« Une pause numérique au collège » ainsi qu’un « cadrage » pour la rentrée prochaine. C’est ce que proposait la ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet dimanche 7 avril au micro de France Inter. Pour elle, les écrans et les réseaux sociaux en particulier, ont un impact « absolument catastrophique » sur les jeunes, et la circulation des téléphones au sein des établissements doit-être « évitée à tout prix ».
Cette déclaration de la ministre faisait écho au rapport d’experts intitulé « À la recherche du temps perdu » livré mardi 30 avril. Ce rapport, commandé par Emmanuel Macron en janvier 2024 au moment de ses annonces pour un réarmement civique à l’école, s’articule autour de quatre axes : évaluer l’impact des écrans sur la santé physique et mentale des enfants et des adolescents, examiner l’efficacité des dispositifs de régulation existants, élaborer une doctrine de régulation des écrans, et proposer des outils adaptés à tous les publics.
L’échec du contrôle parental
Dans leurs conclusions, les experts alertent sur « l’hyperconnexion subie des enfants » et ses conséquences potentiellement néfastes sur leur santé, leur développement, et leur avenir, ainsi que sur celui de la société dans son ensemble. Ils soulignent que bien que les écrans ne soient pas directement responsables de troubles du neurodéveloppement, il est nécessaire d’être vigilant pour éviter l’aggravation de certains symptômes, notamment liés à une exposition excessive aux réseaux sociaux.
Ils pointent également l’échec du contrôle parental. Pour les experts, qui relèvent que les acteurs économiques s’en servent cyniquement pour rassurer les parents, « l’idée serait qu’une seule interface (non liée à une seule plateforme ou un seul opérateur de services) permette de piloter l’ensemble des protections disponibles pour accompagner et protéger son enfant ». Ils estiment que le plus efficace serait de soutenir l’émergence d’un modèle économique viable, garantissant l’accès aux familles de solutions de protection sans charge ni complexité.
Renforcer l’éducation au numérique à l’école élémentaire
Le rapport recommande par ailleurs des mesures concrètes, telles que l’interdiction de tout usage des écrans par les enfants de moins de 3 ans, un accès fortement limité entre 3 et 6 ans avec des contenus éducatifs et une supervision par un adulte, ainsi que des restrictions d’accès aux téléphones portables et téléviseurs dans les maternités, crèches et classes maternelles. La commission préconise également des actions renforcées auprès des assistantes maternelles, mais aussi plus généralement auprès des professionnels en lien avec la petite enfance concernant leur usage des écrans en présence des plus jeunes.
Pour les enfants plus âgés, le rapport propose des recommandations graduées, allant de l’utilisation de téléphones sans accès Internet jusqu’à l’âge de 13 ans, et un accès restreint aux réseaux sociaux à partir de 15 ans. Pour les experts, l’école doit suivre cette graduation. Ainsi, « pas d’écran à l’école maternelle », « pas d’équipements individuels confiés aux enfants à l’école élémentaire », et « pas d’espace numérique de travail à l’école primaire pour les élèves ». Le rapport insiste également sur la nécessité de renforcer l’éducation au numérique dès l’école élémentaire, pour les élèves, comme pour les enseignants qui « restent peu formés à l’usage pédagogique du numérique », tout en proposant des mesures compensatoires pour atténuer les effets néfastes des écrans sur la santé des jeunes.
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