Goupil, professeur d’anglais SNES à Paris, interrogée par BFMTV.
En conclusion, le niveau des élèves français en langues étrangères est en-deçà du niveau attendu dans le cadre de leur scolarité :
« En anglais, le niveau attendu en fin de collège est le niveau A2, il est atteint par 39 % des élèves en expression écrite, 26 % en compréhension de l’oral et 23 % en compréhension de l’écrit.
En espagnol également, moins d’un tiers des élèves atteint le niveau attendu (A2) dans les trois domaines (27 % en expression écrite, 27 % en compréhension de l’oral et 30 % en compréhension de l’écrit). »
Un niveau en-deçà des attentes
Le niveau des élèves est également en-deçà des autres pays européens : « c’est particulièrement en compréhension de l’oral que l’écart est important avec les autres pays européens. Lorsque la France ne fait atteindre le niveau attendu qu’à 26 % des élèves en compréhension de l’oral, la moyenne européenne est à 46 %. »
Pour remédier à la situation, le jury ayant conduit cette étude propose 4 pistes :
-travailler sur l’oral de manière progressive (la musicalité en maternelle, l’écoute dès le CP, l’expression dès le CE2, les stratégies de compréhension au collège et lycée), guider les élèves vers l’autonomie en s’appuyant sur les outils numériques
–une évaluation tournée vers un « droit à l’erreur »
–proposer des cours de langues d’une durée plus courte mais plus régulièrement
-repenser le recrutement et la formation des enseignants en langues
Maman de 2 collégiens (5eme, avec 14/20 , et 3eme avec 17/20 de moyenne générale en anglais) je suis très étonnée de la façon dont l’anglais leur est enseigné (je n’ai que l’enseignement que j’ai moi-même reçu en collège classique comme élément de comparaison, plus les discussions avec d’autres mères):
J’ai l’impression que l’anglais leur est enseigné de manière globale, comme la lecture il y a quelques années… ils ne connaissent pas du tout les règles de base en grammaire, apprennent quelques verbes irréguliers de temps en temps, certains seulement au preterit, d’autres en ajoutant le participe passé, mais ce n’est pas solide du tout…il me semble que la vieille méthode de la liste par coeur, avec sa musicalité, restait plus facilement dans les têtes, et ceci sans vouloir prôner le « c’était mieux de mon temps »…
Lorsque nous voyageons, ils ne sont pas capables de sortir une phrase, ni de comprendre ce qu’on leur dit. Mais peut-être ai-je oublié, et que ce n’était pas mieux « à mon époque »…??
En aidant mon fils en 5eme à préparer son évaluation d’anglais cette semaine, je me suis rendue compte qu’il ne savait pas ce que signifiait « when, where, who ».., il connaissait la signification de » what « , c’est tout… j’ose à peine imaginer le niveau de ses camarades qui n’ont pas la moyenne …
En voulant leur faire voir des films, des séries,écouter des chansons en anglais, n’oublie t-on pas que sans les bases, il est bien difficile de construire une phrase?
Je m’adresse à vous, enseignants,dans mon ignorance et sans vouloir critiquer les méthodes, mais en essayant de comprendre; qu’en pensez-vous? quelles sont les directives?
Bonjour,
Je suis professeur d’anglais au lycée et je fais les mêmes constats. Un élève de seconde n’a pratiquement rien fixé en terme de lexique et de grammaire et même pour certains n’ont jamais entendu certains sons.
Pour beaucoup, ils n’ont jamais appris à structurer la langue, ils n’ont pas jamais appris une leçon. 4 ans de collège, cela fait un nombre d’heures d’anglais conséquent qui coûtent très cher à la collectivité et pourtant ils sont très peu à pouvoir tenir une conversation. Vous ajoutez les effectifs et les horaires… 2h45 en seconde, 2,15 heures et 2 heures en terminale…plus vous avancez dans vos études, plus les horaires diminuent. De plus, les familles laissent filer les lacunes d’année en année.
Il faudrait pratiquement au lycée repartir de zéro et enseigner la grammaire, le lexique d’une manière plus classique.
Il faudrait renoncer à l’horaire officiel et ne pas hésiter à dédoubler et faire des cours plus individualisés. Aujourd’hui, les textes officiels ne le permettent pas et pourtant, je suis persuadé que ce serait une des solutions.
Bonsoir
je suis enseignante en collège REP depuis 15 ans et je suis moi aussi affligée de voir que les élèves ne maîtrisent pas la construction d’une phrase en anglais. Et pourtant, je travaille régulièrement points de grammaire, conjugaison avec des activités d’entraînement pour faire entrer ces éléments dans leur mémoire.
D’année en année, j’ai vu le niveau des élèves décroître de façon inquiétante, mais j’avoue ne pas avoir de recette miracle pour les faire travailler, et surtout reprendre à la maison ce qui est fait en cours.
A noter aussi qu’il y a encore quelques années, le niveau exigé en fin de collège était un niveau B1, et aujourd’hui après la réforme du collège, le niveau exigé est A2. On nous demande donc de baisser nos exigences, ce qui me fait bondir, mais même en baissant les exigences, on a du mal à obtenir un minimum.
J’ai eu la curiosité de changer de collège l’an passé pour me retrouver dans un collège rural standard, et le constat n’est pas mieux.
J’avoue ne plus savoir si je dois adapter mes cours au niveau des élèves ou exiger des élèves qu’ils s’adaptent à mes cours….
J’aime bien le « repenser le recrutement et la formation » : on nous demande au concours d’avoir un niveau excellentissime dans la langue et d’être excellent en didactique. Soit. Comme le soulignent des personnalités comme Paul Taylor ou Sébastien Marx, si les français sont nuls en langues, c’est parce que les profs ne sont pas natifs (hispanophones, germanophones, anglophones…). Même si j’apprécie ces deux humoristes, le principal problème à mes yeux vient d’une totale déconnexion entre monde réel et école : une bonne partie des élèves veut s’amuser, ne plus avoir des choses qui ressemblent à des cours…Euh ok mais alors, je fais seulement des jeux ? Ah ouais mais attention, il faut une construction, une tâche finale, une tâche intermédiaire, la liste des compétences du CECRL, les activités langagières, la médiation culturelle, l’accompagnement personnalisé et miracle, en sachant où il va, l’élève de langues deviendra excellent ! Personnellement, les seuls que je vois progresser sont ceux qui savent qu’il faut travailler de temps en temps. J’ai commencé à enseigner au lycée et j’ai vu – de très nombreux bons élèves et d’autres en difficulté – que les problèmes reviennent souvent du début, mais aussi du temps qui passe sans fixation. Est-ce la faute du prof, des parents, des élèves, du cadre, de l’institution, du ministre, du président, du modèle de société actuel ?
Sans doute un peu de tout mais encore une fois, tant que les élèves iront à l’école avec le sentiment que lorsqu’ils en sortiront, ils ne pourront s’en sortir que par chance, par la famille, le piston ou la triche, ben, je crois qu’ils n’auront aucune motivation pour apprendre quoi que ce soit. J’ai la chance d’avoir des sixièmes depuis deux ans et je leur dis la même chose « en sortant de la classe à la fin, je veux que tout le monde sache son verbe être, ses pronoms sujets et compléments, dire son âge et où il habite….et ce sera déjà pas mal. »