« Nous faisons vivre l’école maternelle… et pourtant notre expertise n’a pas été jugée digne d’intérêt par le conseil supérieur des programmes (CSP)« . C’est ainsi que le collectif entame sa tribune, relayée par Libération ce 9 février. Un collectif composé de syndicats d’enseignants et d’associations professionnelles, d’Atsem, de parents d’élèves ou encore de chercheurs.
Depuis leur publication le 9 décembre, les propositions du CSP pour l’école maternelle font débat. Rédigées sur demande du ministre de l’Education, l’un des objectifs affichés était la préparation des enfants aux apprentissages du CP.
Un « culte de la performance » dès 3 ans ?
La tribune pointe en priorité l’objectif de préparation aux tests d’entrée du CP, « standardisés » selon des « normes arbitraires » et centrés sur quelques «fondamentaux.» « Lire, écrire, compter » peut-on en effet lire à plusieurs reprises dans le document du CSP.
Il s’agit ainsi de défendre une école maternelle « sans mise en compétition ni culte de la performance« . En janvier déjà, le Sgen-CFDT publiait un article pour dénoncer des « bilans de compétences » et des évaluations « normatives. »
Le programme en vigueur, adopté en 2015, fait pourtant l’objet d’un consensus au sein de la communauté éducative. Ses objectifs : «accueil, éducation, préparation à la scolarité future.» Selon les signataires de la tribune, un « équilibre » avait été trouvé entre ce dernier objectif et les deux premiers.
Défendre le développement de l’enfant
La tribune dénonce également une vision de l’école qui néglige l’apprentissage collectif et fait abstraction des spécificités des élèves, pour laisser l’enfant et sa famille « seuls reponsables » de sa réussite. Une inquiétude est notamment exprimée concernant les élèves « de classe populaire » ou « éloignés de la culture scolaire. »
Les différentes dimensions du développement de l’enfant sont par ailleurs cités : « langagières, cognitives, sociales, affectives, physiques, artistiques« … Un enseignement centré sur la langue et les chiffres pourrait amener à négliger tous ces autres aspects, travaillés en maternelle par le langage et par le jeu.
« Une richesse qui a valu à la maternelle la confiance sans faille des familles, bien avant que l’instruction à 3 ans soit rendue obligatoire, cette dernière servant aujourd’hui de prétexte à la révision du programme »
Plus de moyens et de liberté réclamés
Les signataires de la tribune demandent en outre à bénéficier de moyens à la hauteur de leurs missions. Leurs revendications sont précises : classes moins nombreuses, Atsems à temps plein, locaux adaptés ou encore formation de qualité pour les enseignants.
Plus encore que de moyens matériels, c’est de liberté pédagogique dont il est question : les enseignants se refusent à être de simples « exécutants. » En effet, le document du CSP les engage à « se donner des objectifs clairs et se conformer à des protocoles précis. » Une consigne qui témoigne selon le SNUipp-FSU d’un « manque de connaissance de l’école maternelle. »
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