Les clichés ont la vie dure. Le supposé absentéisme des enseignants relancé par les dernières sorties de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale de la Jeunesse, des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques Amélie Oudéa-Castera est de retour dans le débat public.
Pour rappel, à peine nommée, Amélie Oudéa Castera a été interrogée sur la scolarisation de ses trois enfants au sein d’un établissement privé. Elle a évoqué « une frustration » et « des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées » dans une école publique du VIᵉ arrondissement de Paris. Des propos qui ont suscité la fronde des syndicats enseignants qui l’ont notamment accusée de « jeter le discrédit sur l’école. »
Les enseignants sont moins souvent en arrêt maladie que les autres fonctionnaires
Mais selon une étude de la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) publiée en décembre 2023, les enseignants sont moins souvent en arrêt maladie que les autres fonctionnaires, et également que les employés du secteur privé. Selon les dernières données disponibles relayées par la DGAFP qui datent de 2019, la proportion d’absents au moins un jour au cours d’une semaine s’établissait en 2019 à 2,6 % chez les enseignants, 3,2 % dans la fonction publique d’État hors enseignants, 5,1 % dans la fonction publique territoriale, 4,6 % dans la fonction hospitalière et 3,9 % dans le privé.
Alors pourquoi cette impression d’un absentéisme accru chez les enseignants ? Dans un rapport datant de 2021, la Cour des Comptes explique que « des enseignants appelés par leur hiérarchie à des tâches pédagogiques autres que la présence dans la classe, comme la participation à un jury d’examen par exemple, ne font pas cours et sont considérés comme absents par les familles, bien qu’ils travaillent et contribuent au fonctionnement de l’institution scolaire. »
Les absences de courte durée sont « mal connues du ministère de l’Éducation nationale. »
Par ailleurs, la Cour des Comptes estime que les absences des enseignants, particulièrement celles de courtes durées, sont « mal connues du ministère de l’Éducation nationale. » Pour la Cour, plusieurs « piliers » font défaut au ministère comme « la prévention en matière de santé, ou encore les moyens de limiter et de compenser les absences de courte durée. » L’institution recommande de « déporter les missions et obligations professionnelles hors du temps d’enseignement » pour réduire les absences ayant des causes institutionnelles.
La Cour des Comptes estime également que « le ministère manque encore d’outils robustes, accessibles à distance, pour mesurer les absences des enseignants quelles que soient leurs modalités d’enseignement, et les rapporter à leurs obligations de service. » L’institution recommande au ministère de créer une base de données nationale pouvant être déclinée au niveau de chaque académie pour regrouper les informations sur les absences.
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