Lors du Congrès de la Conférence des présidents d’universités le 13 janvier dernier, Emmanuel Macron a évoqué la nécessité d’une réforme « systémique » de l’enseignement supérieur. Une prise de parole qui a beaucoup fait réagir, à quelques mois de la prochaine élection présidentielle.
La fin de l’université quasi-gratuite ?
Une phrase en particulier a retenu l’attention des médias :
« On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont considérés comme boursiers, et où pourtant, nous avons tant de précarité étudiante »
Emmanuel Macron
Le président a mentionné l’enjeu de la « compétition internationale » ainsi que son souhait de voir une université plus « professionnalisante. » Il a également déclaré que l’université française était « beaucoup plus financée sur l’argent public que partout dans le monde » : un système « révolu » selon ses mots.
Aujourd’hui, en France, l’université est gratuite pour les étudiants boursiers et coûte en moyenne 260 euros par an au reste des étudiants. Si les frais de scolarité venaient à augmenter dans le cadre d’une réforme, une hausse des bourses ou un système de prêts étudiants – à rembourser une fois dans la vie active -pourraient être envisagés.
Une perspective qui inquiète
Les propos d’Emmanuel Macron ont fait réagir les étudiants comme la communauté universitaire et enseignants, attachés au principe de gratuité de l’enseignement supérieur. Déjà en 2020, la hausse des frais de scolarité pour les étudiants étrangers avait fait l’objet de vives contestations.
Après la destruction du bac et du lycée, on s’attaque à la destruction de l’université en remettant en cause la gratuité des études supérieures ?
— Valérie R. 🔆🕯️💡 (@ValRobert974) January 14, 2022
Un modèle à l’américaine où les étudiants s’endettent à vie quand ils peuvent ? C’est ça qu’on propose ?
Je suis lasse.
Ça fait 2 ans que les étudiant•es subissent de plein fouet la pandémie, avec un décrochage scolaire dû au distanciel, une précarité grandissante notamment à cause de la perte des jobs étudiants, et la solution de Macron c’est de nous enfoncer en rendant l’université payante ??
— Camille (@camilledodet_) January 15, 2022
Propos inquiétants et véritable discours de classe de Macron sur l’université, avec une remise en cause de la gratuité des études, le primat de l’offre sur la demande, une dénonciation sourde de l’accès aux études pour les classes populaires. Et des présidents béats!
— Biboci (@BibociMaxime) January 14, 2022
Si l’université avait été payante pour moi je n’aurais pas pu faire ma prépa Sciences Po et j’aurais probablement arrêté les études après le Bac.
— N 二リナ 🇲🇬🇫🇷 (@Nirinine) January 14, 2022
C’est hyper grave ce qui est en train de se passer, on coupe l’opportunité des études à des millions de jeunes défavorisés.
La ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal, a tenté de clarifier les propos du président et démenti la hausse des frais de scolarité :
Universités : « Cherchez dans le discours du Président à quel moment il évoque l’augmentation des droits d’inscription », déclare @VidalFrederique, qui estime qu’il faut « cesser les fantasmes ».#DirectAN #QAG pic.twitter.com/R32SzMoCbj
— LCP (@LCP) January 18, 2022
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Avant de s’emballer il faudrait en savoir plus, quelle idée a M. Macron derrière la tête exactement ? A priori le message pris dans sa totalité laisse penser que gratuité et bourses ne suffisent pas à faire disparaitre la précarité étudiante et qu’ faudrait envisager une mesure complémentaire. Mais la première partie du message fait trembler effectivement. La réponse postée en vidéo de Frédérique Vidal est plutôt rassurante et pour ma part je trouve assez convaincante.