Dans un « contexte sociétal […] tendu », les personnels et les usagers ont besoin d’être davantage écoutés, protégés, et rassurés, explique le rapport. Image : Getty

En 2023, 20 400 saisines ont été traitées par les médiateurs de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur. C’est ce que révèle un rapport dévoilé le 17 juillet 2024 par les deux ministères, qui s’intitule « Faire alliance, redonner confiance ». Ces résultats, qui constituent une hausse de 12 % en un an, et de 42 % depuis 2017, traduisent pour Catherine Becchetti-Bizot, inspectrice de l’Éducation nationale et médiatrice pour les deux ministères, un « contexte sociétal qui s’est considérablement tendu ces dernières années ». Mais également, du besoin des personnels et des usagers d’être davantage écoutés, protégés et rassurés face aux « difficultés liées à la dégradation du climat scolaire, et à l’augmentation des incivilités et des violences ».

Pour rappel, le médiateur est un « tiers » extérieur à l’administration, et non un service interne. Il présente chaque année aux ministres un rapport de son activité dans lequel il formule des recommandations visant à améliorer le service public de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur. Ce rapport s’appuie sur un travail conjoint avec les médiateurs académiques qui peuvent être sollicités en cas de désaccord ou de conflit avec un membre de l’administration ou entre membres de la communauté éducative.

Une relation école-famille qui se dégrade

Parmi ces saisines, les trois quarts environ proviennent des usagers, c’est-à-dire des élèves et des familles. Les principales réclamations portent sur la vie quotidienne et les conflits en établissements. Un domaine qui est passé en première position depuis deux ans, et qui continue de connaître une très forte progression. Le rapport explique que la relation école-familles semble se dégrader, avec une culture du rapport de force. Cette évolution peut être constatée dès l’école primaire (30 % des réclamations) et a un impact sensible sur le bien-être des personnels explique le rapport.

Un autre domaine où les contestations sont en forte hausse concerne les notes ou les résultats d’examens+ 150 % sur ces cinq dernières années. Le rapport précise que « les changements de modes d’évaluation (contrôle continu), la possibilité de consulter ses copies et ses notes avant les résultats finaux et l’importance accrue que ces notes revêtent dans le parcours des candidats (notamment s’agissant du baccalauréat pour le dossier Parcoursup) contribuent à cette surenchère des réclamations ». Parmi les autres motifs, 14 % des réclamations concernent l’inscription à l’examen et 8 % les aménagements d’épreuves.

Les personnels rapportent « une forme d’épuisement »

Le quart restant, provient lui des personnels de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur. La majorité des saisines portent sur des questions financières (rémunérations, indemnités, retards de paiement, remboursements de frais, trop perçus). Un domaine qui est, depuis plusieurs années, le premier sujet de sollicitation de la médiation par les personnels, avant les questions de carrière et de mobilité. Le rapport précise qu’il a connu une augmentation de 91 % en cinq ans, et a franchi le seuil de 1 200 saisines en 2023. Pour ce qui est des autres domaines de saisine des personnels, les principales catégories sont le déroulement de carrière et les questions statutaires, les affectations et les mutations, ou encore les relations professionnelles.

Les personnels de l’Éducation nationale rapportent par ailleurs « une forme d’épuisement, liée à l’effort constant qu’[ils] ont dû fournir depuis plusieurs années pour s’adapter aux crises diverses, aux réformes et aux transformations de leur environnement de travail », explique le rapport. Il est également écrit que si « la période de crise sanitaire avait mis en évidence la capacité exceptionnelle de mobilisation, d’adaptation et de solidarité des agents de nos deux ministères pour assurer la continuité et la réussite du service public d’éducation. Quatre ans plus tard, on a le sentiment d’un essoufflement, qui se traduit parfois par du désenchantement ou de l’amertume. »