A un peu plus de 400 jours des jeux Olympiques de Paris 2024, le gouvernement accélère son projet de faire de la France une “nation sportive” selon les dires d’Emmanuel Macron. Son principal champ de bataille, l’école. Le cliché des adolescents avachis sur le canapé à la vie dure. Et pourtant, selon la dernière étude de la DEPP sur la sédentarité des jeunes en France, il n’a peut-être jamais été aussi juste.
Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde début avril 2023, le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye et la ministre des sports Amélie Oudéa-Castera rappellent l’ambition de faire du sport à l’école “une victoire de l’héritage des Jeux.”
Pour ce faire, le gouvernement a mis en place des mesures à la rentrée 2022 pour le niveau élémentaire et secondaire. Ainsi, deux dispositifs ont été déployés. Tout d’abord les “30 minutes d’activité physique quotidienne” à l’école primaire qui sont destinées à lutter contre l’obésité des plus jeunes et à favoriser la pratique du sport à l’école. Mais c’est au collège que le changement est le plus frappant. A la rentrée 2022, 140 collèges en France ont expérimenté durant l’année deux heures de sport supplémentaires par semaine.
Et selon le dernier bulletin officiel de l’Éducation nationale, les premiers retours des établissements volontaires témoignent de “la pertinence de la mesure pour les collégiens éloignés d’une pratique régulière d’activité physique et sportive.”
Les deux heures de sport au collège généralisées à 700 établissements
Le gouvernement souhaite donc désormais étendre ce dispositif à 700 collèges volontaires sur l’ensemble des départements, et a dévoilé les prochaines grandes étapes du dispositif de deux heures de sport qui sera mis en place à la rentrée 2023.
- Mi-mai 2023 : identification des collèges volontaires
- Mai-août 2023 :
- identification des créneaux horaires disponibles par le chef d’établissement ;
- identification de l’offre sportive et conclusion des conventions entre les acteurs ;
- mobilisation des collectivités locales (infrastructures, transports, etc.).
- Septembre 2023 :
- information des élèves et de leurs familles par le chef établissement sur la mesure et l’offre d’activité physique et sportive nouvelle proposée ;
- lancement des activités ;
- notification des crédits 2023 aux Drajes.
- Juin-juillet 2024 : évaluation quantitative et qualitative de la mesure.
Mais si pour le gouvernement la pertinence de ce dispositif n’est plus à prouver, le constat n’est pas le même du côté des syndicats.
« la situation ne s’est jamais autant dégradée »
Le 5 avril 2023, le SNEP-FSU et le SNUipp-FSU ont publié un communiqué dans lequel ils estiment que la situation “ne s’est jamais autant dégradée.” Ils accusent le ministère de “privatiser les formations ou développer des partenariats, sans investir dans l’Éducation Nationale.”
Et pour les deux heures de sport au collège, le secrétaire général du SNEP-FSU Benoît Hubert estime dans une interview accordée à Ouest France le 26 avril 2023 que “rien ne bouge.” “Ce n’est pas de l’EPS ! C’est censé concerner des élèves éloignés de la pratique sportive, hors ça reste une activité sur la base du volontariat. Donc un élève qui n’aime pas le sport ne va pas s’y inscrire. J’ai vu des groupes où ils étaient cinq élèves sur un établissement.”
Dans un communiqué publié le 4 avril 2023, le syndicat estime qu’il est “encore temps de changer de cap” et propose 5 mesures.
- Proposer une épreuve d’EPS au DNB au collège et doubler le coefficient de l’épreuve EPS au BAC.
- Augmenter à 3 h d’EPS en lycée et 4 h d’EPS pour les classes de 5ème, comme première étape pour aller vers 4 h d’EPS pour tous les élèves sur l’ensemble de la scolarité.
- Créer des “plus en EPS” : section sportive scolaire, une option EPS, un enseignement de spécialité dans chaque établissement.
- Créer une “Unité d’enseignement” obligatoire à un moment du cycle licence pour l’ensemble des universités et en renforçant les SUAPS (Service universitaire des activités physiques et sportives).
- Et construire ou rénover 200 piscines et gymnases avec 50 % de financement de l’État, comme première étape d’un plan pluriannuel de 5 ans.
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