Cela fait de nombreuses années que la restauration scolaire est pointée du doigt, à la fois par les enfants, mais aussi par leurs parents. Soucieux de la qualité des aliments que consomment leurs enfants, ils cherchent à trouver le moyen de comprendre concrètement quel est le problème de la cantine et bien souvent, ils décident d’agir. Tour d’horizon des initiatives qui font bouger les choses.
À Paris, des parents d’élèves ont créé un collectif qui se mobilise pour l’amélioration de la qualité des cantines du XVIIIe arrondissement. Leur objectif est simple : photographier dès que possible les plateaux repas servis pour comprendre pourquoi les enfants les boudent. Et force est de constater que le visuel ne correspond pas au plat annoncé. Le collectif de parents s’inquiète aussi de la qualité de certains aliments. En effet, bon nombre de repas contiennent des additifs, ou trop de sucre.
Pour ces parents, la cause principale de cette malbouffe scolaire est la cuisine centrale, qui confectionne également les repas pour les enfants du IIe arrondissement de Paris, et qu’ils jugent « peu adaptée à la conception de 14.000 repas par jour ». Ils espèrent une augmentation de la part du bio et la fin des barquettes en plastique.
Le plastique c’est pas fantastique
À Bordeaux, à Montpellier, ou encore à Strasbourg, les parents s’activent au sein du collectif « Cantines sans plastique France » pour que les enfants ne mangent plus dans des barquettes en plastique, ou que les plats ne soient plus réchauffés dans cette matière qui, à terme, peut être à l’origine de cancers, troubles de la fertilité, pubertés précoces ou surpoids. Autant de dangers que dénonce l’ASEF, un réseau de médecins spécialisés en santé environnementale, et Sandra Franrenet, auteure du « Livre noir des cantines scolaires » qui explique : « la malbouffe n’est pas liée qu’à la junkfood. Dans les cantines aussi on sert des plats industriels et insipides qui ont un impact sur la santé des enfants. De nombreuses études montrent le lien entre maladies chroniques (obésité, diabète, cancers), et les plats ultra transformés qui se retrouvent dans les assiettes. »
Dans la région lyonnaise, les parents d’élèves font le pari de l’auto-gestion des cantines, ce qui permet d’offrir aux enfants des repas où le bio et le local sont mis à l’honneur. À Bibost et à Sourcieux-les-Mines, par exemple, les parents ont monté des associations pour que leurs enfants mangent mieux à midi. John Mumford préside depuis 2016 l’association des parents d’élèves de Sourcieux-les-Mines et il ne tarit pas d’éloges sur les deux chefs – aussi parents d’élèves- en cuisine. Dans ce petit village, manger local n’est plus un combat. « Non seulement on aide les agriculteurs mais au-delà de ça, on sait ce que nos enfants ont dans l’assiette. » Cette logique ne coûte que 4,30 euros par repas ajoute fièrement John Mumford. C’est le prix moyen d’un repas dans la région lyonnaise, et d’autres communes commencent à s’y intéresser. En effet, début juillet, l’association des parents d’élèves de Sourcieux-les-Mines a dévoilé lors d’une conférence son business plan à plus d’une dizaine d’associations, de communes, et de sociétés qui souhaitent s’affranchir de leur prestataire habituel. John Mumford est très satisfait de ces contacts noués partout en France, d’après lui c’est le signe « que les choses changent dans le bon sens ». Il sait que beaucoup de parents sont insatisfaits de ce que les enfants mangent. Preuve de son succès, les bons petits plats cuisinés dans la cantine de Sourcieux-les-Mines sont désormais livrés à l’école Montessori de l’Arbresle depuis cette rentrée.
Pour John Mumford et Sandra Franrenet, pour que de tels projets puissent voir le jour, il faut le soutien des mairies, qui subventionnent les cantines. Sans réelle volonté politique, la qualité ne se retrouvera pas dans toutes les assiettes.
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