En déplacement dans une école de Mulhouse vendredi 23 février, Nicole Belloubet s’est voulue rassurante après la baisse annoncée du budget 2024 de l’Education nationale de près de 700 millions d’euros. Les enseignants craignaient en effet que cette coupe budgétaire n’entraîne de nombreuses suppressions de postes, estimées par un professeur de prépa à « 1740 postes dans le privé, 2620 postes dans le premier degré, 2460 postes dans le 2nd degré et 160 dans l’agricole », ainsi qu’ « environ 5000 postes d’AED/AESH ».
« Pas d’impact sur les actions et réformes prévues »
A Mulhouse, la ministre a assuré qu’il n’y aurait « pas de suppressions d’emplois » suite à l’annulation des 700 millions d’euros de crédits. Cette dernière porte en effet majoritairement « sur des crédits mis de côté, mis en réserve, que nous utilisons en cours d’année, si nous devons faire face à des chocs particuliers ou exceptionnels », a-t-elle expliqué.
Dans une interview publiée par le Huffington Post le 23 février, Nicole Belloubet a précisé : « Ce sont des crédits mis en réserve c’est-à-dire gelés en début d’année, qui ne sont pas à la disposition des ministères bien qu’apparaissant dans le budget voté », donc « les annulations sur cette réserve n’ont pas d’impact sur les actions et réformes prévues. Les emplois (enseignants comme administratifs) ne sont pas touchés, ni les réformes prioritaires annoncées. »
Des conséquences concrètes « dans une Éducation nationale qui manque déjà de tout » »
Malgré ces annonces, les enseignants restent sceptiques. Dans un communiqué publié le 23 février, le Snes-FSU souligne que « cette saignée confirme une fois de plus le renoncement de ce gouvernement à recruter des personnels en améliorant leurs conditions de travail, de rémunération, d’avancement, pour rendre les professions attractives et garantir la bonne réalisation des missions de service public auprès de tous les élèves ». Interrogée sur France info, sa secrétaire générale, Sophie Vénétitay, alerte sur « les conséquences très concrètes dans une Éducation nationale qui manque déjà de tout ».
« On parle de priorité à l’éducation mais il n’y a pas de réalité budgétaire derrière », déplore également Caroline Brisedoux du SGEN-CFDT, sur RMC. « Ils bloquent toutes possibilités de recrutement de contractuels complémentaires ». Quant à l’Unsa-Education elle estime dans un communiqué qu’ « avec ces coupes budgétaires, le gouvernement renonce dans les faits à une mise en place réelle des mesures du ‘choc des savoirs’ à la rentrée prochaine et doit l’annoncer sans délai, sous peine de décrédibiliser l’action publique et la parole politique ».
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