Quelques mots sur votre parcours…
J’ai commencé le basket à 5 ans. J’y ai rapidement trouvé ma place d’autant que ma taille était un véritable atout. Initialement, je n’avais pas vraiment la volonté de devenir basketteuse professionnelle. Mais l’opportunité est arrivée : après un passage d’un an en sport-études à Chalon-sur-Saône, j’ai intégré le centre de formation de Bourges en terminale. Puis, tout s’est précipité. J’ai commencé à faire mes premières sélections en équipe de France junior et à m’entraîner avec les professionnelles. À 18 ans, j’ai signé mon premier contrat pro au club de Bourges. En 2002, j’ai décroché ma première sélection en équipe de France. J’ai commencé avec les Bleues sur un championnat d’Europe et je les ai quittées onze ans plus tard sur la même compétition. Dans ma carrière, avec mon club, j’ai obtenu 5 titres de championne de France et 4 Coupes de France. En équipe nationale, nous avons notamment obtenu un titre de championne d’Europe en 2009 et rapporté une médaille d’argent lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012.
Justement, nous sommes à J-100 des JO de Tokyo. Quel souvenir avez-vous des vôtres à Londres ?
Un souvenir extraordinaire ! Une aventure humaine, collective et sportive formidable. Je me souviens encore de mon premier pas dans le village olympique. Quelque chose de magique s’est produit. Je me suis dit : « c’est bon, je fais partie des olympiens et de cette grande famille qu’est l’équipe de France ». On ressent cette identité commune, cette énergie de partage et de solidarité entre nous dans un environnement extraordinaire. C’est une sensation unique. Des pleurs, des rires, du suspens… un parcours riche en émotion et des matchs souvent gagnés à la dernière minute voire seconde. Notre tableau était pourtant loin de nous offrir cette place de finaliste mais tout a basculé lors d’un match contre l’Australie, équipe favorite, qu’on a réussi à battre. À ce moment-là, on a voulu croire en notre rêve. Nous avons enchaîné les victoires jusqu’en finale où nous sommes tombées sur plus forte que nous. On a ainsi décroché une médaille d’argent mais pour moi elle vaut de l’or ! Ces Jeux Olympiques de Londres ont été l’une des raisons de mon engagement au sein de Paris 2024. Quand on vit cette aventure, on a réellement envie que ça arrive en France.
Vous avez donc intégré Paris 2024. Concrètement, pourquoi vous êtes-vous lancée dans cette aventure ?
Cela s’est fait en plusieurs étapes. Dans un premier temps, j’ai fait partie des athlètes ayant soutenu la candidature de Paris pour les Jeux de 2024. Puis, j’ai eu la chance de m’engager plus particulièrement dans l’éducation. C’est une thématique qui me touche et dans laquelle je me retrouve. Jusqu’à ce qu’on obtienne les Jeux, j’ai eu un rôle d’ambassadrice éducation. Et après les avoir obtenus, j’ai décroché le poste de chef de projet éducation à Paris 2024 dans la direction Héritage. Pour moi, laisser un héritage éducatif des Jeux Olympiques et Paralympiques est quelque chose de primordial. Je connais les bienfaits éducatifs que la pratique sportive peut apporter. Je sais aussi les difficultés qu’on peut avoir en menant de front le sport et les études. Et j’ai vécu cette ferveur des Jeux Olympiques et Paralympiques à Londres. J’ai voulu qu’on puisse la vivre en France et contribuer à cet héritage.
Et quelles sont vos missions ?
Je me dois de construire un programme d’éducation des Jeux Olympiques et Paralympiques pour Paris 2024. Plus concrètement, nous travaillons avec le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, les fédérations du sport scolaire et universitaire, la communauté éducative, les fédérations sportives pour promouvoir la pratique sportive dans sa dimension « plaisir ». Nous ne formons pas des sportifs de haut niveau mais nous veillons à ce qu’il y ait davantage de sport au quotidien dans la vie des Français. Un seul but : favoriser leur bien-être. Effectivement, plus on pratique une activité physique de façon régulière et plus on se sent libéré, détendu et donc davantage concentré. Il ne faut plus que la pratique sportive soit mise de côté au fur et à mesure de la scolarité, mais bien qu’elle trouve toute sa place pour accompagner l’élève, l’étudiant puis l’adulte dans son équilibre quotidien.
Autre mission : montrer à quel point l’EPS est une matière importante et qu’il ne faut pas négliger. En EPS, l’enseignant va voir l’élève sous un autre angle. Des capacités différentes peuvent s’exprimer et être par la suite réutilisées dans d’autres disciplines. Notre rôle est ainsi de faire le lien entre le sport et les autres matières. Le golf peut par exemple être utilisé dans un exercice de maths ou l’athlétisme lors d’un cours de chimie. L’idée est donc de préparer des ressources pédagogiques complémentaires pour que l’enseignant puisse à la fois aborder sa matière et le sport de manière générale. Nous construisons aussi des ressources pédagogiques à destination des enseignants en lien avec les valeurs et l’histoire des Jeux Olympiques et Paralympiques. Enfin, il y a aussi tout un volet sur lequel nous travaillons où l’on se sert de la pratique sportive pour trois buts : raccrocher les jeunes en situation de décrochage scolaire, changer le regard sur le handicap, et inciter à l’engagement citoyen.
Alors que les établissements scolaires sont fermés, quels conseils donneriez-vous aux jeunes pour continuer de garder le lien avec la pratique sportive ?
Les activités physiques, notamment en intérieur, ont été fortement impactées par la crise sanitaire. De nombreux jeunes ont laissé de côté le sport au profit des écrans… Mais il reste encore beaucoup de possibilités malgré la fermeture des gymnases, des piscines et des établissements scolaires. En cette période, il faut privilégier les sports en plein air d’autant que les beaux jours arrivent. Courir, marcher, faire du vélo, s’amuser dans son jardin, découvrir sa campagne ou ses montages, en fonction de là où on habite, organiser des jeux en extérieur, des balades… Il existe tout un tas de possibilité pour s’aérer et maintenir son état de santé. Puis, bien évidemment, pour les collégiens et lycéens, après les vacances scolaires, il y aura encore la continuité pédagogique avec leurs professeurs d’EPS. Ils continueront de leur proposer des exercices à pratiquer à distance. Je conseille réellement aux élèves d’appliquer et de suivre ce que leur enseignant leur demandera de faire.
Certes, mais les cours d’EPS à distance restent tout de même difficilement applicables…
C’est une certitude : à distance, ce n’est pas évident ! Mais on a eu l’expérience du premier confinement où les profs d’EPS ont réussi à trouver des moyens pour faire pratiquer leurs élèves. Je tiens vraiment à les féliciter pour leur inventivité !
L’EPS ne doit pas être oubliée et a fortiori pendant cette période où les élèves se retrouvent assis des heures à travailler les autres matières. C’est une question d’équilibre ! Il faut faire des pauses et vider son énergie par le biais de l’activité physique. Je sais que les profs d’EPS et les professeurs des écoles ont trouvé des moyens originaux pour motiver et engager leurs élèves afin que l’EPS ne pâtisse pas de ce temps passé à la maison. Mais il faut rappeler que les écoles n’ont été fermées que très peu de jours à cause de la crise sanitaire -car actuellement les enfants sont en vacances scolaires- et que les collèges et lycées rouvriront normalement le 3 mai.
Enfin, pensez-vous que le sport est assez présent dans les établissements scolaires ?
L’EPS a une place relativement importante dans l’Education nationale. Toutefois, l’activité physique n’est toujours pas rentrée dans le quotidien des jeunes et la crise sanitaire liée au Covid-19 a clairement aggravé les choses. Nous avons constaté qu’en France, 92% des filles et 82% des garçons de 6 à 11 ans ne bougent pas assez. C’est pourquoi, le ministère de l’Education, de la Jeunesse et des Sports, en collaboration avec Paris 2024, a mis en place un dispositif intitulé « 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école« . Il vise notamment à mettre en mouvement les jeunes et à favoriser le développement des capacités motrices et des aptitudes physiques des enfants. Normalement, un jeune doit pratiquer 1 heure d’activité physique par jour. Là, nous n’y sommes toujours pas mais ce dispositif représente déjà un premier pas. Nous avons aussi pensé qu’avec cette démarche, les enfants allaient prendre du plaisir à faire du sport et continuer à le pratiquer une fois rentrés à la maison. Ce dispositif, qui s’inscrit dans le programme Génération 2024, a été mis en place dans les écoles depuis novembre 2020, en complément des 3 heures d’EPS obligatoires par semaine. Déjà 1000 écoles y participent et nous espérons une généralisation du dispositif dès la rentrée prochaine.
Enfin, fin janvier-début février, une autre action forte est organisée dans les établissements scolaires : la Semaine Olympique et Paralympique. Elle permet de montrer l’ensemble des possibilités qu’offre l’outil sport. Cette année, elle avait pour thème la santé et les 30 minutes d’activité physique par jour. Un clin d’œil évident à la crise sanitaire qui a rendu particulièrement nécessaire la lutte contre la sédentarité. Plus d’un demi millions de jeunes, accompagnés de leurs enseignants y ont participé, sur tout le territoire.
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