Le premier ministre Edouard Philippe était en déplacement à la préfecture de Bobigny ce jeudi 31 octobre. A ses côtés, pas moins de cinq ministres : ceux de l’éducation nationale, de l’intérieur, de la ville et du logement, de la justice, de la santé. L’objectif : présenter une série de 23 mesures destinées à renforcer les moyens de l’État en Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France.
Sur le fond, les mesures consistent à accompagner le département sur 5 axes : santé, fonction publique, sécurité, justice, éducation. Un plan bienvenu mais encore insuffisant selon les élus.
Une prime de 10.000 euros pour les fonctionnaires de Seine-Saint-Denis
Au niveau de l’Éducation nationale, la Seine-Saint-Denis connaît un fort « turn-over » de ses personnels et des problèmes de remplacement des enseignants absents. Dans ce département, « les professeurs des écoles sont neuf fois plus nombreux à partir qu’au niveau national. En termes de niveau scolaire, 8 % des élèves de 6e ont un retard scolaire de 2 ans ou plus. », écrit l’AEF.
Dans ce contexte, l’Etat a annoncé un plan intitulé « L’État plus fort en Seine-Saint-Denis » qui vise à « transformer le département dans les dix ans qui viennent. » Il prévoit notamment une « prime de 10 000 euros » à destination des fonctionnaires, dont les enseignants. Seul impératif : rester au moins cinq ans en poste dans le département. Cette prime sera mise en place dans le courant du premier semestre 2020 et versée en une fois au bout de ces 5 années. Par ailleurs, l’État financera aussi les études des jeunes boursiers de Seine Saint-Denis, à condition aussi d’exercer au moins trois ans dans leur département.
Autre mesure : 20 millions d’euros seront destinés au bâti scolaire du département. Il s’agit notamment, selon Matignon, d’accompagner les communes dans l’aménagement des locaux pour rendre effectif le dédoublement des classes, à compter de 2 millions d’euros par an pendant 10 ans. En matière d’éducation prioritaire, le gouvernement souhaite créer des « groupes d’appui éducatif localisé » (GAEL) au niveau des 57 réseaux d’éducation prioritaire de Seine-Saint-Denis afin de « renforcer l’encadrement à l’intérieur et à l’extérieur des établissements ». L’Etat vise aussi l’objectif de 500 étudiants de Seine-Saint-Denis pré-recrutés chaque année d’ici trois ans dans le cadre du contrat de préprofessionnalisation enseignant. Enfin, le plan prévoit « d’accorder une priorité aux agents travaillant en Seine-Saint-Denis pour bénéficier de la bourse au logement des agents de l’État ».
« Le verre reste encore à moitié voire au deux-tiers vide »
Des mesures globalement bien accueillies par les élus. « C’est un plan que l’on peut qualifier de sérieux et de documenté », réagit Xavier Lemoine, maire LR de Montfermeil. « Ce sont des mesures importantes qui touchent un spectre assez large des besoins, de l’école à la santé en passant par la police et la sécurité, et qui correspondent aux spécificités du département », renchérit Olivier Klein, maire socialiste (PS) de Clichy-sous-Bois. Toutefois, les élus de Seine-Saint-Denis estiment ce plan encore insuffisant pour rétablir l’égalité républicaine dans le département. « Ce sont des mesures intéressantes mais, vu les besoins, je pense que le verre reste encore à moitié voire au deux-tiers vide », résume Stéphane Troussel, président PS du conseil départemental.
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