Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education, était l’invité de France Culture ce matin. Face à Philippe Meirieu dénonçant une réforme du lycée « qui impose aux élèves quasiment dès la classe de seconde de préparer leur insertion dans Parcoursup » et des programmes beaucoup trop lourds, le ministre a défendu sa réforme.
Il a reconnu que les programmes étaient denses, en histoire en particulier, et qu’en maths et en physique, ils étaient très approfondis. Le ministre reconnaît aussi que cette réforme conduit à davantage de travail pour les élèves comme pour les enseignants. Mais il explique que rehausser le niveau est la plus forte mesure sociale que l’on puisse prendre. En effet, la réforme se fait d’abord au bénéfice de ceux qui n’ont pas d’autre ressource que l’école.
Quant à la spécialisation trop précoce dénoncée par Philippe Meirieu, elle conduira au contraire d’après Jean-Michel Blanquer à donner aux élèves plus le goût d’apprendre ce qu’ils auront vraiment choisi.
Globalement, la réforme vise à permettre à l’élève de mieux se préparer pour l’enseignement supérieur, où le taux d’échec actuel est beaucoup trop important. Pour le ministre de l’Education nationale, l’immobilisme n’était de toute façon pas la solution.
Et le lycée professionnel ?
Philippe Meirieu a répondu face au ministre que la réforme du lycée mettait avec les E3C les enseignants et les élèves en état de stress et de bachotage permanents. Il évoque également le grand oublié de la réforme du lycée : le lycée professionnel. L’enseignement général diminue considérablement de ses programmes, et le développement de l’apprentissage ne conduit selon lui qu’à sous-traiter une partie de l’échec et des difficultés scolaires au patronat.
Philippe Meirieu observe enfin, par rapport à cette réforme du lycée, mais aussi par rapport à la situation des enseignants du premier degré et celle des directeurs d’école, qu’il n’y a jamais eu une rupture aussi forte entre les enseignants et leur ministère.
En effet, la réforme se fait d’abord au bénéfice de ceux qui n’ont pas d’autre ressource que l’école ? Mais non, la réforme va se faire au bénéfice de tous ceux qui vont pouvoir s’offrir des cours particulier, de ceux dont les parents peuvent accompagner la scolarité. Elle aggravera simplement la sélection sociale avant l’Université.
C’est d’abord en primaire puis au lycée qu’il faut augmenter le niveau d’exigence.
Le faire en premier et seulement au lycée va bien évidemment creuser les inégalités.
Je suis prof de maths en lycée général et je m’en aperçois déjà ! Seuls les élèves aidés chez eux peuvent s’en sortir !
Par contre il est vrai que les nouveaux programmes de mathématiques sont excellent mais les élèves n’y sont pas préparés en amont.
Blanquer a oublié de dire que les programmes étaient infaisables et donc cela suppose de tricher sur les résultats (les E3C sont parfaits pour cela) et/ou d’abandonner les élèves les plus faibles.
Je rappelle que cette réforme du lycée est bâtie sur des dogmes faux, et il n’y a eu aucune vérification de faisabilité, ni d’impact sur les personnes concernées. La réforme du lycée a 4 défauts rédhibitoire qui auraient dû conduire à son abandon.
– Elle est basée sur l’orientation progressive dans son silo, alors que cette façon de voir est inefficace et rajoute du stress,
– Elle ne prend pas en compte le rôle fonctionnel relatif de l’expression écrite et des maths pour la poursuite des études, alors qu’il s’agit du moteur de la hiérarchisation des filières qui ne sera donc pas supprimée.
– Elle n’offre pas la diversité des niveaux en maths nécessaires pour les parcours supérieurs et détruira ainsi les compétences technologiques du pays. Vu les changements à gérer à cause de la pénurie annoncée de certaines matières premières et du changement climatique, ce choix met en danger à terme l’économie française.
– Elle rajoute de l’hypocrisie dans le système d’orientation et des inégalités sociales et territoriales, alors que les inégalités et les hypocrisies de l’orientation sont les moteurs des comportements radicaux des jeunes.