Quelle formation, quelles modalités pour enseigner en ULIS ? Corinne Laignelet, coordonnatrice de la classe ULIS du collège Hubert Germain de Suresnes, répond à nos questions. Image : VousNousIls

Pouvez-vous nous présenter votre parcours universitaire et professionnel ?

J’ai commencé par être maître auxiliaire en lycée professionnel, puis j’ai passé le PLP2 comptabilité bureautique. Professeur d’économie gestion, le métier a évolué pour devenir professeur en gestion administration. Enseignante en gestion-administration au Lycée Professionnel Etiennes Jules Marey à Boulogne Billancourt, j’ai été amenée à rencontrer un certain nombre d’élèves présentant des troubles de l’apprentissage non détectés et non documentés au cours de leur scolarité antérieure.  Ces troubles cognitifs généraient des problèmes scolaires et un manque d’intérêt pour la formation. Leur démotivation se manifestait par des comportements agressifs et par un grand manque de confiance en eux.
J’ai alors recherché comment aider ces jeunes à surmonter leurs problèmes d’apprentissage et en même temps à se sentir mieux.Dans mon établissement, il existait une unité localisée pour l’inclusion scolaire (ULIS) ; j’ai pu échanger avec la coordonnatrice ULIS sur ces situations et comprendre qu’il y avait là un début de réponse à ces problèmes auquel j’ai vite souhaité contribuer.
J’ai donc déposé ma candidature auprès de l’inspectrice conseillère technique AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) au rectorat de Versailles qui au vu de mes expériences antérieures m’a proposé un poste de coordonnatrice ULIS au collège. En effet, antérieurement j’avais eu plusieurs expériences de pédagogies adaptées, dont une à la maison d’arrêt de Bois d’Arcy pendant 6 ans où je donnais des cours de gestion à un public d’adultes, une autre où j’ai donné des cours particuliers pendant 3 ans à un enfant handicapé pour lui faire passer le bac et une dernière expérience, des cours particuliers à domicile pendant une année à un enfant malade dans le cadre des hôpitaux de Paris. C’est pour compléter ce parcours que j’ai souhaité préparer le CAPPEI (certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive) et le Master 1accessibilité pédagogique et éducation inclusive.

Et votre formation (le master spécialisé pour enseigner en ULIS), en nous reprécisant ce qu’est un dispositif ULIS ?

J’ai suivi pendant un an en alternance une formation à l’INSHEA, institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés à Suresnes.
J’ai préparé le CAPPEI, certificat d’aptitude professionnel aux pratiques de l’éducation inclusive et formation professionnelle spécialisée.J’ai préparé en même temps le master d’adaptabilité en éducation inclusive. J’ai trouvé en effet intéressant d’approfondir ma formation avec ce master. Il est important de rechercher toujours à se former et je continue par ailleurs à me former en orthopédagogie au CFO de Bordeaux. Je me suis rapprochée du Centre de Formation en Orthopédagogie de Bordeaux, pour compléter mes compétences “métier de l’Education” avec les compétences “métier de l’Orthopédagogue”.
L’orthopédagogue accompagne l’élève à mettre en lumière et à déployer ses stratégies cognitives, affectives, sensorielles et comportementales dans ses apprentissages. Ainsi l’élève s’approprie son unicité afin de s’adapter à son environnement.

Depuis la loi 2005, les Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaires sont des dispositifs qui permettent à certains élèves handicapés l’accessibilité pédagogique des collèges et des lycées ordinaires. Seuls les élèves pour lesquels la Commission des Droits et de l’ Autonomie des Personnes Handicapées (CDAPH), à la demande des parents auprès de la MDPH, a décidé d’une suite de scolarité dans ce dispositif, bénéficient des aides de l’ULIS. Il s’agit d’une mesure compensatoire à la situation de handicap qui permet de mettre en oeuvre le Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS). Le coordonnateur de l’ULIS a connaissance du PPS qui vise des objectifs pédagogiques, éducatifs et thérapeutiques, prévoit le parcours lié au projet professionnel du jeune et la passation des certifications. L’enseignant coordonnateur est un professeur spécialisé du premier ou second degré. Il est titulaire du CAPPEI, et enseigne, adapte les situations d’apprentissage aux situations de handicap dans le dispositif et dans l’accompagnement des inclusions, et apporte son expertise (conseil, information, ressource).

Il existe plusieurs types d’ULIS selon le handicap. L’ ULIS du Collège Hubert Germain où j’exerce accueille par exemple des élèves handicapés présentant des troubles des fonctions cognitives. L’ULIS, placée sous la responsabilité du chef d’établissement, est partie intégrante de l’établissement dans lequel elle est implantée : elle concerne et implique tous les professionnels de l’établissement. Les élèves sont des élèves à part entière du collège, auxquels le règlement intérieur s’applique. C’est un dispositif collectif dont le nombre ne dépasse pas 12.
Son fonctionnement diffère de celui d’une classe, car chaque ULIS est dotée d’un coordonnateur chargé de l’organisation du dispositif et de l’adaptation de l’enseignement et d’une AESH collective qui veillent aux parcours individualisés.
L’ULIS propose aux élèves une organisation pédagogique adaptée à leurs besoins :
· des temps d’enseignement spécifiques dispensés par l’enseignant coordonnateur, dans un lieu au matériel pédagogique adapté.
· des temps d’inclusion dans une classe de référence, leur permettant de suivre tout ou partie de la scolarité ordinaire (inclusions aménagées par champs disciplinaires ou par projets).

Un mot de votre engagement CASDEN, en tant que déléguée ?

Les valeurs de la CASDEN Banque Populaire ont porté beaucoup de mes projets. La CASDEN a été pour moi un vecteur pour révéler mon besoin d’aider les autres et de m’investir dans des projets porteurs de sens. J’ai aidé plusieurs fois des personnes pour faciliter les démarches dans la réalisation de leur projet pour l’achat d’un bien immobilier. Je suis très attirée par tous les projets de mécénat de la CASDEN et participe pour leur développement.
Tout sociétaire peut se joindre à nous pour devenir correspondant. Nous organisons plusieurs manifestations et vivons de bons moments de convivialité. 

Pour 2024, vous pilotez un très beau projet musical avec les élèves. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Cette année je suis des cours de chant avec Kareen Claire. Elle me conduit pour préparer les enfants de la sixième à la troisième. Les enfants peuvent aussi profiter d’une intervenante au cours de l’année grâce aux chèques culture. Chaque début de cours, je commence par de l’échauffement vocal. Nous avons choisi 3 chansons pour le moment, « Santiano » de Hugues Aufray, les « Champs-Elysées » de Joe Dassin, « On écrit sur les murs » de Demis Roussos pour l’instant. Le nombre de chansons va s’étoffer au cours de l’année. Nous travaillons deux fois par semaine, le mardi et le vendredi.  A la fin de l’année, nous irons en studio avec Cyril Duflot-Verez pour effectuer les enregistrements des enfants. Cyril Duflot-Verez enregistre les élèves en solo pour ceux qui sont volontaires et en groupe. C’est une formidable occasion de renforcer les élèves du collège. Les élèves en difficulté sont spontanément accompagnés et pris en charge par leurs camarades. Ils font un enregistrement d’une dizaine de chansons et réalisation d’un CD dont les enfants sont très fiers. 

Sur quels autres projets travaillez-vous ?

En lien avec les Jeux Olympiques de Paris et en partenariat avec le département des Hauts-de-Seine, les élèves du dispositif ULIS découvrent tout au long de l’année de nombreux sports dont l’équitation, le hockey sur gazon, le rugby et la natation. La CASDEN est par ailleurs mécène de la mise en place de la piscine hors sol dont vont bénéficier les établissements. Avec le professeur de français, Irène Doutsas, les élèves bénéficient d’un projet théâtre. Une intervenante vient 2 heures le jeudi matin pour donner des cours et préparer les élèves à faire une pièce de théâtre en fin d’année. Ils vont voir trois pièces le samedi 9 décembre : La chute des anges, le dimanche 4 février, je t’aime à la folie, Biques le vendredi 3 mai au théâtre de Suresnes.
Nous avons également un Projet économie sociale et solidaire, avec la création en classe d’une entreprise de l’économie sociale et solidaire. Le projet est encadré par nous et soutenu par des professionnels militants et bénévoles d’organisations de l’ESS. Les élèves vont récupérer des baskets pour les donner à une entreprise qui les utilise comme matière première pour faire de nouvelles baskets. Ils vont présenter devant chaque classe leur projet pour récupérer les vieilles baskets.

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