Marie Soulié est intervenue lors de la dernière édition d’Eidos64, le forum des pratiques numériques sur l’éducation
Pouvez-vous présenter le projet de musée virtuel que vous avez mis en place avec vos élèves ?
C’est un projet que j’ai mis en place en septembre dernier, dans le cadre d’un atelier d’écriture. J’avais l’intention de faire travailler mes élèves sur des approches d’écrits différentes, allant de la poésie à la nouvelle fantastique, en passant par le manga, le film d’animation ou les valises sensorielles, avec pour fil conducteur l’œuvre de la peintre américaine Laurel Holloman.
Avec les élèves volontaires, nous nous réunissons une fois ou deux par semaine pour y travailler. Ils sont une vingtaine, essentiellement des sixièmes et des cinquièmes.
J’organise mes séances sous forme de plan de travail. Les enfants choisissent leur activité à partir d’une liste affichée sur un grand tableau dans la salle, et il y a une « fiche de poste » pour chaque atelier. Ils y trouvent les consignes, et je suis dans la salle pour les accompagner en cas de besoin. Je récupère ensuite leur création et je les télécharge dans le musée virtuel. Nous arrivons aujourd’hui à un total de 126 productions dans le musée.
Quelles sortes de créations pouvons-nous trouver dans le musée ?
J’ai commencé par l’écriture poétique : je leur faisais choisir une œuvre de Laurel, et les élèves écrivaient en vrac les mots qu’elle leur inspirait. Je les affichais ensuite sur des post its collés sur un mur de liège, et c’est à partir de ces mots qu’ils entraient dans l’écriture.
Puis sont venues les autres formes, sur mes suggestions, mais aussi celles des élèves. Le manga par exemple, je n’y avais pas pensé, ce sont des élèves qui ont souhaité en créer un. De même, deux élèves, qui adorent la danse, m’ont proposé de mettre les œuvres en musique. Les créations utilisent beaucoup le numérique. Nous avons ainsi réalisé des visuels, de la musique, des vidéos… tout a été fait avec un iPad. Nous avons utilisé Garage Band pour les compositions musicales, et iMovie pour les montages, les incrustations sur fond vert, ainsi que les scénographies.
Les élèves sont en ce moment en train de créer un escape game en ligne autour des œuvres de Laurel Holloman. Ils utilisent pour ça le site Genially.
Comment est née l’idée de ce musée virtuel ?
L’idée m’est venue l’année dernière, alors que je travaillais sur une séquence de poésie. J’étais à la recherche d’œuvres de peintre abstrait, pour faire travailler les élèves dessus. Je suis tombée par hasard sur l’œuvre de Laurel Holloman, et j’ai immédiatement été séduite par les couleurs.
J’ai montré ces œuvres à mes élèves à la fin de l’année, et je les ai sentis éblouis, fascinés. Cela m’a donné envie de monter, pour l’année suivante, un projet autour de ces œuvres avec les élèves. Et cela a pris la forme d’un atelier d’écriture. Mais je voulais y travailler l’écriture autrement que sous une forme scolaire classique.
Quel était votre objectif en lançant ce projet ?
Mon premier objectif était de m’éclater avec les élèves. Et ils sont à fond ! Ils font vraiment ce qu’ils veulent, car je leur donne toute liberté. Attention, l’atelier est organisé et cadré, avec un plan et des fiches de postes, mais ils peuvent choisir leur activité, avec qui ils travaillent, de quelle manière… Il y a une excellente ambiance, nous travaillons en musique.
Et de plus, l’artiste étant américaine, nous faisons de l’anglais en traduisant tous les textes, avec parfois l’aide de la collègue de langue !
En septembre–octobre, nous allons monter une vraie exposition, avec un vernissage, à la médiathèque de la ville.
Quels sont les retours de l’artiste sur le travail que vous menez avec vos élèves ?
Elle nous fait effectivement des retours réguliers. Elle se dit incroyablement émue par l’interprétation des élèves.
Je craignais qu’elle prenne mal certaines manipulations, par exemple lorsque, grâce à un logiciel, nous avons ajouté du mouvement à certains tableaux. Or, cela n’a pas du tout été le cas, bien au contraire. Elle est extrêmement fière que des enfants retravaillent son œuvre, et vivent leur année scolaire avec elle.
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