Aurélie, professeure des écoles dans l’académie de Nantes :
« Lorsque j’étais enfant, j’étais très scolaire. J’aimais tout ce qui était lié à l’école et j’en demandais toujours plus ! Peut-être est-ce cela qui m’a fait aujourd’hui devenir enseignante… Les cahiers de vacances, j’en réclamais chaque été à mes parents et je me régalais à en faire même plusieurs dans l’été. Aujourd’hui, je suis enseignante et j’ai une autre vision des cahiers de vacances. Je ne les déconseille pas mais ne les conseille pas à tous. Se dire qu’on va utiliser ce cahier pour faire réviser son enfant qui est déjà en difficulté, ce serait une très mauvaise idée. Le cahier de vacances, à mon avis, doit être utilisé uniquement par des enfants demandeurs, volontaires et ne doit absolument pas être une contrainte, quelque chose d’imposé par l’adulte : les effets en seraient contreproductifs ! Si vous souhaitez que votre enfant utilise un cahier de vacances, assurez-vous de son accord et surtout accompagnez-le sans créer de rejet vis-à-vis du travail. Cela doit rester ludique et sur la base du volontariat de l’enfant ! »
Audrey, enseignante de Lettres classiques en collège dans l’académie de Lyon :
« Je n’ai personnellement rien contre les cahiers de vacances, mais je ne conseille jamais aux élèves d’en acheter. J’estime en effet que dans le cas où l’élève doit entretenir ses connaissances ou combler des lacunes, il est largement suffisant -et tout aussi efficace qu’un cahier de vacances – de reprendre les cours faits pendant l’année et de tenter de refaire les contrôles en utilisant ensuite la correction faite en classe pour s’auto-corriger. Le problème des cahiers de vacances pour le collège, c’est que les seules connaissances qui peuvent y être abordées sont linguistiques, et qu’aucun travail sur la littérature, aucune analyse de texte, ne peuvent y être réellement faits, car ce type de travail se fait sur un temps long, avec une réflexion progressive sur le texte qui se nourrit habituellement de l’échange avec le professeur ou les autres élèves. Ce type de travail en autonomie est impossible à ce stade de la scolarité. Je ne suis néanmoins pas très favorable au travail des élèves pendant les grandes vacances… Je pense que ces deux mois hors de l’école sont faits pour se reposer, profiter de la nature, découvrir de nouvelles choses. Toutefois, si un élève formule le souhait de travailler avec un cahier de vacances, je n’y vois aucun inconvénient ! Je me rappelle moi-même avoir adoré remplir des pages et des pages de questions à compléter et à corriger ensuite… Certains ont besoin de garder une activité scolaire régulière pour se rassurer, certains aiment tout simplement s’occuper ainsi, comme on lirait un livre ou jouerait au foot ! Je conseille seulement deux choses aux élèves pour leur été : lire, que ce soit des classiques ou de la littérature de jeunesse, et pour les latinistes uniquement, revoir les déclinaisons la semaine précédant la rentrée des classes ! »
Romain, directeur en école primaire dans l’académie de Nantes :
« Cette question, posée par les parents d’élèves, est récurrente avant les vacances d’été. Ma réponse ne varie jamais : je conseille toujours l’utilisation de ce type de support. En effet, après un temps de repos nécessaire et bien mérité, ces cahiers permettent de réviser, d’entretenir les acquis des années écoulées mais aussi de préparer l’année scolaire à venir. Dans un même temps, j’attire l’attention des parents sur la bonne utilisation des cahiers de vacances : les révisions doivent être ludiques, conviviales, sans pression. Il est nécessaire que l’enfant comprenne le sens de ces révisions et, bien entendu, adhère au « projet ». Dans le cas contraire, les vacances pourraient rapidement devenir conflictuelles et rimer avec corvée, mauvaise volonté et contrariété. Il faut donc que les parents créent les conditions nécessaires à un travail de révision de qualité. »
Laurent, enseignant d’anglais en collège dans l’académie de Dijon :
« Les cahiers de vacances, pourquoi pas, à condition que cela ne soit pas considéré comme une contrainte pour l’enfant comme pour les parents. Imposé, ce type de travail ne sera pas productif. Les vacances doivent avant tout servir à se reposer, à « recharger les batteries ». Ces cahiers faits petit à petit tout au long des vacances, avec un aspect ludique si possible et un accompagnement des parents, permettront peut-être aux plus fragiles de se rassurer ou aux plus solides qui manquent de confiance d’aborder la rentrée plus sereinement. Mais il ne faut pas s’attendre à des miracles : le plus beau ou le plus cher des cahiers de vacances ne remplacera pas un travail régulier tout au long de l’année. Bref, le cahier de vacances est à mon sens un coup de pouce envisageable mais pas indispensable. D’autant qu’aujourd’hui il est facile de trouver des ressources en lignes gratuites et interactives qui peuvent remplacer le classique cahier papier, sauf si l’on veut profiter des vacances pour décrocher un peu des écrans. Pour ceux qui veulent acheter un cahier, pas besoin de céder à la pression publicitaire de la dernière méthode à la mode, il vaut mieux aller vers ce que votre enfant a envie de faire. Privilégier tout de même les méthodes qui proposent des révisions des programmes en cours et qui peuvent aider à mieux apprendre grâce à des conseils sur les méthodes de travail. »
Thomas, directeur en école primaire dans l’académie de Besançon :
« Je ne suis pas pour l’utilisation des cahiers de vacances, sans doute parce qu’enfant cela me barbait prodigieusement. De mon expérience, les deux constats les plus fréquents sont les suivants :
- les parents ont acheté un cahier de vacances mais il a fini dans un placard parce que l’enfant n’avait pas envie de le faire. Peut-on réellement le blâmer d’avoir plus envie de profiter de ses vacances que de se plonger dans du travail scolaire ?
- Il n’est pas rare que le découragement ressenti face aux cahiers de vacances, soit une des causes d’abandon rapide. Ce découragement peut s’expliquer par le fait que ces outils soient construits sur la base des programmes scolaires mais ne tiennent pas compte de l’angle pédagogique qu’a été celui de l’enseignant pendant toute l’année.
Pour moi le cahier de vacances est un leurre, une mode saisonnière et le moyen pour les éditeurs de faire de l’argent facile en achetant la bonne conscience des parents qui pensent rendre service à leurs enfants. Je préfère conseiller aux parents de faire lire leur enfant pendant les vacances (BD, roman, journaux, recettes…). Avec internet, les tablettes… il existe une foule de sites et d’applications gratuites permettant de faire réviser son enfant. Enfin, ce n’est pas parce que l’enfant n’a pas rempli l’intégralité d’un cahier de vacances en huit semaines, qu’il sera subitement devenu mauvais à la rentrée… Et inversement, si l’enfant à des difficultés, le cahier de vacances ne sera pas la panacée. »
Article publié en juillet 2017, mis à jour en juillet 2020
j’aime bien cette expression les cahiers de vacances car justement les vacances sont faites pour ne pas ouvrir de cahiers. de plus,
Chez Auchan et Leclerc, les premières réunions de cadres pour faire un prévisionnel du chiffres d’affaires des cahiers de vacances ont lieu chaque année le 15 mars. On se pose par exemple la question de savoir si on va les mettre en tête de gondole, ou devant les caisses et s’il ne vaut pas mieux mettre en vente du primaire que du collège.
Début octobre on fait le bilan du chiffre périodes cahiers de vacances + rentrée des classes.
on se moque bien de savoir si les élèves ont progressé pendant l’été ?
non, la vraie question c’est :
le chiffre cumulé c’est combien ?