Colère, détresse psychologique, voire dépression… Plusieurs enquêtes internationales mettent en avant l’impact néfaste du confinement sur le moral. En France, des projets ont été récemment lancés pour évaluer les effets de la mise en quarantaine sur notre santé mentale.
35 % des confinés en détresse psychologique
En Chine, où certains habitants sont confinés depuis fin janvier, un questionnaire visant à évaluer les conséquences psychologiques de l’enfermement a reçu près de 53 000 réponses.
Publiée le 6 mars, l’étude révèle que près de 35 % des répondants ont ressenti de la détresse psychologique, 29,5 % à un degré moyen et 5 % à un degré élevé. L’étude recommande, entre autres, le déploiement d’un dispositif de soins psychologiques national, par exemple via téléconsultation.
Un confinement supérieur à 10 jours augmente les symptômes
En février dernier, une méta-enquête, parue sur le site The Lancet, analysait 24 études menées dans une dizaine de pays confrontés au confinement lors d’épidémies passées. Toutes signalaient un pourcentage élevé de symptômes de détresse psychologique chez les personnes confinées. Ces symptômes allaient de la forte irritabilité à la dépression, en passant par les insomnies, l’épuisement émotionnel, la colère ou même le stress post-traumatique.
L’enquête révélait également que la durée de confinement avait un impact important sur la sévérité des troubles psychologiques ressentis. Ainsi, une durée supérieure à 10 jours augmente significativement les symptômes chez les personnes confinées. Outre la peur de l’infection, les facteurs de stress sont l’ennui et la frustration causés par l’isolement, la rupture de certaines denrées essentielles comme la nourriture ou les soins médicaux, ou encore le manque d’informations claires de la part des autorités.
Des « hallucinations ou expériences de sortie du corps »
Du côté de la France, plusieurs études sont en cours pour évaluer l’impact du confinement dû au coronavirus sur notre santé mentale. Anne Giersch, directrice du laboratoire Neuropsychologie cognitive et physiopathologie de la schizophrénie de l’Inserm à Strasbourg, mène actuellement une enquête auprès de 100 volontaires sains. Elle leur a notamment posé des questions relatives aux angoisses, à la dépression, aux violences ou aux symptômes psychotiques liés au confinement.
« De précédents travaux ont montré que l’isolement peut participer à l’émergence d’hallucinations ou d’expériences de sortie du corps, une sensation de flotter en dehors de son corps, par exemple », explique-t-elle ainsi. Les données recueillies seront traitées par un programme informatique, en même temps que d’autres, issues de projets similaires. Anne Giersch espère ainsi « aider les pouvoirs publics dans leurs décisions concernant la durée et les conditions de confinement ».
Des enquêtes ouvertes à tous
Des scientifiques nantais ont également lancé une étude pour « comprendre l’évolution du vécu émotionnel, affectif, comportemental induit par la crise sanitaire, les effets du confinement et leurs conséquences psychosociales », comme l’explique une chercheuse sur le site de France Bleu. Toute personne de plus de 18 ans résidant en France peut participer à cette enquête.
Enfin, le Centre Ressource de réhabilitation psychosociale de Lyon propose également aux Français de participer à une enquête en ligne pour mieux comprendre leur vécu en période de confinement.
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