Capture d’écran sciencesalecole.org

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Jean-Yves Daniel, astrophysicien et doyen honoraire de l’inspection générale de l’éducation nationale, que j’ai dirigée de 2012 à 2016. Actuellement président d’honneur de « Sciences à l’Ecole » (SaE), je fais partie du directoire de SaE, aux côtés de l’académicien et astrophysicien, le professeur émérite Pierre Encrenaz (président de SaE), et de l’inspectrice générale de l’éducation, du sport et de la recherche, Anne Szymczak (vice-présidente).

Quand et comment est né le dispositif Sciences à l’école ? Quels sont ses objectifs ?

C’est en 2003 qu’avec Pierre Encrenaz nous avons réfléchi à un moyen de promouvoir la culture scientifique et technique dans et par le système éducatif, au regard de l’enjeu pour notre pays d’avoir une jeunesse porteuse de cette culture, qu’elle se destine ou non à une profession scientifique. Nous avions déjà l’exemple du premier degré avec les débuts prometteurs de l’opération « La main à la pâte » ; mais il nous semblait important de développer la formation scientifique également dans les collèges et lycées, en appui des disciplines, par une logique de projets.

Nous nous sommes adressés en ce sens aux autorités ministérielles, et en 2004, le dispositif « Sciences à l’Ecole » a vu le jour. Le ministre de l’Education nationale avait alors adressé une lettre aux recteurs pour les sensibiliser à cette création. SaE est de fait un dispositif ministériel, avec la présidence d’honneur du prix Nobel de physique Claude Cohen-Tannoudji. Sa première action a été l’observation par plusieurs établissements scolaires du transit de Vénus en 2004, en lien avec l’Observatoire de Paris.

Depuis, « Sciences à l’Ecole » a fait du chemin. Le dispositif a étendu ses liens avec l’Observatoire de Paris, qui abrite sa cellule de ressources et gère son budget, a noué des partenariats (Fondation C.Génial, CASDEN, Fondation de la maison de la chimie,…) et développé ses comités scientifiques, son réseau de correspondants académiques…

Quelles sont les différentes actions menées par le dispositif ? Comment s’organisent-elles concrètement ?

Le dispositif « Sciences à l’École » mène deux grands types d’actions.

Premièrement, la mise en place de plans d’équipement : ils consistent à prêter du matériel et à accompagner des équipes pédagogiques désireuses de mener un projet scientifique avec leurs élèves. Les domaines proposés sont l’astronomie, la physique des particules, la météorologie, la sismologie, la génomique et l’investigation scientifique en criminologie. Les projets des établissements sont évalués par un comité scientifique. Les équipes sélectionnées disposent du matériel pendant une durée de trois ans renouvelable et ont accès à des ressources pédagogiques et au réseau des établissements équipés ; cela permet des échanges de pratiques ou de données. Les enseignants peuvent aussi suivre des formations dispensées par des professionnels du domaine, afin d’améliorer leur maîtrise du matériel. Aujourd’hui, les plans d’équipement mis en place par « Sciences à l’École » concernent plus de 340 établissements scolaires et touchent près de 17 000 élèves et 500 enseignants chaque année.

Deuxièmement, « Sciences à l’école » organise et pilote les concours scientifiques CGénial-collège et CGénial-lycée, ainsi que les Olympiades Internationales de physique, chimie et géosciences. Pour les concours CGénial, le dispositif organise notamment toutes les étapes de sélection (inscriptions, compositions, réunions des jurys) et la grande finale nationale, puis accompagne les élèves lauréats des premiers prix dans les concours internationaux CASTICS, EUCYS, Step into the future. Pour les Olympiades internationales, « Sciences à l’école » assure la formation pédagogique et les sélections des délégations françaises, et accompagne les trois équipes de France (physique, chimie et géosciences) lors des finales internationales.

Pouvez-vous nous parler plus précisément de ces concours ?

Les concours CGénial-collège et CGénial-lycée entendent promouvoir les sciences et les techniques, favoriser les vocations scientifiques et introduire les élèves au monde de la recherche et de l’entreprise. Ils récompensent les meilleurs projets menés en équipe, toutes sciences confondues. Chaque année, ce sont près de 10 000 élèves qui sont impliqués par le concours CGénial, collège et lycée, ce qui fait de ce concours le 4ème concours de l’éducation nationale. 30 projets collège et 20 projets lycée sont retenus pour la grande finale nationale ; ce moment est une occasion exceptionnelle pour les élèves de rencontrer des personnalités du monde éducatif, de l’industrie ou de la recherche. L’édition 2021 a recensé 255 projets, impliquant plus de 6000 élèves issus de toute la France, outre-mer inclus, et des établissements français à l’étranger. La finale nationale 2021 a dû se tenir à distance ; au final, ce sont 13 collèges et 7 lycées qui ont eu le plaisir de remporter un prix (comme des visites de sites industriels en France ou à l’étranger), des subventions, du matériel scientifique et des participations aux concours internationaux.

Les Olympiades internationales de physique, chimie et géosciences s’adressent quant à elles aux élèves de première, de terminale et de première année de classes préparatoires aux grandes écoles scientifiques. C’est, d’une certaine façon, l’équivalent intellectuel pour les élèves des Jeux Olympiques sportifs. Chaque année, des sélections nationales issues de différents pays s’affrontent autour d’épreuves théoriques et pratiques. Ce concours propose aussi pour l’ensemble des élèves inscrits une préparation de très haut niveau dans la discipline choisie. En 2021, ce sont environ 1700 élèves qui ont pu en bénéficier. À la fin de cette formation, une épreuve écrite permet de retenir une vingtaine d’élèves par discipline. Ces élèves passent ensuite un stage pratique d’une semaine, puis une ultime épreuve. Les mieux classés d’entre eux constituent les futures équipes de France. « Sciences à l’École » organise les sélections des équipes de France (4 ou 5 élèves) et les accompagne logistiquement et financièrement jusqu’aux finales internationales. En 2021, nos jeunes Français ont encore brillé en remportant au total pour les trois olympiades 5 médailles d’or, 4 d’argent, 9 de bronze et 3 mentions honorables.

On peut estimer que les actions du dispositif « Sciences à l’Ecole », depuis sa création en 2004, ont concerné 250 000 élèves, 5 000 enseignants et 2 500 établissements.