A l’approche du 60e anniversaire du Traité de l’Élysée symbole de l’amitié franco-allemande, l’enseignement de l’allemand à l’école n’a jamais été aussi peu populaire. En 1994, plus de 600 000 élèves choisissaient la langue de Goethe comme première langue vivante. En 2021, ils étaient moins de 150 000 (selon l’analyse des statistiques de l’Éducation Nationale par l’ADEAF). Un long et pénible déclin pour l’enseignement d’une langue considérée comme la plus parlée en Europe (après l’anglais), et symbole de l’amitié entre la France et l’Allemagne. “L’allemand court le risque de basculer dans les langues rares” craint Thérèse Clerc, présidente de l’Association pour le développement de l’enseignement de l’allemand en France (ADEAF).
Graphique : Analyse des statistiques de l’Éducation Nationale par l’ADEAF
Mais le nombre d’élèves n’est pas le seul à chuter depuis plusieurs années. Selon l’ADEAF, depuis 10 ans, plus de 1000 postes d’enseignants n’ont pas été pourvu. En 2022, c’est plus de 70 % des postes d’enseignants d’allemand qui sont vacants.
Un manque d’enseignants, et des répercussions terribles
Ainsi, dans un dossier rédigé à l’occasion des élections présidentielles 2022, l’ADEAF expliquait : “Faute d’un vivier suffisant de candidats d’un bon niveau, de nombreux postes ne sont pas pourvus. La désaffection générale pour la profession d’enseignant est particulièrement sensible en allemand.” « Le recrutement connait une crise extrêmement grave » nous confie Thérèse Clerc
Ce manque de professeurs pour assurer les cours d’allemand entraîne des répercussions terribles. En effet, les enseignants d’Allemand sont très souvent obligés de travailler dans plusieurs établissements à la fois, ce qui dégrade fortement leurs conditions de travail. Mais également la qualité de leurs cours, n’ayant pas assez de temps pour les préparer. Une situation que déplore Thérèse Clerc :“Il faut susciter l’offre mais aussi pouvoir proposer suffisamment d’enseignants en face. La profession enseignante n’est déjà pas attractive, alors encore moins pour les bons germanistes« .
Un véritable plan de relance de l’allemand en France
De meilleures conditions de travail pour de meilleurs cours, afin d’attirer à nouveau les enseignants et les élèves, c’est un des objectifs que poursuit l’ADEAF.
Dans une pétition publiée le 15 novembre, l’association pour le développement de l’allemand en France alerte sur la dégradation de l’enseignement de l’allemand et les conditions de travail des enseignants. “La baisse du recrutement en allemand en 6eme/5eme va induire une baisse en cascade jusqu’au baccalauréat. Sans action corrective, l’enseignement de l’allemand va baisser mécaniquement d’environ 30.000 élèves par an, soit environ 130.000 élèves en collège et 50.000 élèves au lycée à l’horizon 2025 !” prévient la présidente de l’ADEAF.
L’ADEAF dénonce notamment :
- La fermeture de nombreuses sections, ce qui a pour conséquence qu’il n’est plus possible d’apprendre l’allemand partout en France
- Les regroupements qui épuisent les enseignants, freinent l’apprentissage des élèves et nuisent à l’image de la discipline
- Les conditions de travail très difficiles de nombreux enseignants
L’association demande :
- Que l’apprentissage de l’allemand soit accessible sur tout le territoire
- Une parité horaire pour l’enseignement des langues de la 6è à la 3è avec de véritables parcours bilangues
- Une augmentation de l’attractivité du métier de professeur d’allemand par de meilleures conditions de travail
Pétition adressée au Président de la République pour un véritable plan de relance de l’apprentissage de l’allemand … – ADEAF https://t.co/DpCAgtyax1 pic.twitter.com/kCLcxdofUl
— Adeaf (@ADEAF_nationale) November 19, 2022
Le gouvernement a annoncé qu’un plan de relance de l’allemand en France serait discuté lors du prochain conseil des ministres franco-allemands. Initialement prévue pour le 26 octobre, la rencontre a finalement été repoussée à janvier lit-on dans Les Échos. Une initiative qui ne convainc pas Thérèse Clerc. Selon elle, « Des décisions et des dispositifs positifs seront proposés, je veux bien le croire . Je suis cependant sceptique quant au fait d’aborder le strictement scolaire. Il va y avoir des choses pour l’extra scolaire, mais je ne pense pas qu’on touche aux conditions d’enseignement et d’apprentissage. »
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