Après le rapport d’experts de la commission écrans remis à Emmanuel Macron le 30 avril dernier, l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a rendu public à son tour, mardi 7 mai, un rapport qui étudie les liens entre écrans, performance académique et bien-être des élèves. Ce dossier se fonde sur les données de l’édition 2022 du programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) et des questionnaires adressés aux jeunes de 15 ans ayant passé ces tests.
Et si le rapport souligne que l’environnement numérique auquel sont confrontés les jeunes aujourd’hui « offre de nombreuses possibilités, telles que l’amélioration des opportunités éducatives, le développement des interactions sociales et le divertissement », il expose également les enfants « à des risques tels que la cyberintimidation, la visualisation de contenus violents ou inappropriés, l’exploitation et les abus sexuels et les atteintes à la vie privée ».
Le bilan est sans appel, et est annoncé dès la première ligne du dossier : « L’utilisation excessive d’appareils numériques à des fins de loisirs en classe peut avoir un impact négatif sur les résultats scolaires des élèves. »
Une incidence directe sur la concentration
Ainsi, 58 % des élèves français interrogés (majoritairement en classe de 2de) déclarent avoir été distraits par l’utilisation d’appareils numériques en classe. Et selon le rapport, les conséquences sont immédiates. « Les élèves qui déclarent avoir été distraits pendant au moins quelques cours de mathématiques par leurs camarades utilisant des appareils numériques obtiennent des résultats bien plus faibles que les élèves qui n’ont pas subi de telles distractions, et cet écart équivaut aux trois quarts des acquis d’une année scolaire. » De plus, 43 % des élèves français ont déclaré se sentir nerveux ou anxieux lorsque leur téléphone n’était pas à proximité.
Pour l’organisation, « l’utilisation d’appareils numériques dans les salles de classe est devenue une arme à double tranchant ». D’une part, « ces appareils peuvent élargir l’accès aux ressources d’apprentissage, offrir une certaine flexibilité » et faciliter l’inclusion scolaire. Mais d’un autre coté, leur utilisation peut également accroitre « la tentation de se disperser », ce qui peut avoir « une incidence sur la concentration et les résultats des élèves ».
L’interdiction des smartphones à l’école « a des effets visibles »
Alors faut-il interdire les téléphones portables au sein des établissements scolaires ? Pour l’OCDE, « l’interdiction pure et simple des smartphones dans les établissements scolaires est une mesure qui a des effets visibles. » L’organisation précise cependant que l’efficacité d’une telle mesure dépend grandement « de la rigueur avec laquelle l’interdiction est appliquée. » Le document précise par ailleurs que dans les établissements où les téléphones ont été bannis, 29 % des élèves déclarent en utiliser un plusieurs fois par jour, en moyenne, dans les pays de l’OCDE, et 21 % tous les jours ou presque.
La ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet semble en tout cas avoir une opinion tranchée sur la question. Le 7 avril 2024, elle avait exprimé son souhait d’instaurer une « pause numérique complète pendant le temps du collège ». Elle estimait que les réseaux sociaux avaient un impact « absolument catastrophique » sur les jeunes. Elle avait toutefois distingué « l’usage du téléphone, des réseaux sociaux, qui doit être à [son] avis totalement règlementé, en tout cas pour les enfants, de l’usage du numérique pédagogique ».
Le rapport, quant à lui, appelle à trouver un « juste milieu » pour à la fois « lutter contre la distraction » par les smartphones sur le temps scolaire, mais sans renoncer pour autant à un « temps d’écran positif » s’il est « supervisé et axé sur des contenus éducatifs ». Pour cela, il encourage les éducateurs, les décideurs publics et les parents à rechercher ensemble « les solutions qui permettront d’exploiter les avantages offerts par la technologie numérique tout en préservant l’attention et le bien-être des élèves. » Avant de conclure : « Ce n’est qu’à cette condition que nous aurons des classes numériques qui seront source d’épanouissement et non plus de distraction. »
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