Le 21 novembre, vos élèves ont assisté à la projection du court-métrage qu’ils avaient réalisé en hommage à l’œuvre de Steven Spielberg. Le réalisateur américain leur a envoyé une vidéo surprise à la fin…
Oui, c’est un merveilleux cadeau. C’est Noël avant Noël ! Depuis la projection du film, c’est une avalanche hallucinante d’échanges, d’interviews qui s’ajoutent à nos cours et aux projections de nos autres projets.
Comment est né ce court-métrage ?
Avec Virginie Weibel, professeure de français au collège, nous avons monté le club ciné il y a plus de dix ans. Chaque année, nous faisons travailler deux groupes d’enfants sur deux thèmes. L’an dernier, les 5ème ont travaillé sur Charlie Chaplin et les 4ème sur Steven Spielberg. A chaque fois, le principe est de sensibiliser les élèves volontaires à l’histoire du cinéma, de leur transmettre des notions chronologiques, de découvrir des extraits de films, de les analyser, de rechercher les thématiques chères au réalisateur… Ensuite, les élèves écrivent un scénario en lien avec la thématique, font du repérage, le casting, cherchent des accessoires, répètent et tournent leur court-métrage. Pour celui sur Spielberg, les élèves ont eu une journée de tournage. Après, ils ont procédé à toute la post-production avec le montage, l’étalonnage etc. La pratique du cinéma leur permet de développer de nombreuses compétences : écriture, travail manuel pour réaliser les costumes et décors, organisation…
De quoi parle leur court-métrage intitulé « Une étoile » ?
On a remarqué avec les élèves que Spielberg prenait souvent la défense des enfants dans ses films. Un élève a suggéré de lui rendre la pareille en prenant à notre tour sa défense. Le scénario repose donc sur une bande d’ados à vélo qui ressort de la projection de The Fabelmans, un film de Spielberg, et sont contrariés en lisant une critique négative sur celui-ci. Ils ligotent le journaliste qui l’a rédigée et l’interrogent pour tester ses connaissances sur l’œuvre de Spielberg. Finalement, ils découvrent que le journaliste comprend et connaît très bien celle-ci, seulement il a une raison d’agir ainsi… C’est un court-métrage drôle, léger et sympa.
Comment a été révélée la vidéo surprise de Spielberg ?
Nous avons projeté le court-métrage au cinéma d’art et d’essai Bel-Air à Mulhouse. Les élèves de l’atelier étaient invités ainsi que leurs parents. C’est beau de voir leur fierté devant le travail réalisé par leurs enfants. Il y avait aussi le principal du collège, les collègues, le recteur, le Dasen et un inspecteur général rencontré à Paris à l’occasion de la projection d’un de mes courts-métrages (Olivier Arnold réalise aussi des films scolaires et des courts-métrages personnels, Ndlr). J’avais prévenu le principal, Virginie Weibel et Mathieu Winckel de la société de production Red Revolver qui nous prête le matériel et nous conseille techniquement. Après la diffusion du court-métrage, j’ai dit que nous avions justement reçu une critique des États-Unis. Et là, les élèves ont découvert la vidéo de Spielberg qui les félicitait et les remerciait pour cet hommage. Ça a déclenché une vague d’émotions dans la salle, des larmes de joie, des cris d’émotions, c’était fantastique !
Comment Steven Spielberg en est-il venu à vous envoyer ce message vidéo ?
C’est digne d’un film ! L’an dernier, la ville de Mulhouse a rendu hommage à William Wyler le réalisateur de Ben-Hur qui est né à Mulhouse en 1902 et est parti à Hollywood en 1922. La mairie nous a demandé de faire un court-métrage en son honneur avec l’aide de Jean Walker (ex rédacteur en chef de Côté cinéma, Ndlr) qui prépare d’ailleurs une biographie sur le réalisateur. Pour l’occasion, nous avons travaillé avec deux autres collèges de Rep+ : François Villon et Bourtzwiller. Il y a parfois des préjugés entre quartiers, mais travailler sur un artiste international né dans leur ville, ça a réuni les jeunes et ça a aboli les frontières des quartiers. Ils sont passés de la défiance à l’amitié. Le cinéma c’est aussi un facilitateur de liens. Début juillet 2022, la famille de William Wyler est venue à Mulhouse pour les célébrations et la projection du court-métrage prévues par la ville. Ses filles étaient là. J’ai sympathisé avec les trois et notamment Catherine Wyler (elle-même réalisatrice, ndlr). On se téléphone encore, on s’échange des mails et c’est comme ça que je lui ai envoyé notre court-métrage sur Spielberg. Il se trouve que l’un des trois réalisateurs préférés de Spielberg c’est justement William Wyler. Elle lui a envoyé notre film et c’est comme ça qu’il l’a découvert et a souhaité offrir ce message vidéo aux élèves.
Beaucoup d’élèves doivent être tentés par le club ciné…
Oui et malheureusement, nous ne pouvons pas accepter tout le monde. Nous leur demandons alors une lettre de motivation et leur faisons passer un entretien en début d’année. Sur certains projets, on fait appel à des élèves qui n’ont pas pu intégrer le club ciné pour de la figuration par exemple. Nous avons deux heures par semaine avec chaque groupe d’octobre à juin. Le rêve, ce serait de pouvoir proposer un atelier par niveau à horaires aménagés et que cela compte dans le bulletin des élèves dans la lignée de la spécialité cinéma audiovisuel au lycée.
Est-ce que certains de vos élèves poursuivent l’étude du cinéma ?
Beaucoup souhaitent en effet continuer. En 3ème, nous ne proposons pas l’atelier mais à l’oral du brevet, certains élèves parlent de leur expérience enrichissante dans le club cinéma. Ce sont des projets qui font grandir les élèves et qui leur permettent de garder leur part d’enfance, c’est un trésor. C’est d’ailleurs ce que Spielberg met à l’honneur dans ses films. Pour les élèves qui souhaitent poursuivre cet enseignement, il y a aussi une spécialité cinéma audiovisuel dans un lycée à 500 m de notre collège. Personnellement, c’est à la fac que j’ai pu étudier l’histoire du cinéma avec Daniel Weyl, un professeur génial qui m’a partagé son amour du cinéma et sa méthode pour entrer dans les films.
Cette année, sur quels thèmes vont travailler vos élèves ?
Cette année, les thèmes sont « les pylônes électriques » en partenariat avec une chercheuse en résidence au centre d’art contemporain et l’autre groupe fera un court-métrage sur le sport, Jeux Olympiques oblige. Pour moi qui ne suis pas du tout sportif, c’est un nouveau défi à relever !
Image d’accueil : Getty
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