Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, indiquait dimanche 18 février sur TF1, le nouveau chiffre de la croissance attendu par le gouvernement pour la France en 2024. Il est d’une hausse de 1% du PIB au lieu des 1,4% intialement prévus. Des économies sur le budget de l’Etat vont donc devoir être réalisées, à hauteur de 10 milliards d’euros, a annoncé le ministre.
Bruno Lemaire a par ailleurs indiqué que « tous les ministères contribueront à hauteur de ce qu’ils représentent dans le budget de l’Etat ». Pour le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui représente 5% du budget de l’Etat, la coupe budgétaire sera de 900 millions d’euros, dont 380 millions d’euros en moins pour les organismes de recherche. Pour Boris Gralak, secrétaire général du SNCS-FSU, syndicat de chercheurs scientifiques, joint par RFI, « 380 millions d’euros en moins, c’est vraiment incompréhensible, inouï ». « On est totalement sidérés par ces annonces » dénonce-t-il.
Du côté de l’Education nationale -qui représente 15% du budget de l’Etat– le budget sera amputé de près de 700 millions d’euros
Antoine Crouzet, professeur de mathématiques en classes préparatoires, avait fait le calcul, en termes de suppressions de postes :
[Education nationale] Suite à "l'effort budgétaire de 10 milliards", passé au BO, nous savons donc que l'EN rend 691 millions dont
— Antoine Crouzet (@antoinecrouzet) February 22, 2024
– 87 millions pour des postes dans le privé;
– 131 millions pour des postes dans le 1er degré;
– 123 millions pour des postes dans le 2nd degré;
Pas de suppressions de postes d’enseignants
Nicole Belloubet, ministre de l’Education nationale, a de son côté assuré qu’il n’y aurait pas de suppressions de postes d’enseignants suite à l’annulation des 700 millions d’euros de crédits. Cette dernière porte en effet majoritairement « sur des crédits mis de côté, mis en réserve, que nous utilisons en cours d’année, si nous devons faire face à des chocs particuliers ou exceptionnels », a-t-elle expliqué.
Dans une interview publiée par le Huffington Post le 23 février 2024, Nicole Belloubet précisait en effet « Ce sont des crédits mis en réserve c’est-à-dire gelés en début d’année, qui ne sont pas à la disposition des ministères bien qu’apparaissant dans le budget voté », donc « les annulations sur cette réserve n’ont pas d’impact sur les actions et réformes prévues. Les emplois (enseignants comme administratifs) ne sont pas touchés, ni les réformes prioritaires annoncées. »
La communauté éducative reste sceptique et inquiète : Interrogée sur France info, la secrétaire générale du SNES-FSU, Sophie Vénétitay, alertait sur « les conséquences très concrètes dans une Éducation nationale qui manque déjà de tout ».
10 milliards en moins, les conséquences au réel
Le collectif Nos Services Publics revient sur la suppression des 10 milliards d’euros dans le budget de l’Etat, décidé par décret, et tente de montrer ce que les coupes budgétaires peuvent concrètement signifier – alors qu’à ce jour, il n’est pas possible de le savoir, tout restant encore très abstrait du côté du gouvernement.
Pour ce qui est de l’Education nationale, cela représente entre autres l’équivalent de la suppression de 436 écoles primaires :
690 millions d’euros, essentiellement de masse salariale, ont disparu des budgets dédiés à l’éducation.
— Collectif Nos services publics (@nosservicespub) March 7, 2024
L’équivalent de la suppression de 436 écoles primaires + 54 collèges + l’absence d’accompagnement pour 14 000 élèves en situation de handicap supplémentaires.
Pour ce qui est de l’Enseignement supérieur, cela représente entre autres l’équivalent de la suppression d’un cours sur trois pour chaque étudiant en licence :
Toujours sur l’éducation : moins 900 millions dans la recherche et l’enseignement supérieur.
— Collectif Nos services publics (@nosservicespub) March 7, 2024
C’est comme si l’on supprimait un cours sur trois pour chaque étudiant en licence.
Ou que l'on définancait 1500 projets de recherche, soit le budget annuel de l'ANR.
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Image d’accueil : Getty
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