Texte d’Eddy Khaldi, Président de la Fédération nationale des Délégués départementaux de l’Education nationale (DDEN) pour le site Internet Débats laïques de Gérard Delfau.
Le serment de Vincennes a été prêté par les cinq organisations constitutives du CNAL (voir note 2) le 19 juin 1960, en réaction à la loi Debré du 31 décembre 1959.
L’abusive prétention de l’enseignement privé à assurer une mission de service public dénature le concept de service public.
Eddy Khaldi
La division absolue de l’enseignement en France
La crainte « de la division absolue de l’enseignement en France » est devenue réalité.
Caroline Fourest écrivait dans un billet du Monde « Depuis la loi Debré la République joue contre son camp »[1]. Sans compter, que cette loi Debré pourrait porter les germes de guerres civiles ou de religions à venir. Les événements dramatiques de janvier 2015 à octobre 2019 ont renforcé, plus encore, l’idée que l’unité, l’harmonie et la paix dans notre société doit s’appuyer, en premier lieu sur les principes républicains consubstantiels avec ceux de l’école de la République autour de la laïcité.
L’absolution de certains laïques à la loi Debré pour oublier le « Serment de Vincennes » du 19 juin 1960 est bien pire que trahir nos aînés, c’est renoncer aux valeurs citoyennes issues de la Révolution française de 1789 et à l’idéal républicain de l’École laïque.
Voici ce Serment qui, suite à l’adoption de la loi Debré du 31 décembre 1959, a été prêté le 19 juin 1960 à l’assemblée qui s’est tenue à la porte de Versailles, par les 30 000 délégués des 10 813 697 pétitionnaires et qui a été repris, l’après-midi, par 400 000 militants rassemblés à Vincennes par les cinq organisations constitutives du CNAL[2] :
« Nous, délégués des pétitionnaires des communes de France, représentant 10 813 697 français et Françaises de toutes origines et toutes opinions ayant signé la pétition solennelle contre la loi scolaire de division du 31 décembre 1959, faisons le serment solennel :
- De manifester en toutes circonstances et en tous lieux notre irréductible opposition à cette loi contraire à l’évolution historique de la nation ;
- De lutter sans trêve et sans défaillance jusqu’à son abrogation ;
- Et d’obtenir que l’effort scolaire de la République soit uniquement réservé à l’école de la Nation, espoir de notre jeunesse.
A chaque congrès, les DDEN restent fidèles au Serment de Vincennes[3]
Le débat sur l’École ne peut se dispenser de réfléchir sur l’organisation structurelle de celle-ci et la prise en charge par l’État de tout ou partie des moyens d’investissement et de fonctionnement humain et matériel pour « obtenir que l’effort scolaire de la République soit uniquement réservé à l’école de la Nation, espoir de notre jeunesse ». Ceci afin de fonder une école véritablement démocratique sur l’égalité entre citoyens et non pas sur la pluralité des communautés. La société doit créer une école laïque pour toutes et tous pour se perpétuer et se développer dans le vivre ensemble des citoyens en devenir.
Former la jeunesse de notre pays aux valeurs de la République est une exigence majeure pour en faire comprendre leur sens et leur portée et ainsi les faire partager [4]. C’est permettre à chacun d’avoir accès aux connaissances et doter chaque jeune des outils qui lui permettront de s’assumer en responsabilité dans la société de demain. Parce que l’accès de chacun aux connaissances, sans liberté de choix, menace la démocratie, et la première des exigences est bien que la République réaffirme par son système éducatif laïque la nécessité de respecter la liberté de conscience des élèves qui lui sont confiés, d’éveiller leur sens critique et d’œuvrer à l’émancipation de toutes et de tous.
- Caroline Fourest dans le Monde du 26 septembre 2009 : « La loi Carle une prime à l’exode scolaire »
- Fédération nationale des délégués départementaux de l’Education nationale (DDEN)- Ligue de l’Enseignement, FCPE, FEN (aujourd’hui UNSA-Education), SNI (aujourd’hui SE-UNSA)
- Extrait de la résolution 2019 adoptée au Congrès national des DDEN :«Les DDEN, fidèles au Serment de Vincennes, demandent l’abrogation des lois scolaires anti laïques de la loi Debré à la loi Carle afin de ne pas financer la concurrence de l’École publique et d’éviter les enfermements communautaristes. Les DDEN s’élèvent contre le financement par les communes des classes maternelles privées, suite à l’obligation de scolarité à 3 ans ».
- Onze mesures pour une grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République : voir : La mesure 1 : « Renforcer la transmission des valeurs de la République. »
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