Alors que le SNPDEN appelle les personnels de direction à une « journée morte » ce jeudi, deux études mesurant l’état d’esprit des perdirs durant la crise sanitaire dévoilent leurs premiers résultats. Ces enquêtes, menées par l’ancien chargé d’Inspection générale Georges Fotinos et le psychiatre José-Mario Horenstein, avaient pour but d’évaluer les impacts de la crise sanitaire sur la santé et les conditions de travail des personnels de direction (perdirs). Initiées par le SNPDEN et soutenues par la CASDEN, elles viennent confirmer le mal-être actuel des chefs d’établissements.
75 % des perdirs déprimés
« Voici les chiffres, encore provisoires, de la région Ile-de-France, qui sont plus intéressants car nous avons pu interroger les perdirs sur les effets du déconfinement et sur la façon dont le ministre a géré la crise, indique Goerges Fotinos, co-auteur de ces études. Sur la santé tout d’abord. Nous leur avons demandé si au cours des deux dernières semaines, ils avaient été gênés par les problèmes suivants : sentiment d’abattement, de dépression, perte d’espoir. 75 % ont répondu oui.
Autre question que nous avons soumise aux perdirs : au cours de ces 14 derniers jours, avez-vous été dérangés par les problèmes suivants : nervosité, anxiété, tension ? La réponse était oui pour 93 % des perdirs interrogés.
Nous leur avons aussi demandé s’ils avaient trouvé que les difficultés s’accumulaient à tel point qu’ils ne pouvaient pas les contrôler, et 87 % ont répondu oui.
L’enquête cherche également à connaître l’impact de la crise sur la confiance des personnels de direction envers l’institution. Et 85 % des chefs d’établissement ont répondu que le résultat a été la dégradation de cette confiance. Même question pour les conditions de travail : 93 % estiment qu’elles se sont détériorées. Quant à leur statut de cadre autonome, ils estiment qu’il s’est dégradé à 65 %. Or ce statut de cadre autonome est quelque chose qui leur tient vraiment à coeur. »
Les perdirs alertent le gouvernement
Ces résultats viennent éclairer le débat qui fait rage entre les chefs d’établissements et le gouvernement.
En effet, comme l’explique Georges Fotinos, « la situation des perdirs est intenable au niveau du terrain. Les responsables du SNPDEN ont recueilli des témoignages édifiants : burn-out, anxiété majeure, crise de larmes, etc. Le syndicat s’en est ému et a envoyé une lettre au ministre de l’Education nationale (PDF) le 22 juin, dans laquelle il dénonce cette situation. Il alerte le ministre du risque potentiel de conflit social et demande à être reçu ».
Un nouveau communiqué a ensuite été publié le 25 juin par le syndicat, appelant ses adhérents à « faire du jeudi 25 juin une journée professionnelle ‘morte’. En conséquence, il conviendra de ne répondre, sous aucune forme, à aucune sollicitation institutionnelle quelconque et à limiter au maximum son action aux plus strictes nécessités liées au fonctionnement habituel des EPLE », écrivait-il.
De son côté, le syndicat Indépendance & Direction – FNEC-FP-fo a lancé le 25 juin l’action #perdirépuisé #perdirencolère, qui a recueilli plus de 10 000 signatures de perdirs, ce qui représente les trois quarts de la profession.
« Des preuves objectives » du mauvais moral des perdirs
« Ces enquêtes sont des preuves objectives rendant compte de l’état d’esprit actuel des perdirs », a souligné Georges Fotinos.
La première, quasiment terminée, a été lancée il y a un mois environ auprès des personnels de direction de la région Rhônes-Alpes. La deuxième a débuté jeudi dernier et se concentre sur les perdirs de l’Ile-de-France. Elle s’achèvera le 3 juillet prochain. A ce jour, ces études ont rassemblé plus de 1 150 réponses, dont près de 620 en Ile-de-France.
Ces nouvelles enquêtes s’inscrivent dans la continuité des travaux des auteurs sur les chefs d’établissements : « le climat des lycées et collèges », « les relations chefs d’établissements et parents d’élèves », « le moral des personnels de direction des lycées et collèges ».
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