Pouvez-vous présenter en quelques mots le collectif AESH/AVS en action ?
Le collectif a été créé en 2015. C’est un collectif indépendant, qui ne se trouve sous aucune bannière syndicale. Il compte plus de 10 000 membres sur Facebook, des AESH, mais aussi des parents, des enseignants, des membres d’associations liées au handicap. Nous sommes aussi très actifs sur Twitter.
Beaucoup de collectifs ont pour but d’informer, de relayer les informations. Le nôtre était aussi d’initier des actions, pour montrer aux collègues comment faire respecter leurs droits, et éviter qu’ils restent isolés. Nous avons été reçus plusieurs fois au ministère.
En quoi consiste le métier mal connu d’AESH ?
Les AESH travaillent du premier degré jusqu’au lycée, et même parfois dans le supérieur. Le but est d’accompagner l’élève en situation de handicap en classe, pour qu’il acquiert un maximum d’autonomie. En quelque sorte, l’objectif est qu’il n’ait plus besoin de nous !
Le métier est donc très différent d’un handicap à l’autre. On peut accompagner des élèves en situation de handicap moteur, des élèves dys, des élèves avec un trouble autistique…
Mais depuis la mise en place des PIAL, nous pouvons être amenés à suivre 5 à 7 enfants avec un handicap différent. C’est difficile de jongler avec autant de handicaps différents dans la même journée, voire la même demi-journée.
Les accompagnements sont de plus en plus mutualisés, pour qu’on accompagne de plus en plus d’élèves, avec de moins en moins d’heures. Le nombre d’heures d’accompagnement attribuées à un élève par la MDPH n’est plus respecté. C’est vraiment de la rentabilité.
Que réclament les AESH pour améliorer leur situation ?
La demande première serait d’avoir un statut, de devenir fonctionnaires de l’Education nationale. De ne plus être contractuels. Même en CDI, nous gagnons en moyenne 750 € par mois. Nous voudrions un statut pour évoluer, passer des concours en interne, avoir des perspectives et de la reconnaissance.
Il y a aussi un gros manque du côté des formations. Cela fait 15 ans que je demande à en faire, 15 ans qu’on me le refuse. Avant d’entrer dans le métier, nous devons normalement suivre une formation de 60 heures sur le handicap. Le problème est qu’on nous la propose souvent au bout de 2 ou 3 ans de métier.
De plus, la plupart du temps, elle est très mal faite, un défilé de diapositives… Ce n’est pas du tout adapté à notre métier. Nous voudrions être en contact avec des professionnels, faire des stages en immersion, des choses concrètes.
Certains ne la font même jamais, certains AESH ont d’ailleurs intenté des procès à l’Education nationale à cause de cela.
Dans quelles conditions s’est passée la rentrée du 11 mai, avec le protocole sanitaire très strict du ministère ?
Le protocole sanitaire du ministère ne mentionnait à aucun moment les AESH. Suite à une grosse mobilisation des syndicats et des collectifs indépendants, un nouveau protocole spécial AESH est sorti le jour de la rentrée, le 11 mai. Mais si les collègues n’ont pas été chercher eux-mêmes l’info, ils n’ont pas été mis au courant. La plupart du temps les inspections ne l’ont pas envoyé aux chefs d’établissements, ou alors ils font la sourde oreille.
Ce nouveau protocole spécifie que nous devons nous occuper des élèves en situation de handicap, et en aucun cas faire respecter par les autres élèves le protocole sanitaire, faire de l’administratif ou quoi que ce soit d’autre. Mais beaucoup de chefs d’établissements ne sont pas au courant.
J’ai moi-même reçu un mail de mon lycée me demandant de réaliser les tâches prévues dans le protocole général et non celui spécifique aux AESH : faire respecter le protocole sanitaire aux autres élèves, se mettre à disposition de l’équipe éducative… J’ai donc écrit à l’inspection pour lui demander s’ils comptaient faire respecter le nouveau protocole. Ils m’ont indiqué que le DASEN avait appelé le chef d’établissement pour lui rappeler les missions des AESH prévues dans le nouveau protocole.
Le problème a donc été réglé parce que j’ai protesté, mais tous les collègues qui ne râlent pas devront faire tout et n’importe quoi. Parce qu’ils auront peur de ne pas être renouvelés, peur qu’on leur enlève des heures, qu’on les change d’école ou d’élèves.
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