A partir de septembre 2024, les cours de français et de mathématiques auront lieu en groupe au collège, en classe de 6e et de 5e. Il sera cependant possible de regrouper les élèves en classe entière sur « une à dix semaines en fonction des établissements » au cours de l’année.
L’arrêté du 15 mars 2024 modifie en effet l’arrêté antérieur du 19 mai 2015 relatif à l’organisation des enseignements dans les classes de collège. Le nouveau texte stipule ainsi que « Les enseignements communs de français et de mathématiques, sur tout l’horaire, sont organisés en groupes pour l’ensemble des classes et des niveaux du collège. Les groupes sont constitués en fonction des besoins des élèves identifiés par les professeurs. Les groupes des élèves les plus en difficulté bénéficient d’effectifs réduits. Par dérogation, et afin de garantir la cohérence des progressions pédagogiques des différents groupes, les élèves peuvent être, pour une ou plusieurs périodes, une à dix semaines dans l’année, regroupés conformément à leur classe de référence pour ces enseignements. La composition des groupes est réexaminée au cours de l’année scolaire afin de tenir compte de la progression et des besoins des élèves. «
Le texte précise également qu’à partir de la rentrée 2025, le dispositif s’appliquera aux classes de 4e et de 3e.
Dans le Journal Officiel de ce lundi 17 mars 2024, outre la publication de l’arrêté du 15 mars, on note celle de l’arrêté du 16 mars concernant la création de « la classe préparatoire à la classe de seconde pour la phase pilote pour l’année scolaire 2024-2025 ». Cette classe préparatoire accueillera les élèves ayant échoué au brevet des collèges. Ils devront donc faire une année transitoire avant de pouvoir entrer en classe de seconde classique. Gabriel Attal, alors ministre de l’Education nationale, avait fait cette annonce le 5 décembre 2023, lors de la présentation de l’ensemble des mesures concernant le « choc des savoirs » : « le brevet des collèges sera réformé pour renforcer son « exigence » et son obtention « conditionnera l’accès direct au lycée ». « Concrètement, l’élève qui échoue à ce brevet » ne redoublera pas pour refaire une année à l’identique, mais une année en « prépa lycée », avait précisé le ministre, avant d’ajouter : « quand on échoue au brevet, cela signifie que l’on n’a pas le niveau pour rentrer au lycée. «
Comment la communauté éducative réagit-elle suite à la publication de ces arrêtés ?
« Sur le principe, les groupes, c’est efficace »
Une journée de grève est prévue mardi 19 mars 2024, à l’appel de l’intersyndicale enseignante, pour dire « non au choc des savoirs, oui au choc des salaires ». Du côté des enseignants, les avis sur ces mesures sont plutôt hostiles, et soulignent leur infaisabilité, en l‘absence d’effectifs suffisants :
La mesure ne repose sur aucune étude, aucune expérimentation. Les chefs d’établissements, les profs, les parents, les experts sont contre et expliquent pourquoi. Mais peu importe : il faut satisfaire le narcissisme d’un Premier ministre qui ne connaît rien à l’éducation. Aberrant https://t.co/YPKQLC9lWN
— Christian Delporte (@chdelporte) March 17, 2024
Si jamais vous l'avez vécue, vous vous souvenez de cette sensation horrible, celle d'être choisi.e en dernier.e en sport, mélange d'échec et d'humiliation ? Eh bien ces guignols vont réussir l'exploit de la faire ressentir à une génération entière, chaque jour pendant des années. https://t.co/swsM65CyvI
— Greg Devin ⌨️🌊🏀 (@greg_devin_) March 17, 2024
Ces groupes n’auront pas de profs face à eux. Qui peut penser qu’ils progresseront ?
— Claire-Marie Feret (@cmferet) March 18, 2024
Sur le principe j'approuve l'idée des groupes de besoins, déjà pratiquée de longue date dans mon bahut sur les heures d'AP. C'est efficace. Mais sur l'ensemble de l'horaire et sans moyens, ça va être compliqué.
— Banzaï (@Irmafrodite) March 18, 2024
Quand t arrive en fin de 3e et que t es même pas foutu d avoir ton dnb alors qu on te le file limite avec un Mars et un bon Ikea…il faut peut être envisager autre chose que des études…stop aux chouinerie. On parle du dnb, pas de la sélection à la NASA en terme de difficulté.
— _Lord_Vador_ (@_Lord_Vador_) March 17, 2024
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Comment ça , pas de profs face à eux ?
Je ne trouve pas l’explication ?
Merci
Bonjour Karine,
Pour un effectif de 120 élèves, c’est-à-dire quatre classes environ, il faudrait davantage de professeurs qu’aujourd’hui puisque cela représenterait 6 groupes (et non plus 4 classes comme avant) correspondant à 4 groupes de 15 élèves en difficulté (soit 60 élèves), 1 groupe d’élèves moyen (30 élèves) et 1 groupe de fort (30 élèves). Or, il manque cruellement de professeurs en mathématiques et français car la profession n’attire plus depuis des années et avec ce système de groupes, il faudrait mathématiquement plus de professeurs. On pourrait se dire qu’il faut alors que les professeurs titulaires prennent des heures supplémentaires pour absorber le déficit. Mais dans les faits, la plupart des professeurs doivent déjà absorber deux heures hebdomadaires supplémentaires obligatoires. Cela ne serait pas raisonnable de leur en imposer davantage, d’autant que la concertation des groupes sera chronophage puisqu’il y aura des heures en classe entière mais pas avec les élèves qui ont été vus forcément en groupe. On pourrait alors recruter en masse des contractuels mais là encore l’enseignement est un métier exigeant et beaucoup baissent les bras en quelques semaines au vu de la faible rémunération.
En l’état, cela paraît compliqué.