Invitée sur France info vendredi 12 juillet, la ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet a assuré que la crise du recrutement d’enseignants, qui semble se pérenniser, n’était en réalité pas propre à la France. « Tous les pays européens la rencontrent » a tenu à préciser la ministre. Pour rappel, le nombre de postes non pourvus aux différents concours de l’enseignement cette année s’élève à 3 185. Dans le détail, les pertes sont de 1 350 postes vacants dans le premier degré public et 1 575 dans le second.
Et selon le dernier rapport comparatif de la Commission européenne (2023), qui a réalisé un état des lieux de la pénurie d’enseignants dans tous les pays de l’Union européenne, il y a en effet un problème généralisé relatif au recrutement de nouveaux enseignants par rapport aux besoins de chaque pays. La Commission européenne prévoit même, pour certains pays, une augmentation spectaculaire des pénuries d’enseignants dans les années à venir.
Le rapport précise aussi qu’il n’existe aucun indicateur comparatif et qu’il est aujourd’hui difficile de surveiller de manière significative et fiable les pénuries d’enseignants au niveau de l’UE. La plupart des pays ont mis en place des indicateurs pour mesurer ou même prévoir les pénuries, mais les méthodologies varient, de sorte que la couverture et la comparabilité restent un problème.
6 % des enseignants français estiment que leur profession est valorisée dans la société
Il est cependant possible de comparer certains signes qui expliqueraient un manque d’attractivité pour la profession. Ainsi, le rapport de la Commission Européenne a comparé l’appréciation sociétale perçue des enseignants. En Europe, seuls 17,7 % des enseignants estiment que leur profession est valorisée. En France, ce chiffre tombe à 6%, ce qui en fait le pire pays juste devant la Slovénie (5,6 %) et la Slovaquie (4,5 %). Les raisons de la baisse du statut social peuvent inclure l’évolution des conditions de travail ainsi que la couverture médiatique négative des enseignants et de l’éducation dans son ensemble, précise le rapport. Il explique également que cela se reflète dans le fait que, par rapport à la moyenne des travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur, les salaires des enseignants sont en moyenne 10,5 % inférieurs dans l’ensemble de l’UE (17 % pour la France).
En ce qui concerne les conditions de travail des enseignants en France par rapport à leurs voisins européens, la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) révélait en décembre 2022, que les enseignants français étaient parmi les plus gros travailleurs d’Europe avec un volume horaire pour le niveau élémentaire de près de 900 heures par an (temps effectif devant les élèves), tandis que la moyenne européenne se situe autour de 740 heures annuelles.
La France est également le pays où les classes sont les plus chargées d’Europe avec une moyenne de 22 élèves par classe pour le niveau élémentaire, et de 26 élèves pour le secondaire. La moyenne dans l’Union Européenne se situant plutôt autour de 19 élèves par classe en élémentaire, et 21 au collège.
Les salaires des enseignants débutants ont augmenté dans la plupart des pays d’Europe mais très peu en France
En ce qui concerne le salaire, dernier point abordé par le rapport de la Commission Européenne pour expliquer les raisons du manque d’attractivité pour la profession, la France se situerait dans la moyenne européenne. Mais selon le rapport de la DEPP de Décembre 2022, depuis 2014, les salaires des enseignants débutants ont augmenté dans la plupart des pays d’Europe mais très peu en France. Tandis que l’Allemagne, l’Autriche ou encore la Pologne ont enregistré une hausse comprise entre 15 et 30%, les enseignants français ont connu une augmentation des salaires de 1 à 3% (ces chiffres ne prennent pas en compte la revalorisation salariale récente qui a vu le salaire des enseignants débutants passer de 1 800 euros à 2 100 euros par mois).
Dans d’autres pays, les augmentations de salaires ont même atteint des taux impressionnants. C’est le cas, par exemple, de la Lituanie (130 %), de la Tchéquie (130 %), de la Bulgarie (125 %) et de l’Estonie (120 %). Le rapport de la Commission européenne cite même la Bulgarie en exemple. Les mesures globales mises en œuvre depuis 2016 pour améliorer l’attractivité du métier ont déjà produit des résultats tangibles. Entre 2018 et 2022, le nombre d’étudiants a augmenté de 25,2 % en licence de l’éducation, et de 40 % en master.
Certes, le salaire est un critère crucial qui fait défaut au métier d’enseignant. Mais le pire c’est que ce n’est pas tout !!
D’abord les conditions de travail qui sont devenues difficiles à minima et même épouvantables dans un bon nombre d’établissements scolaires. Le comportement d’une proportion variable et conséquente d’élèves est difficile à s’imaginer tant qu’on y a pas assisté ! C’est dingue !! Et je passe sur l’absence de soutien (euphémisme !) hiérarchique des enseignants.
Enfin des perspectives de carrière tout simplement inexistantes, vous faites exactement le même boulot de la première rentrée à la quarante troisième… C’est long hein ?!?
Alors ouais, vous avez un peu plus de vacances que les autres salariés, c’est vrai. Mais vous les passerez chez vous parce que vous n’aurez pas les moyens de faire autre chose.
Au final la jeunesse se détourne de cette profession malgré une FAC qui ne prépare pratiquement qu’à ça. Mais comme disais ma grand-mère: « On n’attrape les mouches avec du vinaigre ! »