Environ 10% des élèves de 3e ont une bonne vision de l’impact du numérique sur la société et des adaptations à mettre en place pour le minimiser. Image : Getty

Alors que l’OCDE s’interroge sur la place à donner aux écrans à l’école, la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) a publié en juin 2024 un document intitulé Évaluation des compétences numériques en fin de troisième 2022, Résultats et analyses détaillées des items. Ce document vient apporter plus de détails à une note publiée en novembre 2023 qui mesurait pour la première fois la maîtrise des compétences numériques des élèves en fin de collège sur un échantillon de 6 750 élèves, répartis dans 609 établissements en France et dans les DROM. Et d’après les résultats de ce rapport, en mai 2022 (date de l’étude), près de deux élèves de fin de troisième sur trois (63,5%) présentaient une maitrise des compétences numériques satisfaisante.

Les élèves en fin de troisième sont ainsi majoritairement capables d’utiliser les fonctions avancées de différents logiciels de communication, de traitement de texte ou d’image et de présentation. Parmi eux, 10 % sont capables de traiter des données en utilisant un tableur ou de résoudre des problèmes informatiques. Une proportion équivalente possède également une bonne vision de l’impact du numérique sur la société et des adaptations à mettre en place pour le minimiser. À l’opposé, 15 % des élèves présentent de réelles difficultés. Par exemple, lors d’une communication par courriel, certains élèves sont en mesure d’identifier l’expéditeur, adopter un comportement respectueux, mais ne maîtrisent pas pour autant les conventions de la rédaction, et ne sont pas en mesure de se prémunir des courriels frauduleux.

« Les différences de niveaux restent très marquées par l’origine sociale des élèves »

En plus d’analyser les compétences des élèves, la DEPP analyse également l’impact que le milieu social de l’enfant peut avoir sur son aisance numérique. Ainsi, les élèves issus des collèges les moins favorisés obtiennent en moyenne des scores plus faibles que ceux issus des collèges les plus favorisés. Dans le détail, les élèves accueillis dans les établissements publics hors éducation prioritaire présentent un score moyen de 252, tandis que les élèves scolarisés en REP+ présentent un score moyen de 218. Les élèves relevant des établissements privés sous contrat ont, quant à eux, un score moyen de 10 points supérieur à ceux inscrits dans des établissements publics hors éducation prioritaire.

Pour la DEPP, le constat est clair : « les différences de niveaux restent très marquées par l’origine sociale des élèves » avec un score moyen qui progresse au fur et à mesure que le niveau social augmente. « La moitié des élèves des collèges les moins favorisés ont une maîtrise élémentaire de l’outil numérique contre moins de 30 % des élèves des collèges les plus favorisés. »

« Le niveau de maîtrise des compétences numériques est très lié au niveau de maîtrise en français et en mathématiques »

La DEPP souligne également un lien très fort entre le niveau de maîtrise des compétences numériques et le degré de maîtrise des fondamentaux en début de sixième. Pour le mesurer, le département de la prospective et de la performance a utilisé les résultats des évaluations nationales en français et mathématiques des élèves entrant en sixième en 2018. En mai 2022, ces mêmes élèves arrivaient en fin de collège et certains passaient l’évaluation des compétences numériques. La direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance explique que « la comparaison des résultats issus de ces deux évaluations sur un même groupe d’élèves permet d’établir une relation entre les compétences des élèves en français et en mathématiques en sixième et les compétences numériques en fin de troisième. »

Ainsi, le score moyen en compétences numériques des élèves qui avaient un haut niveau de maîtrise en français en début de sixième en 2018 est supérieur de 61 points à celui des élèves qui avaient un bas niveau de maîtrise (279 contre 218). L’écart est encore plus important pour les mathématiques (65 points). Par ailleurs, plus de la moitié des élèves appartenant aux groupes de hauts niveaux en français en sixième figurent parmi les plus performants en compétences numériques en fin de troisième. À l’inverse, seulement 10,5 % des élèves relevant des groupes de bas niveaux en français en sixième, terminent le collège en présentant une bonne maitrise des outils numériques.