Le Céreq (centre d’études et de recherches sur les qualifications) a publié le résultat de sa dernière enquête réalisée entre septembre 2020 et mars 2021. Près de 25 000 jeunes sortant de formation initiale durant l’année scolaire 2016-2017 ont été interrogés sur leur parcours scolaire et leurs trois premières années de vie active. Selon le Céreq, “L’enquête vise ainsi à étudier les différences de conditions d’accès à l’emploi en fonction de la formation initiale et de diverses caractéristiques individuelles”. Et si cette étude a pu être perturbée par la crise sanitaire, un paramètre reste immuable : les inégalités.
Des femmes plus diplômées que les hommes, et pourtant…
D’après l’enquête, “les trajectoires d’entrées dans la vie active diffèrent assez peu selon le genre”. Cela signifie que les femmes sont un peu moins nombreuses à connaître un accès durable à un CDI (28% pour les femmes contre 31% pour les hommes). Mais elles sont moins nombreuses à connaître le chômage. “L’inactivité durable concerne à parts quasi égales les hommes et les femmes, signe que cette trajectoire ne correspondrait donc plus à un retrait du marché du travail marqué par la maternité”.
Ces résultats traduisent selon le Céreq une nette réduction de la discrimination à l’embauche pour les femmes souhaitant avoir un enfant.
Autre chiffre encourageant : dans l’enseignement supérieur, la part des femmes diplômées est de 55%, soit une majorité. Pourtant, elles sont encore largement minoritaires dans les secteurs industriels et écoles d’ingénieurs. Mais majoritaires dans les masters (60%).
Le Céreq parle alors de “bastions masculins et féminins qui se maintiennent”.
En dépit de ces “bastions”, la tendance générale va vers davantage de mixité dans les choix de formations.
Ce qui n’est malheureusement pas le cas pour l’accès à l’emploi ni pour les revenus
Une statistique révélée par l’enquête du Céreq montre en effet que de grosses inégalités persistent dans certains secteurs. Par exemple, 70% des ingénieurs hommes accèdent immédiatement à un emploi stable au sortir de leurs études. Pour les femmes, ce chiffre tombe à 54%.
Des inégalités qui se ressentent également dans les revenus, comme le montre par ailleurs l’INSEE dans son enquête sur la mobilité intergénérationnelle des revenus en France publiée en mai 2022. L’enquête indique ainsi que “Les femmes ont près de deux fois moins de chances de réaliser une mobilité ascendante par rapport aux hommes”.
Et que “15 % des fils de 26 à 29 ans issus du plus bas cinquième des revenus sont dans le plus haut cinquième, contre 8 % des filles, tandis que 34 % des filles restent dans le plus bas cinquième, contre 27 % des fils”.
Grimper dans l’échelle des revenus lorsqu’on n’a pas une bonne situation dès la naissance est donc encore plus difficile lorsqu’on est une femme.
Mais les inégalités hommes/femmes ne sont pas les seules à être pointées du doigt par les études du Céreq et de l’INSEE, l’ascenseur social est lui aussi en panne.
8% des enfants d’ouvriers diplômés du supérieur long
Dans son rapport, le Céreq indique ainsi que “57 % des enfants de cadres sortent diplômés du supérieur long contre 8 % des enfants d’ouvriers”. Selon le Céreq toujours, l’accès aux filières sélectives serait encore plus inégalitaire : “19 % des enfants de cadres sortent diplômés d’une école de commerce ou d’ingénieur pour moins de 2 % des enfants d’ouvriers et 5 % des enfants d’employés.”
Et ces inégalités se manifestent également dans les revenus moyens. En effet, l’INSEE révèle dans son enquête que “seulement 12 % des enfants issus de familles modestes parviennent à se hisser dans les revenus les plus élevés”, et que les enfants de familles aisées ont “trois fois plus de chances d’être parmi les 20 % les plus aisés, que ceux issus de familles modestes”.
Pour tenter de lutter contre les inégalités d’accessibilité aux études, le gouvernement a mis en place une série de programmes sous la bannière Un jeune une solution. Le projet lancé en 2020, a déjà attiré 1,8 millions de personnes.
Des générations de plus en plus diplômées
Les inégalités persistent dans l’enseignement supérieur et lors de l’accession au premier emploi, mais l’étude du Céreq montre également que la génération 2017 est “plus diplômée que les précédentes”; et “mieux lotie en termes d’insertion professionnelle”. “Près d’une moitié des sortants sont diplômés de l’enseignement supérieur”.
Cette enquête dévoile par ailleurs que ce sont les femmes qui portent ces résultats. Dans cette génération 2017, le quart des femmes est diplômé du supérieur long, contre 20% des hommes.
Le Céreq tempère néanmoins ses résultats. “Les indicateurs statiques d’emploi ne restituent qu’une dimension partielle de l’insertion des jeunes”. Le centre d’études et de recherches sur les qualifications a donc prévu une nouvelle enquête en 2023, afin de “suivre l’évolution de [cette génération] six ans après la sortie des études, et d’affiner, à travers des questions plus détaillées sur la situation familiale et sur les diplômes obtenus en formation post-initiale, l’analyse de leurs déterminants”.
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