Cours dehors, corrections de copies, jurys, recherche : les professeurs sont très occupés avant les congés d’été. Image : Getty

Les vacances d’été se profilent. Certains élèves ont d’ailleurs déjà fini les cours. Du côté des enseignants, c’est la dernière ligne droite. Louis, professeur des écoles dans le Nord en REP, assure ses derniers cours de l’année face à ses CE1. Depuis peu, les projets sont terminés, les bulletins sont rendus et l’emploi du temps a changé. « Pour la fin juin, je garde des activités en français et maths le matin mais les après-midis sont plus ludiques : ateliers pour réviser en s’amusant, jeux en extérieur. Nous envisageons aussi de faire une sortie au parc non loin de l’école pour observer la nature, partager un goûter, et jouer tous ensemble », déclare-t-il. Ces derniers jours sont également l’occasion de préparer la rentrée de septembre, de réceptionner l’arrivée des fournitures, de ranger sa classe, de faire des photocopies… « Le but est d’être en avance. Ça me permettrait de ne pas reprendre une semaine avant la rentrée en août… », précise le professeur. Il en profite aussi pour dresser le bilan de ses pratiques. « Je n’en suis qu’à ma 4e année, je peux encore améliorer bien des choses ! C’est un métier où l’on se remet souvent en question », reconnaît-il. Louis doit encore participer à un conseil des maîtres, un conseil d’école et une réunion d’ESS (Équipe de Suivi de Scolarisation, Ndlr). « La psychologue scolaire est présente pendant ces réunions, elle peut donc nous donner des pistes de travail que nous n’avions pas envisagées », ajoute Louis qui sera vraiment en vacances le 5 juillet.

Au collège, on prépare les futurs groupes de niveaux

En cette fin d’année, difficile de faire travailler les collégiens. Les conseils de classe sont passés et les changements de température fatiguent élèves et enseignants. Aurélie, professeur de français dans un collège de l’Essonne est en charge de classes de 6e et 5e . Elle a réussi à finir ses séquences et à faire travailler ses élèves jusqu’au vendredi 21 juin. Les cours s’arrêtent jeudi 27 à midi. L’après-midi a lieu la « Fête des réussites » qui met en valeur les activités des élèves pendant l’année et qui récompense ceux qui ont eu des mentions aux trois trimestres, voire pendant toute leur scolarité au collège. Vendredi, les salles seront préparées en vue du brevet qui aura lieu lundi 1er et mardi 2 juillet. En attendant, cette semaine, Aurélie a allégé le programme. « En 6e, les élèves sont encore assez volontaires, ils sont presque tous présents. En 5e, ils sont plus difficiles à motiver », remarque-t-elle. Elle a donc opté pour des jeux de type « escape game » ou « Taboo » pour continuer à travailler sans en avoir l’air et un film en rapport avec l’un des thèmes vus cette année. Une fois les cours terminés, Aurélie surveillera le brevet lundi et mardi et le corrigera jeudi.
Ici aussi les derniers jours sont propices aux réunions. « Les profs de Lettres ont une réunion avec l’inspectrice pour préparer les cours de 6e et 5e qui seront en groupes de niveaux en français et en maths l’année prochaine. Le lendemain, nous avons un webinaire sur le même sujet », explique-t-elle. En parallèle, les profs principaux sont invités à participer à la constitution des classes. « C’est une pratique habituelle chez nous chaque année. Cela nous permet d’éviter certaines mauvaises « associations » d’élèves. Cela fonctionne plus ou moins mais il y a des élèves qu’on ne peut pas changer de place à cause des options », ajoute-t-elle. Vendredi 5 juillet a lieu le traditionnel repas partagé de fin d’année et « nous pourrons enfin nous sentir en vacances », glisse la professeure de français.

Prendre de l’avance pendant l’accalmie

Gweltaz, lui, est professeur d’histoire-géo depuis 11 ans dans un lycée des Hauts-de-Seine. Cette année, il n’est pas sollicité pour corriger les copies du bac ni pour être examinateur au grand oral. Il devra seulement corriger les épreuves de brevet le 4 juillet. Mais si certains Terminales vont aux rattrapages et ont besoin d’aide, il se rendra disponible au lycée pour les recevoir. Bien que les cours soient terminés, tout n’est pas fini pour autant. « Je dois assister à des réunions pour faire part de mes souhaits et contraintes pour l’an prochain afin de définir nos futurs emplois du temps. Je sais déjà les classes que j’aurai car le service a été établi il y a quelques jours », informe-t-il. Il prépare aussi la rentrée en réalisant un travail de fond qu’il n’a pas le temps d’effectuer pendant l’année. « Je prépare généralement mes cours en flux tendu, une semaine à l’avance, mais là j’en profite pour faire des lectures, des découpages de séquences, du rangement dans la bibliothèque, pour retrouver des références… Tout ça est assez fastidieux et il vaut mieux le faire pendant cette période plus calme », confie-t-il. Gweltaz peut réaliser ce travail depuis chez lui ce qui lui permet d’être plus libre.

Dans le Supérieur, l’activité de recherche perdure

Dans le Supérieur, les cours sont terminés depuis plus d’un mois et demi. Les semaines qui suivent sont consacrées à la correction des copies d’examen, aux éventuelles sessions de rattrapages. En parallèle, il y a aussi le suivi des travaux de recherche des étudiants de Master ou de doctorat, les tâches administratives, les activités de recherche (documentation, écriture, colloques…), les réunions diverses. « On a fini les sélections pour les accès Parcoursup, Prépa et Master. On est en train de définir qui assurera les cours l’année prochaine. On prépare aussi les contenus de cours, les éventuelles évolutions de maquette pour la rentrée », déclare Yann, maître de conférences en droit privé et sciences criminelles, spécialiste du droit de la drogue à l’université Paul Valéry à Montpellier. « Pour certains, il y aussi la participation à divers jurys, comme ceux des concours de recrutement de l’Éducation Nationale (CAPES, agrégation), des Écoles Normales Supérieures, etc., dont les épreuves orales peuvent prendre plusieurs semaines », rappelle Florent, maître de conférences en linguistique anglaise à l’Université d’Artois. Yann, lui, est membre des jurys pour déterminer qui a réussi l’année universitaire ou pas, et aussi pour les diplômes.
Pour les maîtres de conférences, l’été n’est pas synonyme de vraies vacances. La moitié de leur temps est consacrée à la recherche, une activité au long cours. « Cet été, je vais suivre les sessions à l’Assemblée nationale et le vote de lois concernant mon domaine. Cela me permettra de mettre mes cours à jour, d’expliquer les dernières tendances aux étudiants grâce à mes recherches et d’écrire. Je suis parti pour ne pas avoir de vraies vacances mais mon emploi du temps sera allégé malgré tout parce qu’il faut faire un break, on en a besoin », explique Yann. D’autant plus que la rentrée commence très tôt en université, la dernière semaine d’août contre octobre autrefois. « En ce qui me concerne je ne me considérerai en vacances que vers la mi-juillet, où je ferai une vraie coupure, car c’est l’un des métiers dans lesquels la frontière entre temps de travail et temps personnel peut être très poreuse », souligne pour sa part Florent. Une pause estivale plus ou moins longue pour chacun mais qui est fortement attendue.