Et si les élèves n’étaient plus les seuls à utiliser ChatGPT pour faire leurs devoirs ? Alors que l’outil d’intelligence artificielle développé par Open AI continue d’inquiéter les personnels éducatifs à cause des risques de triche, le vent semble tourner avec l’apparition d’une nouvelle IA, cette fois à destination des enseignants.
Nommé Writable et propulsé par Houghton Mifflin Harcourt, éditeur de manuels scolaires utilisés dans pas moins de 90% des écoles américaines, cet outil d’aide à la correction des devoirs permet aux enseignants de soumettre les travaux écrits des élèves pour une analyse par ChatGPT. L’IA fournit ensuite des retours et des observations. Avant d’être partagés avec les élèves, ces commentaires sont examinés par les enseignants. En plus de la notation, l’outil propose des suggestions d’écriture générées par l’IA et adaptées aux besoins spécifiques de chaque classe.
« Ces technologies peuvent aider les enseignants »
En octobre, Yann Houry, Directeur de l’innovation pédagogique et technologique au Lycée Français International de Hong Kong estimait que les IA avaient un véritable rôle à jouer au sein des écoles. Pour lui, « ces technologies peuvent en outre aider les enseignants à mieux différencier la progression de chaque élève et à repérer ceux qui pourraient être en difficulté à l’avenir, grâce à des prédictions faites par l’algorithme à partir de données sur leurs profils. »
L’introduction de l’intelligence artificielle dans le secteur de l’éducation s’est intensifiée ces derniers mois. Au Royaume-Uni par exemple, des professeurs utilisent déjà le logiciel Real Fast Reports capable de générer « une évaluation personnalisée et unique » pour chaque élève. Les enseignants donnent les informations dans le désordre et l’IA s’occupe d’écrire des commentaires bien structurés qui viendront garnir les bulletins scolaires.
Des inquiétudes liées aux « raccourcis » que pourraient emprunter certains enseignants
Writable promet en tout cas une transformation de l’enseignement. Mais une enquête d’Axios, un média tech américain, suscite des inquiétudes quant à son utilisation par les enseignants. L’enquête met en lumière des préoccupations concernant « les raccourcis » que certains pourraient emprunter. « Certains enseignants utiliseront probablement les suggestions de ChatGPT comme point de départ, mais d’autres pourraient les transmettre textuellement aux étudiants » souligne l’enquête.
L’introduction de l’intelligence artificielle à l’école en France semble en tout cas inéluctable. Le 5 décembre 2023, l’ancien ministre de l’Éducation nationale et actuel premier ministre Gabriel Attal annonçait que « tous les élèves entrant au lycée seront désormais accompagnés, à la maison, d’un outil d’IA de remédiation ou d’approfondissement en français et en mathématiques » pour la rentrée scolaire 2024. De plus, un rapport commandé par Emmanuel Macron relatif à l’usage que la France devrait faire de l’IA a été publié mercredi 13 mars 2024. Et le ton est donné : l’IA est aujourd’hui perçue comme une « révolution technologique incontournable » , et le rapport entend bien « dédiaboliser l’IA, sans pour autant l’idéaliser. »
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