Le 30 octobre 2019, la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation a confié à Géraldine Bannier et à Frédéric Reiss, deux députés français, une « mission flash » sur la mise en place de la carte des spécialités dans le cadre de la réforme du lycée. Cette mission vise à vérifier l’efficacité de cette nouvelle réforme, mise en œuvre dans les lycées depuis la rentrée 2019, et à apporter des pistes d’améliorations. Les députés ont récemment dressé un premier bilan dans leur rapport publié en fin d’année.
Des choix orientés par le sexe et l’origine sociale
Pour rappel, la réforme du lycée a mis fin aux trois séries de la voie générale. A la place, elles sont remplacées par des enseignements de spécialités, qui se couplent à un tronc commun de matières. En première, les élèves choisissent trois enseignements de spécialité, au rythme de quatre heures par semaine. En terminale, ils ne conservent que deux de ces trois « majeures », à raison de six heures par semaine.
Dans leur récent rapport, les députés parlent d’une réforme « généralement bien reçue » par les élèves « en raison de la liberté de choix qu’elle leur procure ».
Toutefois, quelques bémols sont pointés. Les députés parlent de « choix fortement déterminés par le sexe et l’origine sociale » des élèves. En effet, les mathématiques ont été « plébiscitées à 76% par les élèves d’origine sociale très favorisée, contre seulement 62 % des élèves d’origine défavorisée », expliquent-ils dans leur rapport. Dans les milieux favorisés, le choix est fortement guidé par les parents et ce sont les matières scientifiques qui sont les plus plébiscitées. Autre constat : le sexe a aussi un fort impact sur le choix des spécialités des élèves. A titre d’exemple, la spécialité ‘Numérique et sciences informatiques’ « a été choisie par 15 % des garçons et 3 % des filles ». La spécialité « Humanités, littérature et philosophie » a, quant à elle, intéressé 9% des garçons et 25% des filles.
En ce qui concerne la répartition de l’offre des spécialités sur le territoire, les députés semblent satisfaits. « L’objectif annoncé par le ministère que chaque établissement propose au moins 7 spécialités apparaît globalement atteint », notent-ils. « Seuls 13% des lycées concernés ne remplissent pas cet objectif ». La spécialité « langues, littératures et cultures de l’Antiquité (LLCA) » est la seule spécialité non représentée dans tous les départements. Au total, 18 départements n’en bénéficient pas.
Maintenir 3 spécialités en Terminale
Le rapport pointe aussi les possibilités offertes à l’élève en cas d’absence d’une spécialité dans l’établissement d’inscription. « Si son établissement a conclu une convention avec un autre lycée concernant cette spécialité, il peut suivre cette spécialité dans cet autre établissement. » Mais cette solution n’a pas « prospéré pour l’instant dans l’enseignement public. Elle a eu plus de succès dans l’enseignement privé sous contrat. », peut-on lire dans le rapport. L’élève a aussi le choix de changer d’établissement ou encore suivre son enseignement via le CNED mais cette solution n’a concerné que « 8 spécialités et seulement dans des établissements choisis ».
Enfin, des pistes d’améliorations ont été proposées par les rapporteurs. Ils préconisent, entre autres, d’intégrer les mathématiques dans le tronc commun. Pour eux, l’absence des mathématiques dans le tronc commun « a conduit beaucoup d’élèves à faire le choix de cette spécialité sans réelle appétence pour cette discipline. » Les députés proposent aussi de « rendre possible le maintien de trois spécialités en Terminale ». Le but : « « apaiser les inquiétudes des élèves, qui craignent que l’abandon d’une spécialité limite leurs choix dans l’enseignement supérieur. »
Les députés disent que les élèves considèrent que c’est mieux d’avoir plus de choix. En réalité, c’est une illusion. « Plus de choix » ne veut pas dire « mieux choix ». Il rend plus difficile la possibilité primordiale d’adapter son orientation à son projet de vie qui change avec la maturité. Plusieurs fois, le concept de « tester les matières pour en choisir une » a été testé en lycée professionnel et le résultat a été négatif car les jeunes ne s’investissaient psychologiquement dans rien. D’autant plus que les choix sont restreints par l’offre du lycée en spécialités et en triplettes (tous les assemblages de trois spécialités ne sont pas possibles) et par les contraintes de remplissages. Si moins de 35 élèves par spécialités, alors il faut prendre les heures dans la « marge horaire » qui sert à tout.
Les associations spécialisées dans les biais sexistes de l’orientation des jeunes filles avaient prévu que celles-ci auraient des choix qui seraient plus conformes aux stéréotypes car ces associations avaient des retours d’expériences. Elles savent que les stéréotypes sont plus prégnants dans la période de où la jeune fille se construit des repères d’adultes. Le mécanisme est le même que pour les jeunes issus de milieu social défavorisé.Le principe du nouveau lycée renforce le délit d’initié de l’orientation, inhérent à tout système d’orientation peu lisible car nécessitant des clés de compréhension réservés à l’élite. Comme d’habitude le discours de l’institution est hypocrite, ce qui va rajouter au sentiment d’incompréhension entre celles et ceux qui ont les clés de compréhension du monde et celles et ceux qui ne l’ont pas. Or, c’est le terreau de la radicalisation des jeunes des banlieues.
La possibilité de »faire une spécialité dans un autre lycée » était impossible à mettre en oeuvre car il faut aligner deux emplois du temps déjà trop contraints, .
Mettre des maths dans le tronc commun n’est pas une solution, car les « découragés des maths » qui auront dû mal avec les maths du tronc commun vont communiquer en résonance avec le racisme anti-matheux très prégnant dans la société. La solution est de donner, le choix entre deux spécialités en maths, une pour les jeunes qui veulent tester l’orientation vers les maths, et une pour proposer l’outillage et l’apprentissage de la rigueur nécessaires aux études économiques, sociologiques et technologiques. (même restriction de choix que pour les spécialités « arts » donc c’est possible.)
Franchement je vois pas pourquoi changer c est très bien, les élèves ont pris beaucoup les math, et comme ma fille qui a de grosses difficultés dans cette matière, elle a les matières scientifiques pour faire des maths. Il fait penser aux élèves qui ne sont pas matheux et que ça risquerait de faire descendre leur moyenne, donc j espère pour ces eleves que rien ne changera à ce niveau.
L’idée d’introduire les maths dans le tronc commun n’est pas mal et ensuite mettre en place l’option marhs expert en première pour celles ou ceux qui souhaitent approfondir.
Garder 3 spatialités c’est important aussi, si je prends l’informatique, il y a bcp de travaux en physique quantique en lien avec les sciences du numerique. Ce serait dommage pour nos futurs informaticiens de choisir entre maths/sciences du numerique ou physique/sciences du numerique.