Article publié le 8 avril 2024, mis à jour le 30
Estimant que les réseaux sociaux ont un impact « absolument catastrophique » sur les jeunes, la ministre de l’Education nationale Nicole Belloubet aimerait instaurer une « pause numérique complète pendant le temps du collège ». Invitée sur France inter dimanche 7 avril, elle a évoqué la possibilité de demander aux collégiens de laisser leurs téléphones portables à l’entrée de l’établissement.
Un cadrage souhaité à la rentrée prochaine
Dans la plupart des collèges, l’utilisation du téléphone portable est déjà interdite, a rappelé la ministre. « Néanmoins les élèves les ont sur eux. Je me demande s’il ne faut pas que nous procédions comme en Conseil des ministres, où nous déposons le téléphone à l’entrée », a-t-elle affirmé, « puisqu’on voit que circulent sur les réseaux des images qui sont prises dans le collège ». Elle a également indiqué que « la mission ‘Ecrans’ qu’avait lancée le président de la République va rendre ses conclusions d’ici quelques semaines, là aussi nous allons voir ce que nous pouvons faire. Mais je souhaite qu’à la rentrée prochaine, on ait quand même un cadrage ».
Ce mardi 30 avril, la ministre a confirmé son intention d' »éviter à tout prix la circulation des téléphones portables au collège ». Elle a toutefois distingué « l’usage du téléphone, des réseaux sociaux, qui doit être à [son] avis totalement règlementé, en tout cas pour les enfants, de l’usage du numérique pédagogique ». Pour la ministre, « un outil numérique accompagné, c’est-à-dire avec l’enseignant à proximité, qui mesure les apprentissages et les progrès des apprentissages, n’est pas quelque chose qui doit être rejeté parce qu’il est absurde de penser que notre société future se fera sans le numérique ».
« Nous exigeons la fin du ‘pas de vagues’ »
Nicole Belloubet a également évoqué les violentes agressions d’élèves survenues ces dernières semaines à Marseille et Viry-Châtillon. « On ne peut pas accepter cela et de toutes mes forces je lutterai contre cela, dans le champ qui est le mien », a-t-elle déclaré. Si elle dit avoir « le sentiment d’une violence qui augmente en intensité », la ministre a également « la certitude que les remontées sont plus nombreuses qu’auparavant, mais c’est parce que nous exigeons la fin du ‘pas de vague ‘ ».
Elle a rappelé son intention de dresser « un bouclier autour de l’école, […]un bouclier juridique, un bouclier en terme de forces de l’ordre, en terme de contenu des enseignements… », ce que mettait également en avant le nouveau plan de sécurisation des établissements présenté par le ministère le 4 avril.
Formation des enseignants : un « chantier extrêmement ambitieux »
Concernant la réforme de la formation des enseignants, annoncée par Emmanuel Macron ce 5 avril, la ministre a estimé qu’il s’agissait « d’un chantier extraordinaire, extrêmement ambitieux, très structurant », et qui possède « une double visée. D’une part renforcer l’attractivité de la profession d’enseignant, aujourd’hui on le voit, nous n’arrivons pas à faire le plein pour nos concours, a-t-elle reconnu. Et d’autre part, construire un parcours d’excellence et un parcours professionnalisant »
Pour mettre ces mesures en place, « nous allons devoir cravacher, si je peux utiliser cette expression », a-t-elle indiqué. « Le premier concours aura lieu dans un an, en mai 25. Et donc le schéma commencera dès la rentrée 25, mais dès septembre 24, nous donnerons des modules supplémentaires de préparation à ce concours à des jeunes qui par exemple, seraient en licence d’anglais » et voudraient passer le concours de professeur des écoles.
Groupe de niveau : « je ne laisserai pas le choix »
Enfin, Nicole Belloubet a évoqué les groupes de niveau, qui continuent de faire polémique au sein de la communauté éducative. Certains établissements ont même annoncé qu’ils ne mettraient pas en place cette réforme, mais « je ne leur laisserai pas le choix, s’il faut j’irai moi-même dialoguer avec les équipes enseignantes », a-t-elle affirmé.
Elle a également reconnu que « l’attractivité de notre métier n’est pas encore totale » et que le recrutement des personnels nécessaires à la mise en place de ces groupes de niveau ne se faisait pas sans difficulté. « Lorsque le besoin s’en fait ressentir, nous devons recruter des personnels contractuels », a-t-elle expliqué. Elle a précisé que pour la mise en œuvre des groupes, « nous recrutons des contractuels, nous recrutons des professeurs du 1er degré grâce à certains dispositifs, nous avons même demandé si certains retraités souhaitent faire quelques heures supplémentaires ».
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